Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Me Jean Samandari.
Votre qualité principale ?
La sincérité, la responsabilité, la serviabilité, la modestie. Je suis prêt à écouter les autres.
Votre défaut principal ?
Je suis jaloux et trop ambitieux.
La qualité que vous préférez chez les autres ?
Le fait de ne pas dépendre des autres. J’aime chez les autres l’honnêteté, la franchise et la confiance.
Le défaut que vous ne tolérez pas chez les autres ?
Je ne tolère pas l’égoïsme et le mensonge.
La femme que vous admirez le plus ?
Une femme honnête, sociable, intelligente, sympathique, généreuse, fidèle, avec du charme et romantique. Celle-là c’est mon épouse.
L’Homme que vous admirez le plus ?
J’aime un homme intelligent, sociable, responsable et sincère.
Votre plus beau souvenir ?
C’est le premier jour quand je suis allé à l’école. J’ai rencontré un enseignant qui m’a beaucoup aimé. Il a été attiré par mon nom « Samandari » me disant que c’est un nom très sympathique. Il m’a même autorisé à porter un pantalon au moment où les autres portaient des culottes.
Votre triste souvenir ?
C’est la crise de 1993. J’étais à l’Université du Burundi et j’ai beaucoup souffert. Au moment où le pays venait de retrouver la chance d’être dirigé par un président démocratiquement élu, avec son assassinat, tout a basculé vers le pire.
Votre plus grand malheur ?
C’est de manquer de quoi mettre sous la dent. Heureusement que je me bats encore.
La plus belle date de l’histoire burundaise ?
C’est le 1er juillet 1962, le jour de l’indépendance du Burundi. Le jour où le Burundi s’est délié de la colonisation.
La plus terrible ?
C’est le 21 octobre 1993 avec l’assassinat du président Melchior Ndadaye. Le pays a sombré dans les ténèbres.
Le métier que vous auriez aimé faire ? Et pourquoi ?
Je l’ai déjà été. C’est le métier d’enseignant. Je l’ai aimé dès mon enfance. Pendant les vacances, j’enseignais les autres. A un moment donné, j’ai embrassé la politique. Après, j’aurais aimé continuer mon métier mais quand j’ai voulu le réintégrer, le ministère de l’Education m’a bloqué.
Votre passe-temps préféré ?
J’aime rendre visite aux amis.
Votre lieu préféré au Burundi ?
C’est la région de l’Imbo. Je n’ai quitté la ville de Bujumbura que quand j’étais étudiant. Avant, je n’avais jamais foulé le sol de l’intérieur du pays.
Le pays où vous aimeriez vivre ?
J’ai déjà visité beaucoup de pays africains et asiatiques. Mais je n’ai pas encore visité l’Europe. Mais le meilleur pays, c’est le Burundi.
Le voyage que vous aimeriez faire ?
J’aimerais visiter l’Europe.
Votre lieu de naissance est sous menace des changements climatiques. Les inondations ont poussé quelques habitants à vider le lieu. Votre commentaire?
En partie, la menace est venue de la population. Une certaine indiscipline de la part de cette dernière. D’abord, on a démoli la digue qui barrait la Rusizi. Les habitants ne peuvent qu’en subir les conséquences.
Ensuite, en construisant le pont sur la Rusizi, on avait installé des rochers sur les berges pour que lorsque l’eau frapperait ces rochers elle reflue vers la rivière. Mais la population a volé ces rochers. Plus de protection, quand l’eau monte, elle envahit directement les habitations.
Enfin, la population a construit jusque dans des endroits marécageux. L’administration à la base en est responsable pour avoir attribué ces parcelles.
Que faire ?
Nous demandons au gouvernement de délocaliser les habitants menacés. Il faut restaurer la digue et faire le curage de la rivière.
Votre rêve de bonheur ?
C’est la confiance en soi.
Votre plat préféré ?
Du foufou accompagné de poisson.
Votre chanson préférée ?
Je suis pentecôtiste. Je préfère les chansons religieuses, surtout les cantiques.
Quelle radio écoutez-vous ?
A l’échelle nationale, j’écoute souvent la radiotélévision Isanganiro. Et à l’échelle internationale, j’écoute RFI, BBC et VOA.
Avez-vous une devise ?
Vouloir, c’est pouvoir.
Votre souvenir du 1er juin 1993 ?
C’est la victoire de la démocratie. Une grande joie des militants du parti Sahwanya-Frodebu car ce dernier venait de remporter haut la main les élections.
Vous avez siégé à l’hémicycle de Kigobe en tant que député. Quel souvenir ?
J’ai fait 7 ans à l’Assemblée nationale sous les couleurs du parti Sahwanya- Frodebu. Ce que j’ai gardé, c’est que nous avons œuvré pour restaurer la paix. C’était une période difficile, mais nous avons tout fait pour ramener la paix. L’Accord d’Arusha a été signé. Les accords de cessez-le feu ont été signés. Grâce aux efforts des parlementaires, les mouvements armés ont regagné le bercail. Nous en sommes fiers car notre contribution a produit des effets positifs.
Votre définition de la démocratie ?
D’abord, elle se démarque de la monarchie, de l’aristocratie et de la dictature. Comme le disait Abraham Lincoln, la démocratie est un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Cela veut dire que le pouvoir vient du peuple, exercé par le même peuple pour ses propres intérêts.
Il y a des principes démocratiques qui doivent être observés liés à la liberté fondamentale, les droits fondamentaux, les élections libres et transparentes, l’Etat de droit et la séparation des pouvoirs, la liberté d’opinion et d’expression, notamment le pluralisme des médias.
Votre définition de la justice ?
C’est le fait de corriger l’inégalité, de punir les fautifs en appliquant la loi.
Vous avez exercé dans le domaine de l’éducation. Actuellement, quelle évaluation faites-vous du système éducatif burundais ?
En tant que représentant légal de la Coalition-éducation pour tous « Bafashebige » (aide-les à étudier) qui intervient dans le domaine de l’éducation, nous notons quelques points positifs. Il s’agit d’abord de la gratuité de la scolarité à l’école primaire. Ensuite, le Burundi alloue au ministère de l’Education plus de 20% du budget national, un montant allant dans le souhait de l’Unesco et d’autres organisations internationales œuvrant dans ce secteur.
Quid des défis ?
Ils sont nombreux, notamment l’insuffisance du matériel didactique, des classes pléthoriques, le manque d’enseignants qualifiés, un encadrement scolaire qui laisse à désirer, un taux élevé d’abandons scolaires, suite aux conditions de vie précaires dans les familles et les difficultés dans l’école fondamentale et post-fondamentale.
Avez-vous des regrets par rapport à ce secteur ?
C’est la régression du niveau des apprenants. Et c’est terrible pour l’avenir de nos enfants et du pays étant donné que l’éducation est le pilier du développement.
Qu’est-ce qui vous a poussé à embrasser la profession d’avocat ?
Ne pouvant pas réintégrer le ministère de l’Education, j’ai jugé utile de m’orienter dans d’autres professions qui sont libérales, notamment celle d’avocat. J’ai alors étudié le droit.
En tant qu’avocat, quel dossier vous a le plus marqué ?
J’ai prêté serment le 15 juillet 2016 et dès lors j’exerce en tant qu’avocat auprès du barreau de Gitega. Le dossier qui m’a le plus marqué est celui que j’avais dans un tribunal en rapport avec le divorce. J’ai été contraint de l’abandonner, suite à une pression extérieure.
Ma cliente était une femme qu’on venait de maltraiter. Dans le dossier, il y avait de l’injustice. A un moment donné j’ai eu des appels, des émissaires qui me demandaient d’abandonner le dossier, de choisir entre la vie et la mort.
Finalement, j’ai choisi la vie et j’ai cessé de plaider dans ce dossier. J’ai été tellement touché d’autant plus que j’avais vraiment de la matière pour plaider, mais j’ai été contraint d’abandonner ce dossier.
Des conseils aux magistrats ?
Ce sont des partenaires. Je leur dis de juger en âme et conscience conformément à la loi.
Vous appartenez à plusieurs organisations tant nationales qu’internationales, quid du management de votre temps ?
Ce n’est pas facile. Mais on aménage le temps pour éviter qu’il y ait des conflits d’agenda. J’essaie de m’organiser et d’être créatif.
Croyez-vous à la bonté humaine ?
Oui, j’y crois. Tout chrétien est appelé à être honnête, sincère et à demander et accorder le pardon. Nous sommes des pécheurs et nous devons nous incliner pour demander pardon.
Pensez-vous à la mort ?
Absolument. Personne n’y échappera.
Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ?
Je vais demander pardon. Après le pardon, je vais regagner la place qu’il m’aura réservée.
Propos recueillis par Félix Haburiyakira
En tant qu’ex-administrateur de Mutimbuzi, J’aurais aimé lui poser une petite question sur ibiturire. Les administrateurs sont en général quotidiennement confrontés à la corruption et beaucoup succombent à ce fléau pour notamment arrondir les fins de mois ou simplement se construire une maison ou acheter une voiture. Les gens pensent qu’il est tout à fait normal qu’un administrateur s’enrichisse par tous les moyens. La commune Mutimbuzi, tout comme quelques autres d’ailleurs, me semble assez riche pour servir de terrain fertile aux jeux de corruption. J’aurais juste aimé savoir quel souvenir il garde de cette tentation malsaine et quasi permanente des hautes autorités communales.
2ême Licence en Langue et littératures françaises none yabaye avocat gute les études de Droit yazigiye hehe ivyo mu Burundi ni urudubi
Hope university, université de MWARO, Dans les enceintes de St-Michel, Dans KIGOBO, à Mutanga Nord, Bwiza aussi je crois avec l’université de feu RUKARA, etc…
Le futur ex-ombusman projette d’en construire une. A Ngozi,
Cher ami, ce ne sont les universités qui manquent..
Lui là c’est mon père et je suis fier d’être son fils aîné.
Impfizi itendera nka se! Tel père, tel fils!
@ Ir SAMANDARI Chris Bertrand
« Lui là c’est mon père et je suis fier d’être son fils aîné. »
Par contre ton papa avoue d’avoir laissé tomber une pauvre femme en détresse. Ce n’est pas très courageux!
Cher Samandari!
Ndababaye!!!
« Finalement, j’ai choisi la vie et j’ai cessé de plaider dans ce dossier »
Est-ce que vous penses encore à la pauvre femme que vous aviez abandonné en plein combat juridique? Iyo ngendo irafise uko bayita, mugabo ijambo rigukunze riguma munda!
Biragoye kwizera « ABARUNDI » finalement na cane cane abantu nkamwe. Iconkunze nuko gusa muri franc!