Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. Une occasion pour les anciens d’enseigner, avec l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais, au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient et contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Carine Kanderi.
Votre qualité principale ?
L’authenticité.
Votre principal défaut ?
L’impatience.
La qualité que vous préférez chez les autres ?
L’ubuntu (l’humanisme).
Les défauts que vous ne supportez pas ?
L’égoïsme.
Quelle est votre source de motivation ?
L’amour de ma patrie.
Si vous étiez Première dame, quelle serait votre première priorité ?
Si j’étais Première dame, ma première priorité serait de promouvoir l’éducation, l’autonomisation des femmes et des enfants car ce sont les fondements du développement durable du Burundi. Je mettrais en place des initiatives pour améliorer l’accès à l’éducation, en particulier pour les filles, en soutenant des programmes d’alphabétisation et de formation professionnelle.
Un autre axe central de mon action serait la promotion de la culture burundaise. Le Burundi possède un riche patrimoine culturel qu’il est essentiel de préserver et de valoriser. Je soutiendrais des initiatives visant à renforcer les arts, la musique, la danse et la littérature locales, en encourageant les jeunes à s’engager dans la préservation de leur héritage culturel tout en développant des formes d’expression modernes. Cela pourrait aussi passer par des projets visant à développer le tourisme culturel, afin de créer des opportunités économiques tout en partageant la beauté et la diversité de notre culture avec le monde.
Enfin, je travaillerais à la réconciliation et à la cohésion sociale, en soutenant des programmes qui encouragent le dialogue entre les communautés et la reconstruction d’une nation unie et forte. Le Burundi, avec son histoire unique, a besoin d’unir ses forces pour bâtir un avenir plus prospère et inclusif.
Et si vous étiez avec le président, qu’est-ce que vous lui demanderiez ?
Si j’étais en présence du président, je lui demanderais de reconnecter le cœur des Burundais à leur pays en mettant en place des programmes d’éducation civique et de sensibilisation à l’amour de la patrie. Il serait fondamental d’encourager et de valoriser les talents et les compétences de tous les citoyens dans leurs divers domaines d’expertise.
Que ce soit dans les arts, les sciences, l’agriculture ou le secteur technologique, chaque individu a un rôle à jouer dans le développement du pays. De plus, les divergences d’opinions et de compétences, si elles sont bien encadrées et respectées, peuvent devenir une richesse pour le pays. Elles permettent de nourrir la réflexion, d’enrichir les solutions proposées et d’assurer une évolution harmonieuse et prospère. Ainsi, en donnant à chaque Burundais l’espace nécessaire pour s’épanouir dans son domaine, nous favoriserons une croissance collective et durable.
Quel est votre point de vue par rapport aux artistes burundais ?
Ce sont des bosseurs mais ils sont incompris. Le regard que les gens portent sur les artistes n’est pas approprié alors que c’est un métier à part entière.
Le métier que vous auriez aimé exercer ?
Enseignante, pédagogue.
Pourquoi ?
L’éducation est le fondement du développement humain. Elle façonne non seulement chaque individu mais aussi l’avenir de notre planète. Ce sont les personnes formées avec des valeurs et des connaissances, qui deviennent des leaders et des décideurs de demain. Investir dans l’éducation, c’est donc investir pour un monde meilleur.
Votre passe-temps préféré ?
La danse.
Votre lieu préféré ?
La maison familiale.
Le voyage que vous aimeriez faire ?
Aller en Finlande.
Pourquoi la Finlande ?
Pour y étudier son système éducatif de manière approfondie, observer ses mécanismes sur le terrain et analyser les facteurs clés de son succès. Mon objectif est de m’inspirer des meilleures pratiques mises en place et d’explorer les possibilités d’adaptation de ces approches à mon contexte professionnel, en tenant compte des réalités et des besoins spécifiques de mon pays.
Quelles sont les personnes qui vous inspirent le plus ?
Feu mon père et ma mère.
Votre plat préféré ?
Petit pois à la banane verte.
Votre devise ?
L’humanisme.
Croyez-vous en la bonté humaine ?
Oui, je crois en la bonté humaine et je pense qu’elle s’éduque.
Pouvez-vous expliquer ?
La bonté n’est pas seulement une disposition naturelle. Elle est aussi une qualité qui se cultive. Dès l’enfance, l’éducation joue un rôle essentiel dans le développement de l’empathie, du respect et du sens de la justice. Lorsqu’on apprend aux enfants à être attentifs aux autres, à partager, à comprendre les émotions d’autrui et à faire preuve de compassion, on leur donne les bases d’une bonté durable.
De plus, la société elle-même façonne la bonté à travers ses valeurs, ses modèles et ses institutions. Un environnement bienveillant, où les actes de générosité et de solidarité sont encouragés, renforce la propension naturelle des individus à être bons. À l’inverse, un contexte de méfiance et d’injustice peut freiner cette disposition.
La bonté se nourrit aussi des expériences de la vie. Certains événements, comme recevoir de l’aide dans un moment difficile, peuvent éveiller ou renforcer en nous l’envie d’être bons à notre tour. De même, choisir de poser des actes bienveillants de manière répétée transforme la bonté en une habitude.
Finalement, croire en la bonté humaine, c’est croire en notre capacité à apprendre, à grandir et à transmettre des valeurs positives. C’est un choix que nous pouvons faire chaque jour, individuellement et collectivement.
Pensez-vous à la mort ?
Autrefois, la mort physique m’effrayait. Mais, le jour où j’ai compris que la véritable mort, c’est de vivre une existence dénuée de sens, sans alignement avec un objectif profond ou un appel intérieur, ma perception a changé.
Vivre sans connexion avec ses rêves et sans répondre à cet appel universel de servir les autres, c’est déjà une forme de mort en soi. Depuis, je ne crains plus la mort. Je vis avec la certitude que, lorsque je quitterai ce corps, ce sera après avoir consacré ma vie à une cause que je considère juste et essentielle.
Et si vous croisiez Dieu, qu’est-ce que vous lui demanderiez ?
Si je me tenais devant Dieu, je lui demanderais de revenir sur Terre, et plus particulièrement au Burundi, pour nous aider à reconstruire et à redresser notre pays. Le Burundi a un potentiel immense, mais il a aussi besoin d’une guidance divine pour surmonter ses défis et se redresser. Je crois qu’avec son aide, nous pourrions restaurer l’espoir et bâtir un avenir plus prospère pour tous.
Propos recueillis par Stanislas Kaburungu
Autrefois, la mort physique m’effrayait. Mais, le jour où j’ai compris que la véritable mort, c’est de vivre une existence dénuée de sens, sans alignement avec un objectif profond ou un appel intérieur, ma perception a changé.
Voici mon commentaire: Carine, qui d’autre peut donner un sens à la vie que Dieu lui-même? En restant connecté avec lui, tout change. On ne peut plus avoir peur de la mort. A contrario, on souhaite que la mort arrive le plus vite possible pour pouvoir voir Dieu face à face et vivre avec lui pour l’éternité. La mort devient juste un passage entre cette vie éphémere et la vie éternelle.