Vendredi 22 novembre 2024

Culture

Au coin du feu avec Frère Jean-Népomucène Bigirimana

08/05/2021 Commentaires fermés sur Au coin du feu avec Frère Jean-Népomucène Bigirimana
Au coin du feu avec Frère Jean-Népomucène Bigirimana

Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Frère Jean-Népomucène Bigirimana.

Votre qualité principale ?

Il est difficile de parler de soi-même sans une dose de subjectivité.

Votre défaut principal ?

Je préfère laisser le soin aux autres d’apprécier.

La principale qualité que vous préférez chez les autres ?

La vérité et l’humilité.

Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? 

L’hypocrisie.

La femme que vous admirez le plus ?

Toute femme qui incarne dans sa vie quotidienne les valeurs d’Ubuntu.

L’homme que vous admirez le plus ?

Tout homme qui incarne dans sa vie quotidienne les valeurs d’Ubuntu.

Votre plus beau souvenir ?

Je ne sais pas si je peux l’appeler souvenir. Mais le jour où Dieu m’a créé dans le sein de ma mère est le plus beau jour de ma vie.

Votre plus triste souvenir ?

Le 1er janvier 1999. Des groupes armés ont attaqué l’Aéroport International de Bujumbura (actuel Aéroport Président Melchior Ndadaye) et la zone Rukaramu. Beaucoup de vies innocentes y ont succombé dont certains membres de ma famille.

Le plus haut fait de l’histoire burundaise ?

La naissance du Burundi et son peuple.

La plus belle date de l’histoire burundaise ?

Toute date où la vie humaine est protégée, défendue.

La plus triste ?

Toute date où la vie humaine est maltraitée, torturée ou anéantie.

Le métier que vous auriez aimé faire ?

Tout métier qui me donne la joie de servir Dieu en servant mon prochain et ma patrie.

Votre lieu préféré au Burundi ?

La plaine de l’Imbo dans sa partie qui va de Bujumbura à Rugombo. C’est très beau à voir et c’est reposant.

Le pays où vous aimeriez vivre ?

Dieu nous a bénis avec l’un des plus beaux pays au monde : le Burundi. Raison de plus, nous devons surmonter nos différences et apprendre à vivre ensemble dans la paix.

Le voyage que vous aimeriez faire ?

Aller au Mont Sinaï où Dieu a béni son peuple avec les Dix Commandements.

Votre rêve de bonheur ?

Vivre en paix avec tout le monde et finir ma vie sur la Terre connecté à Dieu.

Votre plat préféré ?

Pâte de manioc accompagnée soit du poisson ou de la viande.

Votre chanson préférée ?

« Ngira Mpaye uwo mukenyezi » de Mgr. Justin Baransananikiye

Quelle radio écoutez-vous ?

Aucune préférence particulière.

Avez-vous une devise ?

Veritas

Votre souvenir du 1er juin 1993 ?

A l’époque, j’étais un gamin qui fréquentait l’école primaire du Bassin (Buyenzi). Mais j’ai vu beaucoup de gens jubiler comme s’ils venaient de sortir d’une prison. J’ai été particulièrement touché par une maman qui est venue à mon école avec une grosse marmite pleine de riz blanc bien cuit mélangé aux feuilles de manioc (isombe). J’ai appris plus tard que le riz et l’isombe symbolisaient les couleurs du parti qui venait de remporter les élections présidentielles, le Frodebu.

Si vous redeveniez un jeune fraîchement sorti du Petit séminaire, orienteriez-vous votre vie dans la prêtrise ?

Lorsque j’ai terminé le Petit Séminaire de Kanyosha en 2000, je suis entré à l’Université Nationale du Burundi dans la Faculté de Psychologie. Deux ans plus tard (2002), j’ai quitté l’Université pour embrasser la vie religieuse.
Aujourd’hui, si je venais de sortir fraîchement du Petit Séminaire, je n’aurais aucune hésitation à orienter ma vie dans la prêtrise.

Pensez-vous qu’un jour l’Eglise catholique aura un Pape noir ?

La préoccupation de l’Eglise Catholique n’est pas d’avoir un Pape noir, blanc ou jaune. Ce qui est important pour l’Eglise, c’est d’annoncer la Bonne Nouvelle léguée par le Christ jusqu’aux extrémités de la terre. Cette mission a été donnée à tout disciple du Christ sans distinction de race.

Pensez-vous que l’Eglise pourra autoriser un jour le mariage des prêtres ?

Votre question peut en cacher plusieurs. J’inviterai plutôt les chrétiens catholiques à prier pour leurs prêtres pour qu’ils restent toujours fidèles à leurs engagements et à leur mission d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut et de sauver les âmes en toute liberté.

Votre définition de l’indépendance ?

La capacité d’un peuple de prendre en main son destin, tout en restant ouvert à la bonne coopération avec d’autres peuples.

Votre définition de la démocratie ?

Un système de gouvernement choisi par les citoyens d’une nation et où chaque citoyen est respecté dans ses droits, tout en s’acquittant de ses devoirs.

Votre définition de la justice ?

La vérité et l’impartialité en action.

Croyez-vous à la bonté humaine ?  

L’être humain a été créé à l’image de Dieu, c’est-à-dire qu’il porte en lui les germes divins dont la bonté.

Pensez-vous à la mort ? 

Je pense beaucoup plus à une nouvelle vie après la séparation du corps et de l’âme.

Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ?  

Si je comparais devant Dieu pour être jugé, ce sont mes œuvres qui parleront. Mais si c’est une rencontre entre Père et enfant, je lui dirai Merci.

Propos recueillis par Eddy Hatangimana

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Bio-express

Frère Jean-Népomucène Bigirimana est né à Rukaramu (Mutimbuzi). Il est prêtre dans l’Ordre des Prêcheurs (les Dominicains). Actuellement Prieur du Couvent Saint-Thomas d’Aquin de Bujumbura, il est aussi coordinateur Adjoint du Centre Ubuntu appartenant aux Dominicains du Burundi. Ecrivain, Frère Népomucène est auteur de deux romans : Et ce cadavre (Harmattan-Paris, 2014) et Corbillard ou la folie du sexe (Pubibook-Paris, 2016).

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