Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Jean de Dieu Mutabazi.
Votre qualité principale ?
L’amour du prochain
Votre défaut principal ?
Le franc-parler
La qualité que vous préférez chez les autres ?
L’honnêteté
Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ?
La trahison
La femme que vous admirez le plus ?
J’en admire quatre. Mon épouse Dr Linda Donavine Uwimana, feu ma mère Constance Kobwa, Mère Theresa de Calcutta connue pour son action personnelle caritative, et l’afro-américaine Rosa Parks, figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis.
L’homme que vous admirez le plus ?
Nelson Mandela. Sa principale qualité est de n’avoir pas brigué un deuxième mandat auquel il avait droit.
Votre plus beau souvenir
La première rencontre avec celle qui deviendra la mère de mes enfants, Dr Uwimana.
Votre plus triste souvenir ?
L’assassinat en 1972 de mon père, Jean Nyarwaga et ses deux frères, Stanley Rwasa et François Kagi.
Quel serait votre plus grand malheur ?
J’ai cinq enfants. Mon plus grand malheur serait d’être veuf ou de perdre l’un de mes enfants.
Le plus haut fait de l’histoire burundaise ?
La victoire des Forces de changement démocratique, FCD, autour du héros de la démocratie Melchior Ndadaye.
La plus belle date de l’histoire burundaise ?
Le 1er Juin 1993. Cette victoire a ouvert les yeux des démocrates du Burundi.
Et la plus terrible ?
L’assassinat du Prince Louis Rwagasore, père de l’indépendance, le 13 octobre 1961.
Le métier que vous auriez aimé faire ?
Etre propriétaire et manager d’une entreprise privée agro-alimentaire.
Votre passe-temps préféré ?
Partager un verre avec les amis ou les jeunes de mon parti politique, le RADEBU.
Votre lieu préféré au Burundi ?
La plage du Lac Tanganyika.
Le pays où vous aimeriez vivre ?
Le Burundi totalement paisible, sans aucun réfugié déclaré.
Le voyage que vous aimeriez faire ?
Passer des vacances en famille au Brésil.
Votre rêve de bonheur ?
Fêter avec mon épouse le jubilé de diamant.
Votre plat préféré ?
Du poisson fumé cuit ensemble avec des bananes et des légumes vertes sans huile.
Votre chanson préférée ?
La chanson de K-Ci and Jojo: «All my life », celle du Sud-Africain Lucky Dube, le «It’s not easy », «Muntahirize abo iwacu» du Burundais Evode Ntahonankwa et «Safari ya wateule» de David Nikiza ainsi que «Nkoni yera» de Nyabuhinja Anasthasie et l’Inanga «Ubwoko bw’abagore» de Nkeshimana.
Quelle radio écoutez-vous ?
Isanganiro, la RTNB, La RT Rema, La BBC et la RFI.
Avez-vous une devise ?
Oui. L’amour des siens- L’amour du prochain-La persévérance.
Votre souvenir du 1er juin 1993
Une victoire dans l’euphorie, libératrice de tout un peuple hutu et tutsi qui avait été opprimé pendant une trentaine d’années, qui, hélas, sera suivie trois mois après par le déclenchement d’une guerre civile de 10 ans.
Votre définition de l’indépendance ?
L’autonomie politique et économique accompagnée d’une coopération internationale efficiente.
Votre définition de la démocratie ?
Un mode de gouvernance politique selon la volonté de la majorité, où le pluralisme, l’Etat de droit et l’alternance au sommet de l’Etat sont effectifs.
Votre définition de la justice ?
Pour moi, c’est un principe qui doit être basé sur le droit et la morale, pour que grands et petits, puissants ou moins puissants, puissent être protégés équitablement dans leur intégrité. Une société humaine et pas une jungle où le plus fort « mange » le plus faible.
Si vous redeveniez ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, quelles seraient vos deux premières mesures ?
En premier lieu, je mettrais tout en œuvre pour assurer la sécurité alimentaire à tous les Burundais et je ferais la promotion de l’agro-business. En second lieu, je m’investirais dans la protection de toutes les terres arables.
Si vous deveniez ministre des Finances, quelle serait votre première mesure ?
Si je devenais ministre des Finances, je rendrais équitable l’accès aux devises pour les importateurs et instaurerais l’impôt sur la fortune pour la redistribuer aux plus démunis.
Et si vous deveniez président de la République ?
Tout mettre en œuvre pour changer le régime de Kigali. Doter de tous les moyens la CVR pour réaliser et conclure toutes ses missions.
Croyez-vous à la bonté humaine ?
Oui, pendant l’enfance.
Pensez-vous à la mort ?
Oui, naturellement. C’est une étape de la vie qui ne doit pas traumatiser les gens qui ont eu la chance d’être chrétiens parce qu’ils la vaincront comme Jésus l’a fait. Mais également pour ceux qui ont eu la chance de se reproduire (Kwiyubura). Ils ne meurent jamais, ils continuent de vivre à travers leur descendance.
Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ?
Je lui dirai de me réserver le traitement que je mérite, tout en étant miséricordieux.