Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Léonce Ngendakumana.
Votre beau souvenir?
C’est mon retour d’exil. J’ai eu la joie de retrouver mon pays, mes parents, mes frères et sœurs, mes amis et mes connaissances.
Votre plus triste souvenir?
La comparution illégale devant le procureur général de la République avec comme chef d’accusation « génocide des Tutsi en 1993 ».
Quel serait votre plus grand malheur?
Revivre les tragédies comme celles des années 1972, 1988, 1993, 2015.
Le plus haut fait de l’histoire burundaise?
L’indépendance du Burundi, le 1er juillet 1962.
La plus belle date de l’histoire du Burundi?
C’est celle de la signature de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi, le 28 août 2000.
La plus terrible?
Le 21 octobre1993, date à laquelle le premier président de la République du Burundi démocratiquement élu a été sauvagement assassiné ainsi que ses proches collaborateurs.
Le métier que vous auriez aimé faire
Le métier d’enseignant. Pour partager mes connaissances avec le maximum de citoyens burundais et contribuer à la valorisation de ce secteur.
Votre passe-temps préféré?
J’aime échanger et débattre avec les amis et connaissances.
Votre lieu préféré au Burundi?
J’aime Bujumbura. C’est un lieu où il fait beau vivre.
Le pays où vous aimeriez vivre?
Le Burundi. Je ne sais pas pourquoi. Seulement, chaque fois que je suis à l’extérieur du pays, je sens la nostalgie de ma patrie.
Le voyage que vous aimeriez faire?
Un voyage touristique, un voyage relax comme la visite des amis et des connaissances.
Votre rêve de bonheur?
Revoir les Hutu, les Tutsi et les Twa, main dans la main, en train de partager ensemble des heures et des moments agréables.
Votre plat préféré?
Mélange des haricots frais et du manioc cuits à l’huile de palme.
Votre chanson préférée?
« Amosozi y’urukundo », chantée par David Nikiza, alias NIKIDEV
Quelle radio écoutez-vous?
J’aime écouter la Radio France Internationale, RFI.
Votre souvenir du 1er juin 1993?
C’est la réapparition d’un Hutu sur la scène politique et institutionnelle.
Votre définition de l’indépendance?
La dignité, la liberté et le droit à la parole du peuple burundais.
Votre définition de la démocratie?
Un système politique où les institutions et leurs dirigeants respectent le peuple, seul détenteur du pouvoir.
Votre définition de la justice?
Un ensemble des lois, des règles et des conventions qui assurent la protection de tous les citoyens, indépendamment de leurs diversités.
Si vous étiez président de la République, quelles seraient vos deux premières mesures?
La chose la plus urgente à faire serait la suppression de l’actuelle Constitution de la République du Burundi et la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi. Ensuite, je m’adonnerais à la réhabilitation du système éducatif burundais.
Si vous redeveniez président de l’Assemblée nationale, quelles seraient vos deux premières mesures ?
Je ferais de l’Assemblée nationale un véritable centre de débats contradictoires par la suppression de toutes les lois qui bloquent son action. Particulièrement la loi qui contraint un député à un mandat impératif. Je ferais aussi du député un véritable représentant et défenseur des intérêts du peuple burundais qui l’a mandaté.
Que pensez-vous avoir réussi durant votre présence à la tête de l’Assemblée nationale?
J’ai beaucoup contribué à sauvegarder l’unité et la cohésion des diverses composantes de cette auguste institution dans leur diversité, c’est-à-dire les députés et les fonctionnaires.
Ce que vous regrettez d’avoir échoué?
J’avoue que je n’ai pas pu faire voter les lois qui protègent réellement la population. Je n’ai pas été en mesure de faire contrôler réellement l’action du gouvernement.
Croyez-vous à la bonté naturelle de l’homme?
Oui, l’homme est naturellement bon, c’est l’environnement dans lequel il vit qui le rend ce qu’il est.
Pensez-vous à la mort?
Oui. Sinon, je ne penserai pas à la vie non plus!
Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous?
Je lui dirai tout simplement de me pardonner pour les nombreuses erreurs et fautes que j’ai commises sur cette terre.
Propos recueillis par Léandre Sikuyavuga