Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Béni Ndayishimiye.
Votre qualité principale ?
La faculté de transmettre mon savoir, de partager avec les autres ce que je sais. Je pense d’ailleurs que c’est une aptitude qui fait qu’il me soit facile de captiver l’attention de mes interlocuteurs lors de mes enseignements, etc.
Votre défaut principal ?
L’irresponsabilité sous ces divers aspects.
La qualité que vous préférez chez les autres ?
Lorsqu’autrui est appliqué et impliqué pour le développement de sa communauté (famille, entourage, etc).
Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ?
La médisance. Par-dessus tout, je déteste les gens qui parlent du mal derrière le dos des autres. Le genre de personnes qui font que la société régresse.
La femme que vous admirez le plus ?
Ma future femme, mon actuelle fiancée. Les gens vont dire que je suis prétentieux. Mais, je dois reconnaître que je peux m’estimer heureux. Elle possède toutes ces valeurs que j’ai toujours chéries.
N’est-ce pas encore très tôt pour autant de compliments ?
Pourquoi ? (rires). Les gens doivent savoir que lorsqu’une personne change, le plus souvent, ce qu’il y a une part de responsabilité soit de son compagnon ou de son mari, etc.
L’homme que vous admirez le plus ?
Mon oncle maternel, Joseph Niyonzima. On ne se voit pas souvent. Mais, chaque fois que l’on se voit, c’est toujours un régal. Grâce à ses conseils, je me sens revivifié.
Votre plus beau souvenir ?
L’année passée, lorsque j’ai gagné mon 1er projet. Au départ, bénévole, des amis qui ont vu mon potentiel me proposent de soumettre mon offre. C’était une ONG désireuse de recruter une maison chargée de dispenser des enseignements en rapport avec l’éducation sexuelle. Un choix payant. Puisque j’ai été sélectionné parmi les 5 maisons qui devraient dispenser ces enseignements. Ce jour-là, je me souviens que j’étais fou de joie. Une opportunité qui m’a ouvert de nombreuses portes.
Votre plus triste souvenir ?
Lorsque ma mère est morte. C’était en 2008. De peu, j’ai failli déprimer.
Quel serait votre plus grand malheur ?
Si un jour, tout ce que j’ai mis du temps à construire venait à voler en éclats .Soit à cause d’une catastrophe naturelle ou de toute autre calamité.
Le plus haut fait de l’histoire burundaise ?
La lutte pour l’indépendance du Burundi. Je rends d’ailleurs un vibrant hommage à toute ces personnes dans l’ombre du prince Louis Rwagasore, qui n’ont ménagé aucun effort, lui prodiguant des conseils.
La plus belle date de l’histoire burundaise ?
Inexorablement, le 1er juillet 1962. L’accession à l’indépendance du Burundi.
La plus terrible ?
Les 11 et 12 décembre 2015. Durant ces deux journées, j’ai vu et vécu l’horreur.
Le métier que vous auriez aimé exercer ?
L’innovation entrepreneuriale. Vous savez, bien que ça ne soit pas encore vérifié, je pense que les déviances sexuelles résultent de la pauvreté. Une fille dont la famille mange à sa faim, quoique des exceptions existent, ne se prostituerait pas.
Votre passe-temps préféré ?
Le sport (soit tapis roulant ou gym) et la prière.
Votre lieu préféré au Burundi ?
Tanganyika Blue Bay à Kagongo (Rumonge).
Le pays où vous aimeriez vivre ?
Sans aucun doute le Burundi. Et ce, pour une simple raison : j’aimerais que ce soit les Burundais qui tirent profit de mon expertise. Parce qu’ailleurs, ils ont leurs experts.
Votre rêve de bonheur ?
Voir ma famille épanouie, à l’abri du besoin, ne manquant de rien.
Votre plat préféré ?
Si les moyens me le permettent, tout ce qui est viande blanche. Sinon, à défaut, je me rabats sur les salades.
Votre souvenir du 1er juin 1993(le jour où le président Ndadaye a été élu) ?
Nous habitions le quartier Bwiza. Et dans cette localité tant unique pour son brassage ethnique, sur certaines avenues, c’était la ferveur. Des gens chantaient… Sur d’autres avenues, des visages contrariés. Mais, ce dont je me souviens parfaitement, c’est la balkanisation qui s’en est suivie, avec le lynchage des gens à cause de leur ethnie.
Comment êtes-vous devenu conseiller conjugal et sexuel?
Depuis jeune, j’ai toujours eu cet ardent désir d’embrasser une carrière qui aiderait la communauté. Ayant fait la scientifique A à l’école secondaire (au lycée du lac Tanganyika), à l’université, je me vois poursuivre l’informatique ou l’économie. Toutefois, j’opte pour la psychologie clinique. A ce moment, à l’église, je fais partie de l’équipe en charge de l’éducation sexuelle des jeunes, etc. Un jour, durant nos formations, un couple de sexologues français en itinérance au pays vient pour dispenser une formation en matière. Compte tenu du feedback, ces formateurs ont suggéré qu’il devait y avoir quelqu’un, de préférence un jeune qui puisse apprendre cette discipline. Et voilà que j’étais choisi. Et maintenant, ma passion est devenue ma profession.
Quand est-ce qu’il faut consulter ?
La tendance actuelle est que les gens pensent qu’il faut consulter quand tout va mal. Une fausse idée. Quand bien même tout va bien, il faut consulter afin que ce bonheur soit pérenne. Aussi, il faut bien savoir que c’est tout le monde qui consulte. Que tu sois en relation ou pas, tout le monde peut consulter.
Est-ce toujours facile de parler de la sexualité avec une telle décontraction?
Tout dépend de la stratégie. Ma philosophie consiste à aborder toutes les questions y relatives comme une thérapie, comme une solution au problème. Et lorsqu’ autrui laisse parler son cœur, au bout de compte, il y a une solution. Dans cette perspective, au cours de mes conférences, je privilégie le débat, l’échange. De la sorte, ce n’est plus moi, le centre de discussion, plutôt, le sujet en soi.
La sexualité est-elle aussi taboue que l’on dit ?
Pas du tout ! Partout, les gens parlent des sujets sexuels à bâtons rompus. Le hic : c’est que la façon de l’aborder reste « débridée ». Sinon, concernant son caractère tabou, je pense qu’elle l’est seulement dans nos ménages, entre les parents et les enfants.
Pourquoi de plus en plus des couples sont amenés à consulter?
Cela dépend. Pour éviter que l’on ne se trompe pas, avant toute approche, l’on demande au patient ses antécédents médicaux. Parce que des fois, le problème peut-être autre que comportemental ou psychologique. Dans cette logique, nous travaillons en étroite collaboration avec certains hôpitaux. Ainsi, de la sorte, avant d’aborder ou de proposer quoi que ce soit lors de nos séances, l’on est certain que si c’est un problème d’érection ou cette « nausée chronique » des rapports sexuels n’est pas organique.
Un « remède-miracle» existe-il à chaque fois?
En tout cas, les résultats sont plus que probants. En témoigne, le nombre de couples qui consultent allant crescendo. Présentement, je vous dirais que j’ai dû déménager et renforcer mon équipe de psychologues, afin que la demande soit comblée.
Comment doit être un mari /femme idéal(e)?
Une question complexe. Parce que le terme « idéal » est relatif. Cela dépend des attentes de tout un chacun. Et comme, les goûts et les couleurs ne se ressemblent pas, ce que l’un considère comme une qualité, ça peut être un défaut pour l’autre. Néanmoins, je pense bien que tout homme ou toute femme doit rechercher ces qualités : l’amour, le respect et la dignité.
On dit qu’il y a un temps requis pour les fiançailles. Est-ce vrai?
Au minimun, une année. Au moins, tu sais son vécu. Et plus que tout, cela te donne du temps, pour voir si elle tient à toi ou non. Sinon la gestion des défauts, c’est au quotidien.
Comment construire une bonne relation au sein du couple?
Sans doute, beaucoup diraient que la communication en est la clé. Cependant, la transparence conjugale prime. Elle est le pilier. Ainsi, vous verrez, dans la plupart des fois, que lorsqu’un couple ne se cache rien, le bonheur conjugal est garanti.
Un souvenir particulier où vos conseils auraient permis de sauver la vie d’un couple?
Les exemples sont légion. Mais, le plus souvent ce qui m’émeut c’est lorsqu’un couple « à l’agonie », en phase de divorce avant de venir consulter, rallume sa flamme de l’amour, et revit. D’après des fiches, j’ai plus de 5 exemples. La spécificité de ce métier, c’est qu’aucun cas ne ressemble à l’autre.
De plus en plus de divorces chez les jeunes couples citadins. Quelle en est la cause ?
-Je dirais qu’ils ne sont pas préparés. Et pour le cas de jeunes citadins, c’est révélateur. La plupart se marient en trimbalant encore certains de leurs péchés mignons avec eux. Ainsi, physiquement et compte tenu de son statut, monsieur X est marié. Mais, dans son comportement, de par son mode de vie(les sorties nocturnes, la façon dont il continue à draguer, etc), il n’a rien changé. Au fond de lui, il reste l’éternel célibataire. Souvent, ce sont de pareils cas qui engendrent le mécontentent de l’un des conjoints. Des fois, s’il ne se ressaisit pas, cela peut engendrer le divorce.
-L’autre cause, ce sont les parents. Lorsque ces derniers ont gâté leur enfant. Continuant de subvenir à ses besoins même marié. Des fois, il arrive que la réalité finisse par te rattraper.
Entre les femmes et les hommes, qui consultent beaucoup plus ?
Les femmes, évidemment. Et cela, résulte du fait qu’en général, elles sont beaucoup plus attachantes et émotives que les hommes. Néanmoins, cela se limite en temps et en espace. Lorsqu’elles lâchent, elles le font pour de bon.
Un célibataire qui conseille des couples mariés. Est-ce toujours facile ?
Nul n’est prophète en son pays, dit-on. Cependant, à l’instar d’un cabinet médical où un vieillard de 80 ans se fait diagnostiquer par un jeune médecin de 30 ans, c’est pareil pour moi.
Votre définition de l’indépendance ?
Lorsqu’autrui ou un pays peut prendre des décisions sans contrainte extérieure aucune.
Votre définition de la démocratie ?
Pour la population, cette liberté de choisir en toute en toute transparence.
Votre définition de la justice ?
Egalité des chances, surtout des droits de tout un chacun devant la loi.
Si vous étiez ministre de la Jeunesse et de la Culture, quelles seraient vos premières mesures ?
-Rénovation des centres d’encadrement des jeunes à travers tout le pays.
-Elaboration des plans d’actions pour appuyer les jeunes dans leurs projets compte tenu du Plan National de Développement.
-Elaboration des programmes d’accompagnement avec un chronogramme bien précis.
Croyez-vous à la bonté humaine ?
C’est ce qui nous reste. Cette once d’humanité qui fait que l’on reste bienveillant envers l’autre, sans pour autant connaître ses origines.
Pensez-vous à la mort ?
Je n’y pense jamais. Si c’est une certitude, pourquoi perdre son temps la dessus.
Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ?
Merci pour tous vos bienfaits.
Propos recueillis par Hervé Mugisha
Uti un malade de 80 ans avugwa n »umuganga wa 30 ans sico kimwe ntaho bihuriye !! Urava mubucélibat urongore niho uzobona ko bitoroshe muta !!! Tu te rendras comptes que tes conseils n’ont pas tjrs de résultats .
Twizere ko ata charlatanisme nyinshi yuzuyemwo