Jeudi 21 novembre 2024

Culture

Au coin du feu avec Félicien Nsengiyumva Minani alias Femidejabat

21/08/2024 4
Au coin du feu avec Félicien Nsengiyumva Minani alias Femidejabat

Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. Une occasion pour les anciens d’enseigner, avec l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais, au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient et contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Félicien Nsengiyumva Minani alias Femidejabat.

Votre qualité principale ?

Question difficile. Une personne peut avoir plusieurs qualités. Mais, une que je ressens le plus est que j’ai trop confiance en moi et surtout en Dieu.

Votre principal défaut ?

J’aime trop. Au-delà même.

La qualité que vous préférez chez les autres ?

La franchise et l’humilité.

Les défauts que vous ne supportez pas ?

L’hypocrisie, l’arrogance et l’injustice.

Dans le domaine artistique qu’est-ce qui vous motive ?

Beaucoup ont investi dans l’agriculture ou dans l’économie, mais personne n’a pensé investir dans la culture. C’est pourquoi j’ai pensé créer la Fondation Femidejabat qui relève de mon domaine afin de redonner la valeur à la culture burundaise.

Qu’est-ce que vous pensez du travail des autres artistes ?

Je les place dans deux catégories. La première est celle des artistes sérieux, intelligents, courageux et qui ont fréquenté l’école. Ils sont diplômés dans des domaines variés. Les œuvres qui sortent de cette catégorie sont d’une grande richesse pour le pays et pour la communauté. Je leur dois un grand respect. Parmi eux, certains ont atteint un niveau considérable.

Cette catégorie a su donner une autre image des artistes burundais parce qu’à mon époque, les artistes étaient considérés comme des fumeurs de chanvre, des voyous. Se lancer dans la carrière artistique était considéré comme une déviation sociale. Maintenant, nous avons des artistes qui habitent leur propre maison avec de belles voitures, qui se marient de manière respectable.

La seconde catégorie est celle que j’appellerais celle des délinquants qui chantent du n’importe quoi et, du coup, ternissent l’image de notre métier. Je n’ai pas besoin de les citer, mais, ils se reconnaitront eux-mêmes. Il y en a ceux qui utilisent des paroles qui détruisent la société au lieu de la rendre meilleure. Leurs œuvres ne m’enchantent pas.

Votre plus beau souvenir ?

J’en ai deux. Le premier est très récent. C’était le 19 juillet 2024 lors des cérémonies sur le projet « Tubashimire bakiriho » organisées par ma Fondation. C’est après mon discours de remerciement, on m’a aussi remercié et j’ai été remercié par des personnes que je ne connaissais pas. Elles m’ont offert un certificat sur lequel était écrit des mots qui m’ont vraiment touché avec une enveloppe d’un million BIF. Bien plus, elles ont offert un don à la Fondation de plus de quarante objets d’art, des objets dont la fondation avait vraiment besoin.

Un autre souvenir est celui des gens qui ont cherché à me tuer. Mais, grâce à mes bonnes actions, la personne chargée de m’assassiner m’a avoué son projet. Elle a aussi avoué devant la justice. Elle était aussi chargée de prendre des vidéos dévoilant mon intimité dans le but de me nuire et de ternir mon image en les publiant sur les réseaux sociaux. Elle a témoigné en public, les larmes aux yeux. Cette affaire est maintenant entre les mains de la justice. Je ne peux pas citer les commanditaires d’autant plus que l’affaire est devant les juridictions.

Quelle est la femme que vous admirez ?

Elle n’est plus. C’est ma mère. Elle a enduré tout pour que je puisse grandir en prenant soin de moi, en m’éduquant. Elle me faisait un lavement à l’aide d’une tige de courge en le faisant avec sa bouche. L’admiration que j’ai pour elle est sans égal.

Le métier que vous auriez aimé exercer ?

D’abord le métier d’artiste est un métier que personne ne pourra me prendre. Ensuite, personne ne me bouscule. C’est vrai que les tracasseries ne manquent pas, mais je n’envie aucun autre métier.

Votre passe-temps préféré ?

C’est la prière dans l’ombre, seul avec mon Dieu.

Votre lieu préféré

La nature avec son calme.

Le voyage que vous aimeriez faire ?

Je suis toujours en train de chercher. Je n’ai pas encore trouvé où exactement. Mais, tout ce dont je suis sûr, c’est que c’est au Burundi là où je suis né. J’ai déjà visité beaucoup de pays mais, je veux connaître et visiter le lieu de mes ancêtres.

Votre rêve de bonheur ?

C’est terminer en beauté mon parcours ici sur terre. Il y a des célébrités qui finissent d’une manière regrettable surtout en ces temps où des ennemis rôdent partout. Imaginez quelqu’un qui a des enfants et que des gens mal intentionnés attentent à sa vie ! Que Dieu pardonne ceux qui veulent faire du mal aux autres !

Votre plat préféré ?

Je suis originaire de la région naturelle de l’Imbo. J’aime la viande ou le poisson et la pâte de manioc. Mais, la viande vient avant le poisson.

Votre chanson préférée ?

C’est une chanson dont je suis l’auteur. J’ai été inspiré par ma mère. Ma mère prônait la paix et l’amour. Elle était contre toute sorte de discrimination. En exil en République démocratique du Congo, RDC, en 1995, ma mère est venue me rendre visite. De retour au Burundi pour assister mon père qui était malade, elle est tombée dans une embuscade et on l’a égorgée après l’avoir fusillée.

J’ai réalisé qu’elle était venue pour un adieu parce que je suis le benjamin de la famille. C’est à partir de ce moment tragique que j’ai composé une chanson sur la cohésion sociale, l’hymne du parti CNDD-FDD. Quand on chante cet hymne, les larmes coulent parce que ses paroles sont profondes. Cette chanson est vraiment ma préférée et Dieu l’a bénite. On la chante débout.

Votre devise ?

L’amour de soi et l’amour du prochain.

Croyez-vous à la bonté humaine ?

On a attenté à ma vie mais des personnes se sont interposées pour me sauver la vie. Cela prouve que la bonté humaine existe. Je n’aime pas qu’on généralise et qu’on dise que ceux-là sont méchants. Non. J’ai trouvé cette bonté partout et dans toutes les catégories sociales.

Pensez-vous à la mort ?

Les gens meurent que moi aussi je vais mourir. Des fois, je me demande dans quel état je vais laisser mes affaires. Je n’y pense pas trop mais, c’est une étape que je dois, franchir un jour.

Si vous comparaissiez devant Dieu, que lui demanderiez-vous ?

Je suis croyant et ce que je lui demanderais c’est de nous pardonner et de nous donner une vie heureuse. Changer la vie des hommes parce que certains vont jusqu’au suicide.

Propos recueillis par Stanislas Kaburungu

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. ITANGISHAKA JOCELYNE

    Cher compatriote Femi je te félicite et te souhaite d’aller toujours vers l’avant, que Dieu te bénisse
    Tu nous inspire beaucoup.

  2. Mes respects jeune homme. J ai lu attentivement votre interview. Que du coeur, quelle beauté et bonté du coeur. Hezagirwa. Hari uwanciriye umugani ngo : IGITI CIZA KIMERERA AHAGA.
    Dans ta foi profonde et ton integrité SOIS BÉNI au centiple. Parole d une mère

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Bio-express de Félicien Nsengiyumva Minani

Né le 18 septembre 1970 en commune Isare dans la province de Bujumbura, Félicien Nsengiyumva Minani est père de cinq enfants. Il a connu une jeunesse marquée par des déplacements constants entre différents établissements scolaires, souvent dans des conditions difficiles. Après l’école primaire, il a fréquenté plusieurs lycées sans réussir à s’y stabiliser, en raison de conditions de vie et de pratiques injustes. En 1996, durant la crise au Burundi, il s’exile à Kinshasa en RDC où il reprend ses études à l’Académie des musiques et de communication, ce qui lui permet de faire des stages à la radio et la télévision. Après sa formation, il crée le centre de formation Femidejabat. En 2004, il part en Norvège pour approfondir ses connaissances en techniques de production musicale. De retour au Burundi, il ouvre la radiotélévision Burundi bwiza (RTBB) ainsi que Femidejabat Burundi TV. Il est actuellement président et administrateur général de sa propre fondation, Femidejabat.

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  1. ITANGISHAKA JOCELYNE

    Cher compatriote Femi je te félicite et te souhaite d’aller toujours vers l’avant, que Dieu te bénisse
    Tu nous inspire beaucoup.

  2. Mes respects jeune homme. J ai lu attentivement votre interview. Que du coeur, quelle beauté et bonté du coeur. Hezagirwa. Hari uwanciriye umugani ngo : IGITI CIZA KIMERERA AHAGA.
    Dans ta foi profonde et ton integrité SOIS BÉNI au centiple. Parole d une mère

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