Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Gaël Faye.
Votre qualité principale ?
Je pense que c’est l’enthousiasme.
Votre défaut principal ?
L’inquiétude.
La qualité que vous aimez chez les autres ?
La gentillesse.
Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ?
Je ne supporte pas la mauvaise foi.
La femme que vous admirez le plus ?
Sans doute mon épouse.
L’homme que vous admirez le plus ?
Il n’existe pas, à vrai dire. Je l’attends toujours.
Votre plus beau souvenir ?
Je le garde pour moi.
Votre plus triste souvenir ?
Les souvenirs de guerre.
Quel serait votre plus grand malheur ?
Que l’histoire se répète, malheureusement.
Le plus haut fait de l’histoire burundaise ?
L’acte héroïque des jeunes de Buta.
La plus belle date de l’histoire burundaise ?
Chaque jour de paix.
La plus terrible ?
Le printemps sanglant de 1972, octobre 1993 (guerre civile suite à l’assassinat du président Melchior Ndadaye) et printemps 2015 (l’éclatement de la crise suite au 3e mandat du président Nkurunziza).
Le métier que vous auriez aimé faire ?
Je suis heureux avec le mien.
Votre passe-temps préféré ?
L’ennui. Il permet de développer mon imaginaire.
Votre lieu préféré au Burundi ?
La vue sur Bujumbura et celle du lac Tanganyika depuis le mausolée du Prince.
Le pays où vous aimeriez vivre ?
Un peu entre le Burundi, le Rwanda et la France.
Le voyage que vous aimeriez faire ?
Je rêve de voir Asmara. J’ai vu des documentaires et lu des livres. Cette ville me fait rêver. J’aimerais aussi aller un jour dans un désert, de glace ou de sable, peu importe. Je n’en ai jamais fait l’expérience.
Votre rêve de bonheur ?
Le bonheur de mes enfants.
Votre plat préféré ?
Sombé et ndagalas. De préférence à Bujumbura.
Votre chanson préférée ?
Makambo de Geoffrey Oryema.
Quelle radio écoutez-vous ?
J’écoute des podcasts BBC, Arte Radio, Radio France… Toutes les radios musicales.
Avez-vous une devise ?
« Ô mon corps, fais de moi un homme qui, toujours interroge ».
Votre souvenir du 1er juin 1993 ?
Un souvenir de grand bonheur et de grand espoir chez certains et une inquiétude chez d’autres.
Votre définition de l’indépendance ?
L’indépendance, c’est devenir soi.
Votre définition de la démocratie ?
C’est d’abord le débat sans la violence. Ensuite c’est quand le faible a les mêmes droits que le puissant et le puissant les mêmes devoirs que le faible.
Votre définition de la justice ?
La justice est un mécanisme de préservation de la civilisation.
Si vous étiez ministre de la Culture, quelles seraient vos deux premières mesures ?
La gratuité de la culture. Que les concerts, les musées, les bibliothèques, etc., soient gratuits. La culture n’est pas une valeur marchande.
Ensuite, je me donnerais à fond dans la promotion intensive de la lecture. Inciter les Burundais à lire.
Si vous étiez ministre de la Jeunesse, quelles seraient vos deux premières mesures ?
D’abord écouter les jeunes et ensuite me mettre au travail pour eux. Un ministre de la Jeunesse ne doit pas agir sans consulter. Ce qui se fait tout le temps malheureusement. Il faut répondre aux attentes des jeunes.
Croyez-vous à la bonté naturelle de l’homme ?
Non, rien n’est naturel. La bonté est un travail du cœur.
Pensez-vous à la mort ?
Oui, tous les jours. Pour donner de la valeur à mon temps de vie.
Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ?
Je n’aurai rien à lui dire qu’il ne sait déjà. Nous sommes des livres ouverts pour lui.
Propos recueillis par Clarisse Shaka