Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Athanase Ntiyanogeye.
Votre qualité principale ?
N’avoir pas été tenté d’occuper des places politiques de haut rang depuis ma carrière en 1979 à la Radio nationale.
Votre défaut principal ?
Je prends des décisions difficilement surtout quand il faut être ferme dans certaines situations.
La qualité que vous préférez chez les autres ?
La franchise et la non complaisance.
Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ?
Etre mesquin et certaines bassesses.
L’homme que vous admirez le plus ?
Le prince Louis Rwagasore qui a tout abandonné au palais de son père pour se consacrer à l’indépendance de son pays.
Votre plus beau souvenir ?
La présentation du premier journal télévisé le 1er décembre 1984.
Votre plus triste souvenir ?
La mort de mes camarades de classe Hutu en 1972. J’étais en 10ème à l’Athénée de Bujumbura.
Quel serait votre plus grand malheur ?
Ne pas revenir avec un diplôme universitaire après mes études de journalisme en France.
Le plus haut fait de l’histoire burundaise ?
La fin du monopartisme en 1992
La plus belle date de l’histoire burundaise ?
Le début des débats contradictoires dans les médias en 1992
La plus terrible ?
La mort du président Ndadaye et les massacres qui ont suivi.
Le métier que vous auriez aimé faire ?
Etre médecin nutritionniste et diététicien.
Votre passe-temps préféré ?
Suivre les grands championnats de football en Afrique et dans le monde.
Votre lieu préféré au Burundi ?
Le Palais des arts qui me rappelle les grands spectacles culturels.
Le pays où vous aimeriez vivre ?
Le Burundi.
Le voyage que vous aimeriez faire ?
L’Ile-Maurice pour découvrir le pas de géant que l’île a franchi en matière économique.
Votre rêve de bonheur ?
Etre une référence au niveau de la sagesse et de la stabilité dans le métier de journaliste.
Votre plat préféré ?
La pâte de maïs mélangée avec les légumes et les poissons non gras.
Votre chanson préférée ?
Celle de Canjo Amissi « Komeza iyo ntahe ».
Quelle radio écoutez-vous ?
Je fais un survol pour comparer.
Avez-vous une devise ?
La sincérité, le courage et la stabilité d’esprit.
Votre souvenir du 1er juin 1993 ?
Je m’abstiens.
Votre définition de l’indépendance ?
Etre capable de gérer le pays comme un bon patriote rassembleur et ayant une vision de développement durable dans tous les secteurs comme le président Jean Baptiste Bagaza avait tenté de le faire.
Votre définition de la démocratie ?
La démocratie suppose d’abord des démocrates qui comprennent son sens profond et ses grands piliers : la tolérance, les idées constructives notamment. Pour cela, il faut que les gens soient instruits.
Votre définition de la justice ?
Les gens sont égaux devant la loi.
Si vous étiez ministre de la Communication, quelles seraient vos deux premières mesures ?
Former les journalistes selon les règles du métier, développer ensuite une presse responsable, respectueuse de la loi, et des journalistes gagnés à la cause de la paix et la cohésion sociale. Développer aussi les médias de proximité au service du développement.
Si vous étiez ministre de la Culture, quelles seraient vos deux premières mesures ?
Réhabiliter les valeurs culturelles de nos ancêtres tout en les associant avec les valeurs positives de la modernité.
Croyez-vous à la bonté humaine ?
Oui il y a des gens qui affichent une certaine bonté humaine. Je me garde de citer des exemples.
Pensez-vous à la mort ?
Oui, mais en laissant quelques bons souvenirs auprès de ma progéniture, des voisins et les autres.
Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ?
Je Lui dirai que je suis très reconnaissant car il m’a donné des jours supplémentaires au cours d’un accident mortel survenu il y a 8 mois.
Propos recueillis par Fabrice Manirakiza