Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Christine Ntahe.
Votre plus beau souvenir ?
L’amour et la solidarité qui caractérisaient les familles et les voisins burundais dans le passé. Ils se rendaient visite et un accueil chaleureux était réservé à tout visiteur.
Votre plus triste souvenir ?
Les êtres chers que j’ai perdus, les gens que j’ai rencontrés une fois et dont j’ai perdu la trace.
Quel serait votre plus grand malheur ?
Mon plus grand malheur serait d’ignorer l’existence, la bonté et la puissance de l’Eternel.
Le plus haut fait de l’histoire burundaise ?
La chute de la Monarchie en novembre 1966. Elle avait été créée probablement au XVII è siècle.
La plus belle date de l’Histoire burundaise ?
L’Indépendance du Burundi le 1er juillet 1962.
La plus terrible ?
Il y en a eu beaucoup au pays. Il me serait difficile de dire ici la plus terrible. J’ai perdu les êtres qui m’étaient chers, mais aussi je me mets à la place de chaque mère, de chaque père qui perd son enfant, de chaque enfant qui perd ses parents, de chaque femme qui perd son mari… Bref, tous ces gens qui ont vécu et qui vivent les dates les plus terribles de leur vie, indépendamment de leur appartenance politique ou ethnique.
Le métier que vous auriez aimé faire ?
Le journalisme, je l’ai exercé.
Votre passe-temps préféré ?
Me retrouver avec des gens qui ont besoin de moi, les enfants en situation de rue, les vulnérables, leur redonner l’espoir et le sourire. J’aime aussi regarder des documentaires, faire la lecture. J’ai lu et je lis beaucoup de livres qui me construisent. J’aime aussi écouter les chansons douces qui me rappellent mon enfance.
Votre lieu préféré au Burundi ?
Mon village natal, avec toutes ses belles collines, ses ruisseaux, ses paysages. Là j’ai l’impression de retrouver mes parents, mes ancêtres, ils y ont vécu très jeunes et adultes. Ils avaient des rêves. J’essaie d’interroger chaque sentier, chaque ruisseau, la chanson que fredonnait mon père quand il allait faire paître les vaches. Celle de ma mère quand
elle allait puiser de l’eau ou quand elle accompagnait sa sœur (ma tante), la chanson de ma sœur décédée, des oncles. ..
Le pays où vous aimeriez vivre ? Pourquoi ?
Au Burundi, parce que c’est là où je trouve ma raison de vivre.
Le voyage que vous aimeriez faire ?
Aller en Inde, le pays de Mère Térésa de Calcutta.
Votre rêve de bonheur ?
Mon rêve de bonheur c’est la paix pour tous. Que tous les OEV (orphelins et autres enfants vulnérables) puissent un jour réaliser chacun son rêve.
Votre plat préféré ?
Chaque plat traditionnel.
Votre chanson préférée ?
Ecoute dans le vent : Richard Anthony
Quelle radio écoutez-vous ?
La RTNB et la RFI
Avez-vous une devise ?
Remercier Dieu chaque matin pour le don de la vie.
Votre souvenir du 1er Juin 1993 ?
Aucun, je n’étais pas au pays. Je venais de passer plusieurs mois au Centre de Formation de la Deutsche Welle à Cologne (Allemagne).
Votre définition de l’indépendance ?
C’est la souveraineté d’un pays.
Votre définition de la démocratie
La participation citoyenne dans le choix des dirigeants ainsi que le droit de regard dans la gestion du pays. C’est un système qui garantit la dignité des valeurs supérieures de l’humanité.
Votre définition de la justice ?
C’est le respect des droits humains dans l’impartialité totale.
Si vous étiez ministre de la solidarité, quelles seraient vos deux premières mesures ?
Initier les IGRS (initiatives génératrices des revenus) dans les communautés, pour la solidarité et le développement humain durable. Ainsi les plus nécessiteux sortiraient de leur vulnérabilité.
Croyez-vous à la bonté naturelle de l’homme ?
Oui, l’homme naît naturellement bon. C’est la société qui le rend ce qu’il devient.
Pensez-vous à la mort ?
Oui j’y pense. Je pense à tous ces gens qui ont vécu sur cette terre et qui ne sont plus. Je trouve que la vie est très courte, car très peu de gens atteignent 100 ans. Je regarde les bébés sur le dos de leurs mères, et je réalise qu’eux non plus n’auront pas 100 ans à vivre.
Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ?
Je lui demanderais de décréter immédiatement la Paix et souffler de l’amour dans les cœurs des gens dans le monde entier pour que cessent les guerres.
Propos recueillis par Amandine Laure Inarukundo