Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Etienne Karatasi.
Votre plus beau souvenir?
Avec ma famille, la Grâce de Dieu nous a sauvés lors d’un accident routier, le 20 avril 2000. Nous en sommes sortis presque indemnes alors que la voiture était déclassée.
Votre triste souvenir ?
C’est l’assassinat du premier président démocratiquement élu, Melchior Ndadaye, le 21 octobre 1993. Trois mois seulement après les élections. Le peuple burundais, enthousiasmé, voire ivre des victoires aux élections de juin 1993 (présidentielles et législatives) a vécu le cauchemar et une guerre civile de plusieurs années.
Quel serait votre plus grand malheur?
C’est de voir notre chère patrie retomber dans la violence.
Le plus haut fait de l’histoire burundaise?
La signature de l’Accord d’Arusha pour la Paix et Réconciliation au Burundi le 28 août 2000. Même si certains l’ont fait avec des réserves, c’était le premier pas vers la reconnaissance de l’existence des antagonismes entre les composantes burundaises. Un pas vers un projet d’une nouvelle forme de coexistence basée sur le respect mutuel.
La plus belle date de l’histoire burundaise?
La date de l’instauration du pluralisme politique au Burundi pour promouvoir un système démocratique par la pratique des élections libres (Un homme-une voix) au suffrage universel direct, avec des candidatures multiples issues des formations politiques différentes.
La plus terrible ?
Nous avons deux dates terribles dans l’histoire du Burundi: celle du 13 octobre 1961 correspondant à l’assassinat du Prince Louis Rwagasore, héros de l’indépendance et celle du 21 octobre 1993 où on a assassiné le Président Melchior Ndadaye, héros de la démocratie.
Le métier que vous auriez aimé faire? Pourquoi?
J’ai aimé ma profession dans le domaine de la santé. Soigner les gens, c’est leur donner la joie de vivre. C’est aussi le métier de mon père, qui avait préféré travailler sur les maladies au lieu de devenir un prêtre.
Votre passe-temps préféré
C’est la lecture, la méditation sur la troisième partie de ma vie.
Votre lieu préféré au Burundi
La plage du lac Tanganyika.
Le pays où vous aimeriez vivre ?
Le Burundi, mon pays natal.
Le voyage que vous aimeriez faire ?
J’aimerais visiter le Singapour, un pays qui était parmi les plus pauvres mais qui figure parmi les grandes démocraties avec une économie en expansion.
Votre rêve de bonheur ?
Voir le Burundi recouvrer la paix, devenir un pays pacifique, paisible et prospère.
Votre plat préféré ?
Du poisson accompagné de légumes.
Votre Chanson préférée
“ Jesus saves = Twumvise inkururu nziza”. Un cantique chanté dans des Eglises Protestantes.
Votre radio préférée ?
La radio nationale/ Isanganiro
Avez-vous une devise?
Meilleure vie pour tous.
Votre souvenir du 1er juin 1993?
La liesse de la majorité de la population suite à la victoire de la démocratie.
Votre définition de l’Indépendance
C’est l’épanouissement du peuple dans tous les secteurs de la vie (politique économique, social, culturel, etc). Politiquement, c’est le peuple qui mandate librement ses représentants pour décider et agir en son nom et pour son intérêt. Il ne revient donc pas à quelques individus d’une ethnie ou d’une classe sociale de monopoliser la gestion de la chose publique. La souveraineté appartient au peuple, dans son ensemble.
Votre définition de la Justice
La justice est le principe moral de conformité aux droits de tous et de chacun. Elle devrait être envisagée comme la défense des mérites et des droits des citoyens.
Si vous étiez ministre de la Santé, quelles seraient vos deux premières mesures ?
J’augmenterais les infrastructures sanitaires à travers tout le pays de façon à couvrir, de la même manière, les différentes régions du pays. Ces infrastructures sanitaires devraient donner des soins de santé qui profiteraient à toute la population sans distinction.
Ensuite, je réduirais les coûts des soins de santé de façon à permettre aux populations aux maigres revenus d’y accéder.
Si vous étiez ministre de l’Economie,quelles seraient vos deux premières mesures?
Conscientiser toute la population que l’économie d’un pays est basée principalement sur la production nationale et par conséquent la sécurité de la force productrice et la stabilité politique sont indispensables pour le développement du pays.
Comme deuxième mesure, il faudra lutter contre la pénurie des produits de base sur le marché qui provoque la flambée des prix, la spéculation et l’inflation dans tout pays.
Croyez-vous à la bonté naturelle de l’homme?
Oui, car l’homme est naturellement bon. C’est vrai que la société peut le changer, mais il reste perfectible.
Pensez-vous à la mort
Evidemment. Là où il y a naissance il y a mort. Chaque chose a un début et une fin. Ainsi va le monde. On ne devrait pas avoir peur de parler de la mort car ça fait partie de la vie. Ce qui importe, c’est mourir après avoir transformé positivement la société et le monde en général pendant votre séjour sur terre.
Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous?
Je lui demanderai pardon de tous mes péchés. Je lui dirai aussi merci pour le don de la vie et les bienfaits dont il m’a comblé, surtout la famille.
Propos recueillis par Léandre Sikuyavuga