Dimanche 22 décembre 2024

Culture

Au Coin du feu avec Acher Niyonizigiye

30/01/2021 Commentaires fermés sur Au Coin du feu avec Acher Niyonizigiye

Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Acher Niyonizigiye.

Votre qualité principale ?

J’aime tellement être au service des autres que j’ai besoin des garde-fous pour ne pas trop m’oublier.

Votre défaut principal ?

Le perfectionnisme ! Il m’est extrêmement difficile de supporter ce qui est mal fait.

La qualité que vous préférez chez les autres ?

L’honnêteté. J’aime les gens dont la parole révèle leurs vraies intentions.

Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ?

La malhonnêteté. Une personne qui dit le contraire de ce qu’elle croit ou veut,. Je n’aime vraiment pas.

La femme que vous admirez le plus ?

Ma maman. Elle a fait preuve d’un rare sens d’engagement et de ténacité. Quand je publierai mon prochain roman, elle en sera l’héroïne.

L’homme que vous admirez le plus ?

Lee Kwan Yew. Il a transformé le Singapour d’un pays pauvre et sans avenir à ce qu’il est aujourd’hui.

Votre plus beau souvenir ?

Le jour où j’ai composé ma première chanson. J’étais couché sous un arbre, avec un jardin « sauvage » tout autour et un ciel tout bleu au-dessus. Cette scène m’a tellement ému que j’ai senti la mélodie et les paroles venir spontanément. Cela fait trente ans, mais chaque fois que j’y pense, toute la scène redevient vivante.

Votre plus triste souvenir ?

Le jour où j’ai appris que ma grand-mère était morte. Elle avait beaucoup marqué mon enfance.

Quel serait votre plus grand malheur ?

Mourir sans avoir accompli ma mission sur la terre. Je crois que je suis ici pour rendre meilleur ne fût-ce qu’un petit coin du monde. Pour moi, ne pas le faire serait gâcher ma vie.

Le plus haut fait de l’histoire burundaise ?

L’indépendance. Quand un peuple recouvre sa souveraineté, c’est un gros point marqué sur le tableau des grandes réalisations.

La plus belle date de l’histoire burundaise ?

Le 1er Juillet 1962 – le jour de la proclamation de l’indépendance du Burundi.

La plus terrible ?

Le 6 Juin 1903 (signature du traité de Kiganda), quand le pays a perdu sa souveraineté. Cela n’était jamais arrivé avant et j’espère que ça n’arrivera jamais dans l’avenir.

Le métier que vous auriez aimé faire ?

Médecin (c’était pour moi la meilleure façon de servir)

Votre passe-temps préféré ?

La lecture. Les livres me font faire des voyages extraordinaires.

Votre lieu préféré au Burundi ?

Bugarama (et la région de la crête, en général). Le froid, la magnifique vue d’un paysage varié (collines, montagnes, vallées, etc.). Le brouillard ajoute une touche qui me rappelle le lieu de mon enfance.

Le pays où vous aimeriez vivre ?

La Norvège. J’admire profondément la culture du leadership serviteur qui caractérise les décideurs de ce pays ainsi que les bénéfices sociaux de la social democracy. J’aimerais voir cela de mes propres yeux. Seulement, je ne saurais y vivre indéfiniment.

Le voyage que vous aimeriez faire ?

J’aimerai visiter le pôle Nord (ou sud) pour voir à quoi le monde ressemble à ce point précis.

Votre rêve de bonheur ?

Une vie simple mais utile dans un environnement naturel, l’air pur, à proximité des animaux sauvages mais inoffensifs.

Votre plat préféré ?

Poissons (mukeke de préférence) avec une sauce aux épices légèrement pimentées.

Votre chanson préférée?

« Look for me for I will be there too »! Chanté par un groupe gospel Américain « The Gaither Vocal Band ».

Quelle radio écoutez-vous ?

Radio France International

Avez-vous une devise ?

Oui. « Aimer et servir »

Votre souvenir du 1er juin 1993 (élection du président Ndadaye) ?

De la joie pour les uns et de la tristesse pour les autres. Une situation contradictoire.

Votre définition de l’indépendance ?

Prendre ses destinées en main, autosuffisance économique et interdépendance commerciale et technologique.

Votre définition de la démocratie ?

Un peuple éclairé qui décide librement la vie qu’il mérite en élisant des dirigeants dont la vision et la passion correspondent à ses aspirations.

Votre définition de la justice ?

La justice, c’est quand on a ce à quoi on a droit sans devoir faire recours à ses connaissances, donner quoi que ce soit ou brandir son statut social, économique ou politique.

Coach en développement personnel. En quoi consiste cette discipline ?

Aider les gens à identifier les failles dans leurs habitudes et à les corriger pour vivre des vies équilibrées et plus productives.

De plus en plus de querelles au sein des Eglises. Pourquoi d’après vous, quelle en est la cause ?

Des ambitions égoïstes qui conduisent à la manipulation de la religion à des fins personnelles.

Expert en résolution pacifique des conflits, qu’est ce qui manque pour que le Burundi recouvre pleinement la paix ?

Il y a trop de blessures émotionnelles et de traumatismes de masse non encore traités ou superficiellement traités.

Votre point de vue sur le travail de la CVR ?

Un travail nécessaire qui n’est que le début d’un long processus. La finalité du travail dépendra de la gestion de tout le processus.

Comment voyez-vous le leadership des jeunes ?

Leur engagement est encourageant. Ils ont juste besoin d’être plus stratèges et de développer une vue d’ensemble pour avoir un impact durable.

Votre regard sur le système éducatif burundais ?

En tant qu’enseignant, je trouve que la qualité a beaucoup chuté.

Quelles mesures phares prendriez-vous si vous étiez ministre de l’Éducation nationale?

Je plaiderais pour une augmentation du budget du ministère à hauteur d’au moins 10%. Ensuite, je me battrais pour doter chaque commune d’une grande école à internat et bien équipée. Et pour valoriser le métier par un traitement salarial qui honore les enseignants.

Croyez-vous à la bonté humaine ?

Absolument. Il y a un grain de bonté qui ne meurt jamais dans l’homme – même chez le pire des criminels.

Pensez-vous à la mort ?

Oui, comme un très bon test de la façon dont on a vécu car, on meurt comme on a vécu. La qualité de la vie détermine la qualité de la mort.

Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ?

Cher Dieu, merci de m’avoir donné la vie pour x… années. J’espère que je ne l’ai pas gâchée !

Propos recueillis par Jérémie Misago

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Bio-express

Né en 1978 à Vugizo, en province de Makamba, Acher Niyonizigiye est marié et père de trois enfants. Sa formation universitaire académique combine littérature et linguistique anglaises (Licence) et la théologie et la Bible (Master). Il a suivi plusieurs formations non académiques dans le domaine du leadership, de la gouvernance, du coaching, de la réconciliation et de la gestion du stress et des traumatismes de masse. Niyonizigiye est consultant en leadership, gouvernance et développement personnel. Il est également enseignant d’universités, formateur et coach (coach de vie / life coach) certifié par la Fondation Internationale de Leadership. Passionné de lecture, il est auteur de cinq livres. Il est actuellement engagé dans la création d’un mouvement de leaders serviteurs du Burundi.

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