Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Emelyne Muhorakeye.
Votre qualité principale ?
La générosité
Votre principal défaut ?
L’impatience
La qualité que vous préférez chez les autres ?
La bienveillance
Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ?
La légèreté
La femme que vous admirez le plus ?
Ma maman. C’est une vraie battante qui a su garder la tête haute malgré les épreuves de la vie
L’homme que vous admirez le plus ?
Mon père, le Lieutenant colonel Bernard Kabwari. Ancien officier de l’armée burundaise, il a été notamment à la tête de l’Institut Supérieur des Cadres Militaires. Il a été enlevé en 1994 et nous ne l’avons jamais retrouvé pour l’inhumer. Je suis fière de la réputation et de l’héritage qu’il a laissés derrière lui. J’ai un bon exemple à suivre
Votre plus beau souvenir ?
La naissance de ma nièce. J’ai eu le sentiment que la relève était assurée. La graine de battantes portait encore du fruit
Votre plus triste souvenir ?
Quand on a annoncé à ma mère que l’armée arrêtait les recherches pour retrouver mon père kidnappé. Elle a été anéantie
Quel serait votre plus grand malheur ?
Vivre en deçà de ce que Dieu a prévu pour moi
Le plus haut fait de l’histoire burundaise?
La forte expansion du territoire burundais par le roi Ntare IV Rugamba Rutaganzwa. C’était un véritable conquérant
La plus belle date de l’histoire burundaise ?
Plus récemment, la participation des Intamba mu Rugamba à la CAN 2019. Ça a été un événement rassembleur, une vraie bouffée d’air frais
La plus terrible ?
L’assassinat du Président Melchior Ndadaye. Beaucoup d’entre nous portons encore les cicatrices de la crise qui a suivi
Avez-vous une devise ?
L’amour dans tout
Votre définition de la justice ?
Une justice qui se rappelle qu’elle peut relever ou anéantir une Nation, qu’elle œuvre pour le long terme et donc qui agit en conséquence
Le métier que vous auriez aimé faire ?
Je l’ai déjà fait : le journalisme
Les défis de la presse actuellement au Burundi ?
La presse travaille dans des conditions qui ne lui sont pas toujours favorables, le manque de formation et de professionnalisation du métier, les journalistes qui ne sont pas bien payés etc…
Quel média suivez-vous ?
Je suis une fan inconditionnelle de la chaîne Mangas
Si vous étiez nommée ministre de l’Information, quels seraient vos deux premières mesures pour redorer la presse au Burundi ?
Exiger un niveau de formation pour prétendre au métier de journaliste. Ce serait un pas de plus vers la professionnalisation du métier. Mettre en place un système de monitoring rigoureux des médias en ligne parce que ce qui est observé aujourd’hui ne va pas dans le sens de redorer l’image de la presse
Votre passe-temps préféré ?
Regarder la télé
Votre lieu préféré au Burundi ?
Chez mes grands-parents maternels à Songa/Bururi. Je passe toujours de bons moments quand j’y vais chaque année
Le pays où vous aimeriez vivre ?
En Afrique du Sud, à Cap town
Le voyage que vous aimeriez faire ?
Aucun en particulier
Votre rêve de bonheur ?
Passer un bon moment en famille
Votre plat préféré ?
J’en ai pas
Votre chanson préférée ?
« State of Independence » de Donna Summer. Elle me renvoie à mes souvenirs d’enfance quand je regardais la seule télévision de l’époque, la RTNB
Croyez-vous à la bonté humaine ?
Oui
Pensez-vous à la mort ?
De temps en temps. Ce n’est pas quelque chose qui me préoccupe beaucoup
Si vous rencontrez Dieu que lui direz-vous ?
Merci pour tout et il saura pourquoi
Propos recueillis par Antoine Kaburahe
Je suis heureux de voir que Éméline soit positive et ne manifeste pas de haine dans ses propos. J’ai des liens de parenté avec elle bien que Je l’ai jamais rencontré. Moi aussi il y’a beaucoup de chansons (clip) des années 80,début 90 qui réveille la nostalgie de la RTNB. Récemment j’ai même découvert des génériques de dessins animés.
Merci Emelyne. On lit, on voit et on sait peu. Tous que tu nous racontes, nous en gardons et nous t’encourageons. La lumière ou ténèbre vécus c’est pas de votre volonté, mais gardez l’espoir que tout sera transformé en succès !!!
J’en suis sûr que vous aviez déjà vu un fruit !!!