Jeudi 30 janvier 2025

Culture

Au coin du feu avec Carton Ntirampeba alias Americain

29/01/2025 0
Au coin du feu avec Carton Ntirampeba alias Americain

Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. Une occasion pour les anciens d’enseigner, avec l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais, au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient et contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Carton Ntirampeba.

Votre qualité principale ?

Les gens apprécient ma musique.

Votre principal défaut ?

Je crois que je n’en ai pas.

La qualité que vous préférez chez les autres ?

Le travail pour le développement.

Les défauts que vous ne supportez pas ?

Un comportement qui ternit les valeurs humaines.

Quelle est votre source de motivation ?

Dans mes chansons, je mets en avant l’amour du prochain. C’est cet amour qui me motive.

Et quel est votre point de vue par rapport aux artistes burundais ?

Je ne vois pas grand-chose en eux. Ils produisent des chansons vides de sens. Ils ne sont pas solidaires et chacun se croit meilleur. On ne peut pas écraser un pou avec un seul doigt. C’est unis qu’ils pourront aller loin.

Et si vous étiez le Numéro 1, quelle serait votre première réalisation ?

D’abord le développement.

Et votre première requête auprès du président de la République ?

M’aider à réaliser mes projets de développement de mon pays.

Votre grand souvenir dans la vie ?

Les dix ans que j’ai passés en prison.

Quel est l’homme que vous admirez ?

Le grand et l’incontournable Bob Marley. Ses faits et gestes ont fait de lui une légende mondiale.

Le métier que vous auriez aimé exercer ?

Chaque personne a un don. Je me devais d’être chanteur et personne d’autre.

Votre passe-temps préféré ?

Les travaux de développement et le sport.

Votre lieu préféré ?

Ma région natale Bukeye en train de réaliser des travaux de développement.

Le voyage que vous aimeriez faire ?

En Amérique. Les Américains ont un esprit ouvert. Et d’ailleurs, je ressemble aux Américains. En témoigne mon surnom.

Votre rêve de bonheur ?

Atteindre mes objectifs. Par exemple, réhabiliter la route de ma région natale à Bukeye dans la province de Muramvya. Une route qui allait jusqu’à Astrida au Rwanda, mais qui est devenue impraticable aujourd’hui.

Votre plat préféré ?

Les patates douces, les colocases, le manioc. Manger comme nos ancêtres et plus naturel. Ma mère a maintenant 120 ans grâce à son alimentation.

Et votre boisson ?

L’eau et le lait. Pas d’alcool.

Votre devise ?

Le travail.

Croyez-vous à la bonté humaine ?

Oui bien sûr. Celui qui n’a pas cette bonté ne vaut rien.

Croyez-vous en Dieu ?

Je crois en Dieu. Très fort.

Et si vous comparaissiez devant Dieu, qu’est-ce que vous lui demanderiez ?

La vie et la longévité pour pouvoir réaliser tous nos rêves. Partir sans avoir réalisé nos rêves serait un véritable gâchis.

Propos recueillis par Stanislas Kaburungu

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Bio-express

Agé de 63 ans, Carton Ntirampeba, alias Américain est né dans la commune Bukeye dans la province de Muramvya. Après ses quatre années d’étude, au début des années 70, il quitte le pays pour aller tenter sa chance à l’extérieur du pays, plus particulièrement en Tanzanie. C’est à la mort de son idole, Bob Marley, en 1981 qu’il décide de revenir dans son pays où il se lance dans le business. Il fut parmi les premiers à ouvrir un salon de coiffure pour homme. Accusé injustement à cause d’une voiture qui avait été volée en 1995, il sera transféré dans la prison centrale de Mpimba pour y passer dix bonnes années sans comparaître. En 2005, à la suite d’une grâce présidentielle, il est de nouveau libre. Comme sa première occupation avait été la musique pendant les dix années passées en prison, il décide de ne pas laisser tomber son compagnon, à savoir la musique qui l’avait aidé à tenir. Sa première production musicale fut pour lui une ouverture au monde et un regain de confiance avec la chanson « Intimba y’abanyororo » qui se traduirait en français comme « les malheurs des prisonniers ». La chanson a cartonné au point qu’il s’est senti transformé et il a pardonné celui qui l’avait mis en prison durant tout ce temps. Il n’a pas eu à écrire la chanson parce que tout ce qu’il a chanté était une pure réalité de la vie carcérale. Après cette production musicale, il se marie et il a maintenant trois enfants dont des jumeaux. Comme son inspiration vient du célèbre chanteur Bob Marley, ses enfants lui sont dédiés à travers leurs noms : Bobo, Bob et Bobette. Il estime que personne ne parviendra à atteindre les réalisations de Bob Marley. Il a déjà réalisé treize chansons et il compte en produire davantage, mais surtout des gospels et dans le même style reggae parce qu’il estime que plus rien n’est important sur cette terre que la bonté divine. Il qualifie le style reggae comme un style qui a su garder ses racines. Par la musique, et en prônant le développement en vue de laisser à la nouvelle génération un pays prospère, il est en train d’organiser un concert qui se tiendra dans sa commune natale Bukeye ou des travaux de réhabilitation de la route quasi oubliée qui reliait sa commune et l’ancienne Astrida. Cette route menait vers des sites touristiques qu’il veut redynamiser notamment le site de Nyamyotsi et le site d’Igisumananyenzi (une grande-fosse dans laquelle on jetait les filles qui concevaient en dehors du mariage) sur le mont Banga. C’est en 2015 qu’il a entrepris les travaux de réhabilitation de cette route. Maintenant, il est en train de collecter des fonds pour une réhabilitation concrète et efficace. Les moyens qu’il utilise jusqu’aujourd’hui proviennent des bénéfices qu’il tire de ses différents concerts. Le 3 février prochain, avant donc la fête de l’Unité nationale, il projette organiser un grand concert dans lequel il compte avoir des fonds nécessaires pour la réhabilitation de cette route. Lors de ce concert, il va également chanter l’unité et il espère montrer aux gens que « ahari ubumwe umuhoro uramwa » qui se pourrait se traduire en français « là où il y a la paix, la serpe peut servir de coupe cheveux ». Il va aussi sortir une nouvelle chanson intitulée « Rastaman arubaka » (un rastaman construit). Dans cette chanson, il démontre qu’un rasta bâtit les cœurs. Il montre aux jeunes le bien et le mal.

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