Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. Une occasion pour les anciens d’enseigner, avec l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais, au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient et contestaient car, tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Armel Chabel Marial Ngendakumana.
Votre qualité principale ?
L’organisation.
Votre principal défaut ?
La perfection.
Pouvez-vous expliquer ?
J’aime tellement la perfection au point que, des fois, cela m’empêche de finir à temps ce que j’entreprends. Une qualité dans la mesure où ce qui est bien fait est beau à voir et un défaut pour moi parce que je suis souvent en retard à cause de ça. Je suis très minutieux.
Qu’elles sont vos préférences dans le métier d’artiste ?
C’est difficile d’expliquer. Tout d’abord je suis un grand fan de la bonne musique. Par exemple, quand je suis au studio, c’est comme si toutes les bonnes choses se sont données rendez-vous en moi. Je me sens transporté dans une autre dimension. Je ne sais pas si c’est spirituel mais dans un autre monde. Je considère comme un petit paradis mes moments d’enregistrement de la musique ou de prestation. Rien n’est comparable.
La qualité que vous préférez chez les autres ?
L’assiduité.
Exemple ?
Je ne suis pas bleu dans la musique et je sais reconnaître l’état de motivation d’un artiste. Un artiste qui se donne m’a toujours impressionné. J’aime aussi un artiste talentueux.
Les défauts que vous ne supportez pas chez les artistes ?
Le manque de respect. Ça ne mène nulle part.
Très motivé et appliqué dans le métier, où trouvez-vous l’émulation ?
Je considère le métier que j’exerce comme mon âme parce que ça occupe toutes mes pensées et du coup mon intellect.
Pouvez-vous expliquer ?
J’ai ma vision et j’ai aussi des objectifs à atteindre. Cela me donne du tonus de ne jamais baisser les bras.
Quel est votre point de vue par rapport aux artistes d’ici chez nous ?
Depuis l’existence de la musique urbaine, les talents se sont diversifiés. Mais, ce qui est sûr, c’est que le passé est en train de nous apprendre beaucoup surtout quand nous voyons comment certains artistes finissent. Nous avons de très bonnes graines, mais les fruits qu’elles nous donnent ne sont pas satisfaisants. Il n’y a pas de suivi comme l’arrosage, le fumier. Nous faisons face à un manque de moyens et de soutien sinon, toutes les bonnes choses sont là.
Votre plus beau souvenir ?
J’ai une mémoire de poule. Mais, j’en vois beaucoup comme beaux souvenirs. On en parlera une autre fois.
Quelle est la femme que vous admirez ?
Je dirais la femme que j’admirerais. Celle qui pourra être une bonne compagne. Qui me soutiendra dans tout et qui sera ma confidente. Je prévois l’avoir bientôt. (Rire)
Le métier que vous auriez aimé exercer ?
La politique (rire). Ou encore l’évangélisation. Mais, il y a plus que tout ça. Être médecin. D’ailleurs on m’appelle souvent docteur.
Pourquoi ?
J’ai de la compassion. J’éprouve une grande pitié envers des gens qui souffrent.
Votre passe-temps préféré ?
J’aime le sport, pas le faire, mais regarder (rire). Je suis un grand fan de football et dans le futur, je prévois investir dans ce domaine.
Votre lieu préféré ?
Être dans un espace ouvert.
Pouvez-vous expliquer ?
Être dans la nature, seul, un endroit où on peut entendre le chant des oiseaux, le vent siffler.
Le voyage que vous aimeriez faire ?
Peut-être aller sur Mars. Tous les endroits ici sur terre me paraissent semblables.
Votre rêve de bonheur ?
Vivre longtemps avec ma femme et voir mes enfants grandir. Et aussi voir le résultat de mes projets.
Votre plat préféré ?
Le riz doit faire partie du menu. Quel que soit le plat (rire).
Votre chanson préférée ?
Actuellement, de façon générale et cela dépend de la situation, une chanson que je vois et que je dédierais à tous les Burundais c’est « Three little birds » de Bob Marley. Les Burundais en ont besoin en ce moment.
Votre devise ?
Honnêteté, fraternité, transparence et solidarité.
Croyez-vous à la bonté humaine ?
Cela pourrait être aussi ma devise. Il y a l’humanisme. L’humanisme englobe tout parce que sans humanisme, personne n’arrive nulle part. De mon côté, je me suis souvent sacrifié pour les autres notamment dans la promotion de certains artistes au point que j’ai failli risquer ma propre carrière. L’exemple le plus frappant est celui de notre héros national Rwagasore qui a tout donné jusqu’à donner sa vie.
Pensez-vous à la mort ?
Souvent même.
Comment ?
D’abord j’ai un mauvais souvenir de la mort. Mon père est mort, mais il est mort heureux. Il nous a dit, j’ai passé toute ma vie à servir Dieu et j’ai travaillé pour être là où je vais aller.
Donc, si je meurs, faites des louanges parce je serai déjà à la maison. La mort est un passage obligatoire qui mène dans une autre vie. Ce qui fait que je n’ai pas peur d’elle. D’ailleurs, penser à la mort me pousse à travailler sans relâche pour pouvoir traverser cet espace de la vie avec quelque chose de déjà accompli. On a un temps bien déterminé et je me dis que chacun a une mission qu’il doit accomplir.
Si vous comparaissiez devant Dieu, que lui demanderiez-vous ?
Sa sagesse pour pouvoir bien accomplir ma mission et recréer le côté humain chez les Burundais.
Propos recueillis par Stanislas Kaburungu