Lundi 23 décembre 2024

Culture

Au coin du feu avec Irvine Floréale Murame

20/06/2020 Commentaires fermés sur Au coin du feu avec Irvine Floréale Murame
Au coin du feu avec Irvine Floréale Murame

Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Irvine Floréale Murame.

Votre qualité principale?

Je suis dévouée dans ce que je fais.

Votre défaut principal?

Je suis dispendieuse.

La qualité que vous préférez chez les autres?

J’adore les personnes ambitieuses.

Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres?

Je ne supporte pas les plaintifs.

La femme que vous admirez le plus ?

Ma mère, Godelieve Kankindi. Je serais chanceuse si j’héritais de son courage, de sa bravoure et de sa sagesse.

L’homme que vous admirez le plus?

Dr Aloys Kamuragiye (l’actuel Représentant de l’Unicef dans la région des Caraïbes orientales).C’est un 3è père pour moi après Nicolas Mayugi, et mon père biologique Fridolin Hatungimana. Nicolas incarne pour moi l’intelligence et le charisme. Il a fait partie de mon enfance jusqu’à mes 7 ans. Aloys, lui, nous a toujours inculqué, autant que ses filles, les valeurs du travail assidu, de l’excellence et de l’humilité.

Votre plus beau souvenir?

Une enfance très colorée, avec des périodes sombres et ensoleillées. Elles ont forgé la personne que je suis devenue.

Votre plus triste souvenir?

La mort de mon père : un vendredi 11/11/1994 à 14 :05.

Quel serait votre plus grand malheur?

Ne pas faire la fierté de ma maman.

Le plus haut fait de l’histoire burundaise?

La proclamation de l’indépendance du Burundi (01/07/1962).

La plus belle date de l’histoire burundaise?

Le 22/06/2019 : le 1er match des Intamba mu Rugamba à la CAN 2019. C’était contre le Nigeria.

La plus terrible?

Le 21/10/1993 : l’assassinat du Président Melchior Ndadaye, héros de la Démocratie.

Le métier que vous auriez aimé faire?

Pilote d’avion.

Votre passe-temps préféré?

Regarder un match de football avec des amis.

Votre lieu préféré au Burundi?

Centre touristique de Kanazi (Bugenyuzi -Karuzi).

Le pays où vous aimeriez vivre?

Le Burundi.

Le voyage que vous aimeriez faire?

L’Ile de Gorée (Sénégal) pour visiter la maison des esclaves et mieux apprendre de l’histoire de la traite négrière.

Votre rêve de bonheur?

Le ‘‘work-in-progress’’ que je suis vers la meilleure version de moi-même que je serai demain. Pour moi, le bonheur n’est pas la destination, mais le voyage.

Votre plat préféré?

Isombe (Le « Pondu » ailleurs)

Votre chanson préférée?

Nkosi Sikelel’ iAfrika, l’hymne national pour la Tanzanie, l’Afrique du Sud et la Zambie.

Quelle radio écoutez-vous?

RFI

Avez-vous une devise?

Vivre comme si demain n’existait pas.

Votre souvenir du 1er juin 1993 (le jour où le président Ndadaye a été élu)?

J’avais deux ans et 10 mois à l’époque. Ma passion pour l’histoire de mon pays a fait que je me documente pour mieux comprendre les élections de 1993 et le choix « fortuit » du peuple. Mon père, qui fût président de la campagne de l’Uprona à l’époque – ma petite sœur Marlyne était la petite fille dans les bras du président Buyoya sur la photo de campagne -, a été forcément déçu de cette victoire du président Ndadaye. Aujourd’hui, après lecture de plusieurs articles et ouvrages relatant le passé de mon pays, après avoir confronté et analysé les versions des protagonistes de l’époque, j’ai trouvé que c’était comme une brise apportant la fraîcheur sur notre Burundi. Hélas, cela n’a pas duré. Je le redis, le combat louable de la démocratie pour lequel le président Ndadaye s’est battu est un héritage à chérir.

Chasseuse de tête, comment analysez-vous le marché de l’emploi burundais?

Mon analyse s’articule sur 2 pôles :

-D’un côté, les employeurs (du secteur privé pour lequel je travaille en grande partie) toujours à la recherche de la crème de la crème pour la rentabilité et l’efficacité de leurs institutions.

-D’un autre, des demandeurs d’emplois frustrés, frappés par le chômage. Mais, les plus intrigants sont ceux qui s’estiment ‘’ne pas être à la place qui est la leur’’. Ceux-là créent ainsi une perte d’intérêt, un manque de créativité et d’enthousiasme, la plupart des fois qui mène à la baisse de la productivité.

Et entre les demandeurs d’emplois désespérés par le manque de création d’emploi dans ce pays et les pourvoyeurs d’emplois qui n’arrivent à détecter les ressources compétentes souhaitées, se trouve un système éducatif nécessitant d’être mieux adapté et mis à jour régulièrement. Car c’est la fondation sans laquelle il serait superflu de s’attendre à des résultats extraordinaires.

Par rapport aux candidats sélectionnés, quelles sont les garanties donnez-vous à la société recruteuse?

Les clients qui nous consultent sont sûrs d’avoir un partenaire fiable et méticuleux dans le choix objectif des meilleurs candidats.

Il ne vous arrive pas de sélectionner des candidats qui ne sont pas à la hauteur de leur tâche?

Il arrive rarement de trouver le candidat qui remplisse tous les critères idéaux recherchés par le client. Notre apport, c’est de définir en amont avec le client les critères clés semblables au profil recherché, détecter le potentiel des candidats, de la sorte, pouvoir caser l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

Des partis-pris ou « une faiblesse » pour tel ou tel autre candidat, cela n’existe pas?

La perfection n’étant pas de ce monde, les partis-pris peuvent exister, mais à Infinity Group, nous promouvons l’objectivité et nos processus de recrutement passent par plusieurs échelons. Et ces derniers permettent de bien trier les meilleurs profils pour le/les poste(s) à pourvoir. De plus, le goût de l’excellence et de la redevabilité envers nos partenaires sont deux de nos valeurs essentielles. Elles guident la qualité des services que nous offrons. Chaque fois, nous nous assurons que les jurys constitués soient neutres et indépendants.

Que faire pour vaincre le chômage de la jeunesse burundaise?

-Il faut initier la culture de l’entrepreneuriat. Il n’y a pas assez de place dans les bureaux administratifs pour tous les jeunes lauréats. Bien entendu, je suis consciente que tout le monde n’est pas fait pour l’entrepreneuriat. Mais, les entrepreneurs qui auront percé et réussi, tôt ou tard ont forcément besoin d’une main d’œuvre.

-Autre aspect, il serait également important pour les entreprises de comprendre la nécessité d’accorder des stages pour une intégration professionnelle réussie. Les connaissances théoriques, à elles seules, ne font pas de bons professionnels. Les coupler à des programmes d’encadrement et de suivi de jeunes lauréats permettrait de constituer un vivier dans lequel toutes les entreprises désireuses d’un travail bien fait puissent puiser. Je garde toujours à l’esprit les conseils de feu Père Ignace Samulenzi, recteur du lycée du Saint Esprit. Il nous répétait constamment : « Si vous êtes appelés à balayer les rues, faites en sorte d’être le meilleur balayeur de l’univers.» Le goût d’un travail bien fait demande des sacrifices. Toutefois, à la fin, il paie toujours.

Votre définition de l’indépendance?

Trois mots résument ma pensée : Emancipation, Autonomie, Liberté.

Votre définition de la démocratie?

C’est le respect du choix de la majorité.

Votre définition de la justice ?

C’est la réparation d’un système défaillant pour offrir un accès égal aux outils et aux opportunités.

Si vous étiez ministre de l’Economie et des Finances, quelles seraient vos deux premières mesures?

-Promouvoir une agriculture intensive et modernisée en mesure de garantir la sécurité alimentaire

-Actions concrètes visant la création et l’exploitation optimale des secteurs de transformation structurelle de l’économie et le développement des infrastructures.

Croyez-vous à la bonté humaine?

Absolument ! Je cherche avant tout le positif dans chacune des interactions avec ceux que je côtoie.

Pensez-vous à la mort?

Souvent ! Et ça me redonne plus de courage à bien définir ce que je dois faire pendant que Dieu me prête encore vie.

Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous?

Je lui chanterai ‘’L’hymne de la création’’.

Propos recueillis par Hervé Mugisha

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Bio-express

A la tête d’Infinity Group, Irvine Floréale Murame est une jeune femme très impliquée dans l’entrepreneuriat social. Sa société offre des services dans le domaine  des ressources humaines (placement, recrutement, formations). Economiste de formation, Mme Murame fêtera ses 30 ans, le 22 août. Célibataire, Floréale est membre du club Rotary Club. Elle aime jouer au tennis et adore le football.

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