Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Athanase Bakunda.
Votre qualité principale ?
Bon formateur et médiateur social.
Votre défaut principal ?
Confiance désintéressée envers les collaborateurs, je m’accorde peu de repos.
La qualité que vous préférez chez les autres ?
L’honnêteté, la tolérance et l’humanisme.
Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ?
La malhonnêteté et la méchanceté.
La femme que vous admirez le plus ?
C’est mon épouse qui a brillé dans plusieurs domaines notamment familial, éducatif, sportif, politique, associatif et religieux. Il y a aussi Maggy au niveau national et Angela Merkel au niveau international.
L’homme que vous admirez le plus ?
Melchior Ndadaye, mais aussi Rwagasore, Mandela et Obama.
Qui aimeriez-vous être ?
Un homme à l’écoute des autres, un enseignant et un membre d’un mouvement humanitaire.
Votre plus beau souvenir ?
Obtention de mon Doctorat en Maths, la victoire de Ndadaye Melchior (premier président élu démocratiquement) , mon élection démocratique à la présidence de la Diaspora Burundaise en Belgique, ma nomination à l’Association des Universités africaines(AUA).
Votre plus triste souvenir ?
Les événements douloureux de 1972, l’assassinat ignoble du président Melchior Ndadaye et la mort de mon papa.
Quel serait votre plus grand malheur ?
De ne pas voir le peuple burundais se réconcilier avec lui-même et de ne pas retourner dans mon pays natal.
Le plus haut fait de l’histoire burundaise ?
L’indépendance du Burundi en 1962, l’avènement de la démocratie en 1993 et l’Accord d’Arusha en 2000.
La plus belle date de l’histoire burundaise ?
Le 1er juillet 1962 et le 1er juin 1993.
La plus terrible ?
Le 13 octobre 1961, le 29 avril 1972 et le 21 octobre 1993.
Le métier que vous auriez aimé faire ?
Professeur Ordinaire d’Université.
Votre passe-temps préféré ?
Dans les mouvements associatifs, les cours complémentaires et le sport (le basketball, la marche et le vélo).
Votre lieu préféré au Burundi ?
Le long du lac Tanganyika.
Le pays où vous aimeriez vivre ?
Le Burundi.
Le voyage que vous aimeriez faire ?
Canada, Japon et Brésil.
Votre rêve de bonheur?
Voir le Burundi en paix et en développement harmonieux et les gens vivre en parfaite entraide.
Votre plat préféré ?
Pâte de manioc (ubuswage) avec sauce ndagala.
Votre chanson préférée?
« SINOGENDA NTASHIMYE », parce que dans la vie il faut remercier les bienfaiteurs et le Tout-Puissant.
Avez-vous une devise ?
Honnêteté, démocratie et entraide sociale.
Votre souvenir du 1er juin 1993 ? Comment avez-vous vécu ce moment ?
C’est le grand souvenir heureux de ma vie, je voyais finalement réaliser mon rêve de démocratie pour réconcilier le peuple burundais meurtri depuis des années d’une façon répétitive et choisir librement ses dirigeants notamment le premier président élu démocratiquement. J’ai vécu cela avec joie quoique j’avais des doutes énormes. Le lendemain ne m’a pas contredit.
Si aujourd’hui vous étiez nommé ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, dites- nous quelles seraient vos trois premières mesures ?
Ayant été Vice-Recteur et Directeur d’Université, ayant travaillé à l’AUA avec le programme de l’assurance de la qualité de formation dans l’enseignement supérieur (Quality Assurance in Higher Education), ayant enseigné pendant plusieurs années dans plusieurs universités tant africaines qu’européennes, j’ai du pain à mettre sur la table. Mes 3 premières mesures seraient :
-La Restructuration de l’Université du Burundi et sa nouvelle base de coopération avec d’autres universités étrangères.
-La révision du prêt-bourse.
-La structuration de la formation et de la diplomation dans les universités privées.
Si vous étiez recteur de l’Université du Burundi, dites-nous quelles seraient vos trois premières mesures pour relever le niveau académique et l ‘image de l’institution ?
-La restructuration concertée de l’Université du Burundi afin de rentabiliser les différents services académiques de formation au plus haut niveau et la coopération interuniversitaire plus accrue.
-L’introduction effective du contrôle normé de la Qualité de Formation (Quality Assurance in UB) et la formation des formateurs. Sur ce, les TIC, l’équipement et la multiplication des laboratoires, l’Ecole Doctorale devraient avoir de plus une place de choix.
-La création d’une cellule spéciale de collaboration entre les formateurs des écoles terminales de l’Ecole Secondaire et des premières années de l’Université.
Votre définition de l’indépendance?
La définition de l’indépendance est très complexe. C’est ainsi que l’on parlera de l’indépendance simple, l’indépendance d’un pays, l’indépendance nationale, l’indépendance en justice, l’indépendance en Mathématique… Toutefois, pour ne pas plonger dans la litanie dialectique, l’indépendance est l’absence de relation entre différentes entités. Pour commencer, étant mathématicien, en théorie des probabilités (ma spécialité), l’indépendance désigne une propriété de disjonction entre des lois de probabilité. En politique, l’indépendance est, pour un pays, une organisation politique ou une branche de gouvernement, l’acquisition de son autonomie. Toutefois, les pays africains sont-ils réellement indépendants au regard de la définition dans les dictionnaires ? Non, bien sûr ! Il y a des indices/indicateurs de l’indépendance qui doivent entrer en jeu.
Votre définition de la démocratie?
Comme pour l’indépendance, la définition de la démocratie est complexe aussi. Au niveau social, la démocratie est aussi un système de rapports établis à l’intérieur d’une institution, d’un groupe, etc., où il est tenu compte, aux divers niveaux hiérarchiques, des avis de ceux qui ont à exécuter les tâches commandées. Au niveau politique, la démocratie est une forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple.
Mais la démocratie est difficile à quantifier et par conséquent à définir correctement. Car ici, il y a aussi des indices/indicateurs qui interviennent, entrent en jeu et la liste n’est pas exhaustive (cfr démocratie à l’africaine !). Même en mathématique (En Recherche Opérationnelle, Théorie du Choix social de l’Aide multicritère à la Décision), il y a eu plusieurs recherches aboutissant aux thèses de doctorants qui ont montré que finalement la démocratie intrinsèque n’existe pas.
Votre définition de la justice?
La justice rime avec le droit. Si nous restons dans la généralité, la justice est une juste appréciation, reconnaissance et le respect des droits et du mérite de chacun. On dira souvent : agir avec justice. La justice est aussi le principe moral de conformité au droit (faire régner la justice). C’est aussi droit de dire ce qui est légalement juste ou injuste, condamnable ou non, ce qui est le droit (exercer la justice avec rigueur). Sans entrer dans les détails, il y a trois formes de justice qu’on rencontre dans l’exercice du droit : la justice corrective, la justice punitive, la justice distributive.
Croyez-vous à la bonté humaine ?
Oui pour deux raisons. La première : l’homme naît naturellement bon. C’est pendant son évolution qu’il peut être corrompu, mal éduqué, transformé dans le mauvais sens par la société dans laquelle il vit. La deuxième : dans la société, il y a des personnes de bonté qui offrent de bonnes choses aux prochains, qui aident les autres, qui cherchent du bien à tout le monde… Toutefois croire à la bonté intrinsèque de l’homme n’est pas mon avis.
Pensez-vous à la mort ?
Oui j’y pense. La mort existe et chacun l’attend à tout moment. Seulement, il ne faudrait pas que la mort nous hante tout le temps.
Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ?
Ceci est une question de haute croyance qui reste difficile à cerner.
Propos recueillis par Antoine Kaburahe
Q: Le métier que vous auriez aimé faire.
R: Professeur ordinaire d’université.
Commentaire: Professeur ordinaire d’université, ce n’est pas un métier. C’est un grade.
Avec cette rubrique je m interesse souvent aux reponses sur les questions la plus belle date de l histoire … et la plus terrible… et la reponse est souvent le 01/07/1962 et le 13/10/1961 pour certains et le 01/06/1993 et le 21/10/1993 pour d autres… Ceci montre souvent malheureusement une lecture de l histoire du Burundi « éthnique ». C est juste mon pont de vue….
@Claypton
Défi: donnez vos réponses à ces questions et on verra si vous êtes parvenu, vous, à vous débarrasser du virus éthnique des Grands-Lacs africains.
Mr Bakunda il est intelligeant ntawobiharira. Il a été mon vice-récteur à l’Universiité du Burundi malheureusement hari mubihe bibi que le pays s traversé!!
« Ayant été Vice-Recteur et Directeur d’Université, ayant travaillé à l’AUA avec le programme de l’assurance de la qualité de formation dans l’enseignement supérieur (Quality Assurance in Higher Education), ayant enseigné pendant plusieurs années dans plusieurs universités tant africaines qu’européennes, »
Quel CV! J’espère qu’il n’est pas un peu gonflé.
« Gonfler »?!?! pour quels mobiles et pour quelles finalités? N’est-ce pas une façon de témoigner à son endroit une « mauvaise foi », une sorte de « dénigrement » mais là aussi: quels sont les motivations profondes qui te poussent à agir ainsi?
Désolé de vous avoir choqué, ce n’était pas mon intention. Loin de moi l’idée de vouloir dénigrer notre professeur qui a réalisé des choses pour sa communauté (nationale), dont je ne peux pas avoir la prétention d’en avoir réalisé la moitié.
Par contre il arrive que des personnes gonflent leurs réalisations dans le souci d’agrandir leur égo. Il ne serait, ni le premier, ni le dernier.