Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. Une occasion pour les anciens d’enseigner, avec l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais, au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient et contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Jean Claude Barutwanayo, gouverneur de Muyinga.
Votre qualité principale ?
Difficile de la définir parce que la qualité d’une personne est définie par les autres. Je suis quelqu’un qui aime la paix et je la crée là où je travaille.
Votre principal défaut ?
Je ne cache pas ce qui ne va pas bien. Il m’est très difficile de digérer ce qui ne va pas bien.
Qu’elles sont vos préférences dans ce que vous faites ?
Comme toute autre personne qui a des responsabilités, j’ai cette envie de quitter la Terre après avoir participé à la rendre meilleure. Laisser des traces positives.
La qualité que vous préférez chez les autres ?
La vérité.
Exemple ?
Je préfère les gens qui disent la vérité, qui sont clairs et directs dans tous ce qu’ils font.
Les défauts que vous ne supportez pas ?
L’hypocrisie.
Très motivé et appliqué dans ce que vous faites, où trouvez-vous l’émulation ?
C’est la bonne collaboration.
Pouvez-vous expliquer ?
D’abord, je n’aime pas qu’on me dérange quand je travaille. Alors, quand je travaille en équipe, je n’aime pas les gens qui ne font que critiquer au lieu de travailler. Mais, par contre, j’aime les gens qui encouragent les autres.
Quel est votre point de vue par rapport aux autres gouverneurs ?
Je n’ai pas le droit de les juger. Mais, ce qui est positif, c’est que la communication est très bonne. Nous nous complétons parce qu’il y a des qualités que je trouve chez les autres. Et d’ailleurs, chacun a besoin de l’autre.
Votre plus beau souvenir ?
J’ai perdu mon père quand j’étais encore très jeune. Et le beau souvenir que j’ai c’est comment ma mère s’y est prise pour nous élever. Elle a été brave, elle nous a bien éduqués malgré les conditions difficiles que nous avons traversées.
Quelle est la femme que vous admirez ?
C’est celle que j’ai. Nous faisons le même parcours, les mêmes projets.
Le métier que vous auriez aimé exercer ?
Être prêtre.
Pourquoi ?
Dieu oriente comme il veut. J’ai fait le Grand séminaire pour devenir prêtre mais j’ai changé. Comme j’ai toujours ce souci d’aider les gens à se sentir heureux, j’ai fait la psychologie pour y parvenir.
Votre passe-temps préféré ?
Le sport.
Votre lieu préféré
Au bord du lac ou dans les parcs en faisant du tourisme.
Le voyage que vous aimeriez faire ?
Il y a des pays que je n’ai pas encore visités. J’aimerais les visiter, pas pour y rester, mais pour y puiser ce que je pourrais appliquer ici chez nous. La Scandinavie par exemple ou encore les pays arabes. Il y a aussi les Etats-Unis. J’ai souvent entendu dire que c’est un pays développé et j’aimerais le visiter pour apprendre de son économie.
Votre rêve de bonheur ?
Vivre en harmonie avec les autres.
Votre plat préféré ?
Quand on était jeune, je me souviens qu’on aimait beaucoup plus le riz. Mais, maintenant que j’ai commencé à grandir, j’aime manger la salade, les légumes et les fruits. J’ai aussi un penchant pour l’avocat.
Votre chanson préférée ?
La chanson burundaise.
Pourquoi ?
Les anciennes chansons burundaises ressuscitent en moi les souvenirs du passé. J’ai jusqu’à maintenant une cassette pleine de musiques anciennes. J’aime aussi les chansons douces, les slows.
Et votre chanteur ?
Canjo Amissi.
Votre devise ?
La paix et la dignité. La dignité nous rend libres.
Croyez-vous à la bonté humaine ?
C’est philosophique. Aujourd’hui les gens changent. Mais, s’il n’y avait pas la bonté humaine, l’Humanité n’existerait plus. Cette bonté est surtout visible parmi ceux qui recueillent des enfants jetés après leur naissance. Le village d’enfant SOS est un exemple éloquent qui illustre la bonté humaine. Un autre signe de bonté, ce sont ces gens qui paient les factures des soins médicaux des démunis.
Pensez-vous à la mort ?
Bien évidemment. Si on n’y pense pas, on ne saura pas comment préparer la vie. Je n’ai pas peur de mourir Mais, par contre, j’ai la crainte et c’est pour cette raison que je me prépare. C’est comme quand on a un match à livrer. On doit s’entrainer. Comme je suis croyant, j’espère quitter cette vie en homme digne pour pouvoir bénéficier de ce que le Seigneur nous a préparé.
Si vous comparaissiez devant Dieu, que lui demanderiez-vous ?
Je lui demanderais de tout faire pour qu’il y ait de l’amour entre les hommes. Qu’il y ait de la fraternité.
Propos recueillis par Stanislas Kaburungu