Une représentation accrue, des projets de développement répondant à leurs aspirations, traduction des promesses en actes…. Telles sont quelques-unes des préoccupations et doléances émises à l’endroit des partis politiques par les jeunes et les femmes de la commune Rugombo, en province de Cibitoke. C’est à l’approche des élections de 2025 en vue de renforcer la participation citoyenne et la consolidation de la démocratie au Burundi. Du côté des politiques, les solutions à ces défis divergent. Iwacu a fait une descente.
Dossier réalisé par Félix Haburiyakira, Jérémie Misago, Jules Bercy Igiraneza et Emélyne Ndabashika
Pour les jeunes de la commune Rugombo, la lutte contre le chômage constitue le nœud des préoccupations. Gilbert Manirambona, cultivateur de 25 ans à la colline Kagazi, résume cet impératif : « Les autorités élues doivent donner du travail aux jeunes pour diminuer la pauvreté. En tant que jeune, je plaide pour des candidats capables de développer le pays ».
Cette demande résonne comme un cri d’alarme dans une région où l’agriculture occupe 80 % de la population. Les perspectives restent limitées. Les terres s’appauvrissent, les récoltes fluctuent. Les jeunes diplômés se retrouvent souvent contraints à l’exil ou à de petits boulots précaires.
Claude Miburo, 28 ans, habitant de la même colline, abonde dans le même sens. « Nous avons besoin de députés qui défendront nos projets. Beaucoup d’entre nous ont des projets d’élevage, d’artisanat, et de création des coopératives agricoles. Mais, sans financement, tout reste hypothétique. ». Selon lui, les listes électorales incluent des jeunes, mais leur présence symbolique ne suffit pas. « Il faut des budgets concrets, des formations, et un suivi des initiatives locales », insiste-t-il.
« Les futurs élus devront prioriser la lutte contre le chômage des jeunes. Réduire le taux de chômage est essentiel. Lorsqu’un jeune n’a pas d’emploi, cela devient la source de nombreux problèmes. », explique Alex Ciza, président de la Ligue des jeunes du parti Sahwanya-Frodebu dans la province de Cibitoke,
Eric Irankunda, 24 ans, membre du parti au pouvoir (CNDD-FDD), partage ce constat. « Le chômage est la racine de tous nos problèmes. Un jeune sans emploi est exposé à la criminalité ou à la manipulation politique. » Pour lui, les futurs élus doivent impliquer les jeunes dans les projets de développement communautaire. « Pourquoi ne pas créer des fermes modèles ou des ateliers de formation technique ici, à Rugombo ? », interpelle-t-il.
Les préoccupations convergent
« En tant que chômeurs, les projets que nous attendons des futurs élus sont concrets. D’abord, nous voulons la création des coopératives pour nous permettre de nous développer économiquement. Ensuite, nous avons besoin d’un accompagnement dans l’élaboration de nos projets. L’amélioration des infrastructures est également cruciale, notamment la construction d’un marché moderne. Car le développement doit profiter à tous et équitablement. Quand le pays avance, nous devons tous en récolter les fruits », plaide Claude Nzoyihaya, un jeune de la localité de Kagazi
Du côté de l’opposition, Alex Ciza, président la ligue des jeunes du parti du Héros de la démocratie au niveau de la province de Cibitoke, renchérit : « Notre parti mise sur l’entrepreneuriat. Mais sans appui de l’État, les jeunes ne peuvent rien bâtir. Les élus doivent allouer des fonds spécifiques aux projets pour la jeunesse. »
Thierry Irandemesha, un jeune de 18 ans vivant également sur la colline Kagazi, avoue ne pas s’être encore inscrit sur les listes électorales. Néanmoins, il a des doléances claires pour sa localité. « Les projets que je souhaite voir se concrétiser concernent l’approvisionnement en eau, qui est insuffisante. » Comme d’autres jeunes de la région, il estime que les infrastructures doivent être renforcées pour améliorer les conditions de vie des habitants.
Gérard Niyondiko, chef de la colline Kagazi, a sensibilisé de nombreux jeunes à l’importance de l’inscription sur les listes électorales. Il met en avant les besoins essentiels de sa communauté. « L’eau manque dans notre localité. Pour obtenir un bidon de 20 l, il faut payer entre 200 et 500 FBu. Ce qui est un problème pour ceux qui n’ont pas d’argent. Nous avons également besoin d’électricité, de routes praticables, d’écoles et d’hôpitaux. » Il illustre son propos en montrant l’état déplorable des routes de la colline. « Regarde cette route. Elle est quasiment impraticable. Il y a plusieurs nids de poule et cela cause souvent des accidents. »
Quid de la représentativité des jeunes ?
Dans la commune Rugombo, les jeunes interpellent les futurs candidats aux élections de 2025. Ils exigent une place utile dans les instances décisionnelles. « Les jeunes sont sur les listes électorales, mais leur présence reste symbolique », épingle Claude Miburo, 28 ans. Comme lui, beaucoup réclament une participation politique concrète, loin des promesses non jamais tenues.
Si plusieurs jeunes figurent sur les listes de candidats, leur influence réelle reste limitée. Eric Irankunda, 24 ans et membre du parti au pouvoir, reconnaît des progrès : « Des jeunes sont des candidats, mais ils doivent pouvoir proposer des lois qui nous concernent. »
Du côté de l’opposition, Alex Ciza nuance : « En ce qui concerne la représentation des jeunes aux élections législatives, la situation n’est pas réellement satisfaisante. Certes, nous avons quelques avancées : notre président au niveau national est un jeune qui vient tout juste de quitter la catégorie des jeunes militants. De plus, plusieurs jeunes figurent sur nos listes électorales. Cependant, force est de constater que cette représentation reste insuffisante par rapport à nos attentes et à notre poids démographique. », fait remarquer ce jeune leader habitant au centre de Rugombo.
Thierry Irandemesha, illustre le scepticisme ambiant : « Je ne suis pas inscrit sur les listes électorales, je n’ai pas été au courant du processus »
Dans la commune Rugombo, il est difficile de trouver des jeunes non engagés dans le processus. Si beaucoup affirment s’être inscrits, certains reconnaissent ne pas avoir accompli cette démarche. Face à cette situation, le chef de la colline Kagazi a mené une action de sensibilisation : « J’ai incité des centaines de jeunes pour s’inscrire. Sans notre participation électorale, nos doléances resteront ignorées. »
D’un côté, les jeunes de Rugombo gardent espoir quant aux futures élections. De l’autre, ils n’oublient pas les déceptions passées. Claude Miburo garde espoir : « Si nous élisons un député de Kagazi, il portera nos projets à l’Assemblée nationale. » Pour Eric Irankunda, la priorité est de transformer les promesses en actions : « Un jeune élu doit comprendre nos défis : le chômage, le manque de formations, l’exode. »
Cohabitation politique : un terrain fragile
Gervais Hatungimana, membre du parti de l’Aigle à la colline Samwe, témoigne d’un apaisement récent : « Chez nous, aucune violence entre jeunes de différents partis. La preuve en est que lors des travaux de développement communautaires, nous réparons ensemble les routes et les fontaines. »

Un constat partagé par Gérard Niyondiko, chef de la colline Kagazi : « La cohabitation entre les jeunes est bonne aujourd’hui. Les jeunes ont collaboré récemment pour creuser des canaux d’irrigation. Lors des travaux de développement communautaires, nous travaillons ensemble pour le développement de la colline. »
Cette paix demeure cependant précaire. Claude Nzoyihaya de la colline Kagazi évoque les tensions passées : « Avant, il y avait des affrontements entre jeunes de différents partis politiques, surtout pendant les élections de 2020. Mais aujourd’hui, la jeunesse a pris conscience. » Un héritage conflictuel que les nouvelles générations s’efforcent désormais de surmonter.
« Actuellement, il n’y a pas de violences entre les jeunes des différents partis politiques. Cependant, les problèmes apparaissent à l’approche des élections. C’est à ce moment précis que les tensions commencent à émerger. » un constat du parti Sahwanya- Frodebu.
Si la situation s’est améliorée, les jeunes restent vigilants. Claude Nzoyihaya insiste sur la nécessité de rompre avec les vieux démons : « Pour parvenir au développement, les jeunes ne doivent pas se laisser manipuler. Ils doivent s’engager activement dans l’élaboration de leurs projets de développement, tout en évitant les divisions basées sur l’appartenance politique. Il est essentiel que les jeunes des différents partis politiques ne se considèrent pas comme des ennemis ».

Alex Ciza, abonde dans le même sens : « J’appelle tous les membres de notre parti à éviter de ternir leur image afin que la société reconnaisse qu’ils sont véritablement compétents. C’est par leurs qualités exemplaires qu’ils pourront être élus. Le même principe s’applique aux jeunes des autres partis politiques ».
Un message qu’il lance à tous les partis. Pour ce jeune leader, les autres militants ne sont pas des ennemis, mais des adversaires politiques. Et d’insister : « Il faut également que les jeunes des autres partis politiques comprennent que ceux qui n’appartiennent pas à leur formation politique ne sont pas des ennemis, mais simplement des adversaires politiques ».
A tout prix le bien-être politico-économique et social
« Je me suis faite enrôler pour pouvoir voter lors des élections de 2025 et je suis contente d’y participer », témoigne B.N., une femme de la colline Kagazi. Elle indique que pour les élections prochaines, les candidats devraient présenter des projets réalisables qui vont permettre d’atteindre le développement intégral des femmes. « La promotion du commerce et l’apprentissage de nouvelles techniques dans l’agriculture et l’élevage nous seraient d’une grande utilité dans cette commune », estime cette habitante de Kagazi.

De son côté, J.H. préconise l’entrepreneuriat féminin pour relever le niveau économique des femmes de cette commune. « Nous voulons contribuer nous aussi aux dépenses du ménage pour appuyer nos époux ». Elle ajoute qu’un accès facile aux crédits leur faciliterait pour bien mener leurs activités de commerce.
Selon Francine Kabondo, femme leader dans la zone Cibitoke, les projets de développement à mettre en avant pour ceux qui veulent se faire élire sont multiples. « Pour ma part, la priorité c’est renforcer le domaine de l’éducation pour que le pays ait plus de personnes bien éduquées et instruites. »
Elle plaide pour la construction des hôpitaux proches de la population pour une meilleure couverture sanitaire « L’adduction de l’eau potable est nécessaire aussi car il y a un manque criant d’eau dans cette localité ».
Cette activiste des droits de la femme est aussi préoccupée par le déficit énergétique. « Les coupures intempestives de chaque jour nous fatiguent. On veut une alimentation constante en électricité dans cette commune ».
Enfin, Mme Kabondo propose la mise en place des associations féminines qui rassemblent les femmes dans les activités génératrices de revenus pour contribuer à l’autonomisation économique de la femme.
Les jeunes filles se disent préoccupées
Sur la colline Mparambo I, les jeunes filles interpellent les futurs candidats aux élections de mettre en avant des projets spécifiques visant la réduction du chômage.
« Il faut la diminution du chômage chez les jeunes en créant des entreprises pouvant embaucher un grand nombre de jeunes », fait savoir L. M, une jeune fille rencontrée dans une pharmacie.
Pour Fidia Tuyishimire, agente de Lumicash sur cette colline, le commerce devrait être mis en avant tout en recommandant aux futurs candidats élus de réguler la flambée des prix des produits de première nécessité. « Je voudrais qu’il y ait une régulation dans la fixation des prix des produits se trouvant sur le marché ». Selon elle, il faut que les commerçants arrêtent d’augmenter les prix comme ils veulent.
Elle ajoute que les projets concernant la santé, l’élevage et l’agriculture devraient aussi figurer dans le plan de développement de la commune Rugombo.
Sans la paix rien n’est possible
Les femmes rencontrées sur la colline Samwe en zone et commune Rugombo, en appellent aux élections apaisées. Pour elles, les futurs compétiteurs devraient s’abstenir de tout acte pouvant perturber la paix qui règne sur cette colline.
Par ailleurs, elles soutiennent et encouragent les femmes qui sont sur les listes tout en promettant de les élire.

« Je souhaite vivement une plus grande participation politique de la femme et de la jeune fille », indique M.B., une jeune fille de cette colline. Elle estime qu’une grande représentativité du genre féminin dans les instances de prise de décision leur donnera un plus grand espace où elles pourront s’exprimer facilement.
« Pour moi, le droit d’élire et d’être élu appartient à tous les citoyens », estime une femme leader de la zone Cibitoke. Elle interpelle les autres femmes à ne pas se sous-estimer, à briser le silence et surtout le tabou et à affronter les hommes dans cette future compétition
« En tant que leaders communautaires, la période des élections nous est beaucoup favorable. Nous sensibilisons tout le monde et surtout les femmes à briser les barrières culturelles », tout en précisant que beaucoup de femmes se sont faites enrôler pour les prochaines élections. « Nous avons aidé ceux qui n’avaient pas de cartes d’identités à en avoir pour qu’elles puissent participer aux prochaines élections ».
Projets de société pour les jeunes et les femmes : La société civile hausse le ton
Ancile Icishatse, 43 ans, leader communautaire sur la colline Rusiga, zone Cibitoke fait savoir que les élections sont une occasion d’élire leurs représentants et de se faire élire. Elle considère que cela permet de mettre en avant des projets qui tiennent à cœur. Elle déplore néanmoins que les femmes et les jeunes soient les plus nombreux mais restent sous représentés dans les instances de prise de décision.

Elle indique que des réunions de sensibilisation sont organisées pour que les jeunes et les femmes fassent prévaloir leurs droits électoraux. « Sur les collines, la représentativité des femmes est encore basse alors que les femmes devraient participer. Le milieu rural concentre des femmes qui n’ont pas beaucoup étudié. Ce sont elles qui doivent se représenter sur les collines. Dans les dernières élections de 2020, les femmes ont été moins représentées. Nous sommes à l’œuvre pour les inciter à élire et à se faire élire et se solidariser en tant que femmes ».
Pour inverser la tendance, Mme Icishatse appelle à la solidarité entre les femmes. Selon elle, elles doivent transcender les différences liées à l’appartenance ethnique, l’origine régionale, la jalousie etc. « Si une femme est dans les instances de prise de décision, les autres femmes se sentent à l’aise pour lui confier leurs problèmes. Dans la plupart des cas, les hommes ne sont pas coopératifs et réceptifs. Nous sommes très à l’aise quand nous nous confions aux femmes. Si c’est une femme, elle se met dans la peau de la victime. Les conseils sont prodigués et même la solution est trouvée ».
Pour elle, les candidats aux élections doivent mettre en avant les préoccupations de la population. Elle parle notamment du développement des infrastructures publiques comme l’adduction d’eau potable, la construction des barrages d’irrigation, l’électricité, la construction des écoles et la réhabilitation des routes, etc.
Briser le tabou
Même lecture du côté de Marie Goreth Janvière Nimbona, représentante provinciale de l’Association des femmes actrices de la paix et du dialogue (AFAPD) à Cibitoke. Elle considère que c’est important que les femmes se représentent massivement au niveau des collines car c’est là où se concentrent beaucoup de cas de violations des droits de femmes. Pour elle, les femmes doivent briser les tabous pour défendre leurs droits dans les élections en élisant et en se faisant élire.
Cette activiste de la société civile a analysé des listes électorales rendues publiques en vue des élections communales, sénatoriales, législatives. Elle déplore qu’il n’y ait pas eu d’amélioration tangible par rapport aux élections de 2020 en ce qui concerne la représentativité des femmes. « La femme occupe toujours la troisième place. Sur la liste, à la tête se trouve un homme, le second est un homme et en troisième position vient une femme. Nous avions fait un plaidoyer pour que les hommes et les femmes alternent sur la liste dans l’ordre, mais cela n’a pas été tenu en considération ».
Une période pré-électorale calme

La représentante provinciale de l’AFAPD salue le calme qui caractérise la population en province de Cibitoke. Elle indique qu’il n’y a pas de cas d’intolérance politique. « Nous sommes habitués à des activités intenses des acteurs politiques et des partis politiques en vue des élections. Seulement, actuellement rien ne montre qu’on est en plein processus. Des heurts en rapport avec le processus électoral ont sensiblement diminué. Nous ne voyons pas grand-chose. Des jeunes des différents partis cohabitent pacifiquement ».
Elle affirme que c’est le résultat des réunions de sensibilisation et des ateliers de formation à l’endroit des jeunes sur les attitudes et comportements à adopter en période pré et post-électorale. « En tant qu’actrices de la paix, nous avons demandé aux leaders des partis politiques d’encadrer leurs jeunes militants. Ils sont en train de comprendre que la période électorale n’est pas un moment de tensions et de confrontations. Les adversaires ne sont pas des ennemis à abattre mais plutôt des partenaires électoraux qui amènent des idées complémentaires et constructives ».
Selon Marie Goreth Janvière Nimbona, la population en province de Cibitoke vit essentiellement de l’agriculture. C’est un milieu qui manque cruellement de précipitations. Elle indique que des gens investissent dans l’agriculture mais qu’ils enregistrent des pertes malgré les rivières qui se trouvent dans cette région. Elle demande que la construction des barrages hydrauliques pour l’irrigation des cultures dans cette plaine de la Rusizi soit prioritaire.
Un autre problème soulevé est un manque criant d’eau potable. Les femmes, dit-elle, passent toute la journée à la recherche de l’eau potable. Ce qui les empêche de vaquer à d’autres activités de développement. En plus, des parents obligent leurs filles à abandonner l’école pour les aider dans les travaux ménagers. Pour elle, les élus doivent consentir des moyens conséquents pour rendre disponible l’eau potable et en quantité suffisante.
Une autre demande concerne les femmes qui se regroupent dans des associations et des coopératives qui ont besoin d’un soutien financier. « Les partis politiques doivent faire leur priorité le financement des projets d’autonomisation financière des femmes », plaide cette activiste de la société civile.
Interview exclusive avec Evelyne Nduwayezu : « Les femmes doivent participer aux élections en élisant et en se faisant élire »
Comment conciliez-vous votre statut de femme et les fonctions administratives ?
Ce n’est pas toujours facile. Concilier les tâches au foyer et celles administrative exige du courage, de l’abnégation et de la maîtrise de soi. Sinon c’est difficile car, diriger demande du temps. C’est un travail sans horaire précis. Il arrive que je manque du temps suffisant pour m’occuper des tâches ménagères.
Souvent, je rentre tard et on peut même me réveiller à 2h du matin s’il y a un problème. Je ne suis pas accompagnée par mon mari. Quelque fois ça demande l’intervention des forces de sécurité. Elles viennent me prendre et m’accompagnent vers le/les localités où s’est produit le problème. Mon mari a confiance en moi et reste à mes côtés. Et quand j’ai du temps, je m’occupe de mon foyer. Tout est conditionné par la compréhension mutuelle.
Comment les femmes se préparent-elles pour participer aux élections de 2025 ?
Les femmes sont prêtes pour des élections en préparation. La preuve en est que dans notre zone, les femmes se sont inscrites massivement. Leur nombre est plus élevé que celui des hommes. Cela nous donne l’espoir que la participation des femmes sera importante. Pour y arriver, des réunions de sensibilisation ont été organisées.
L’objectif était d’expliquer aux femmes surtout rurales l’importance d’élire leurs dirigeants et de se faire élire. Les femmes restent sous représentées surtout dans l’administration locale. C’est pourquoi nous fournissons d’efforts pour qu’elles se représentent surtout aux élections collinaires. Les femmes sont capables au même titre que les hommes.
Elles doivent participer aux élections en élisant et surtout en se faisant élire pour briser le tabou.
Pourquoi ce tabou ?
Bien sûr, il y a des obstacles à la participation politique des femmes et parmi ces barrières figurent la culture burundaise et le manque d’estime de soi de la part de certaines femmes. Certains maris empêchent leurs femmes de participer à la vie politique. Mais aussi, certaines femmes se sous-estiment elles-mêmes. Nous avons alors essayé de briser ces barrières.
Vous êtes cheffe de zone et vous figurez également sur la liste des députés. Comment ça s’est passé ?
Dans notre parti CNDD-FDD, personne ne se positionne. On est désigné. J’ai été choisie parmi une multitude de militants pour figurer sur la liste. Les responsables du parti et les militants ont constaté mon courage, mon abnégation et mon engagement. Comme j’ai pu diriger plus de cinquante mille habitants, c’est possible de représenter plusieurs autres à l’Assemblée nationale. Personne n’est parfait mais si j’essaie de mettre sur la balance, je vois que j’ai réussi. Cela m’a encouragé.
Des femmes se lamentent que les hommes n’ont pas confiance en elles. Ce qui fait qu’elles sont placées parfois sur une position qui n’est pas peut-être utile sur les listes. A quelle position avez-vous été placée ? En êtes-vous satisfaite ?
(Rire). Dans notre parti, le CNDD-FDD comme je l’ai déjà souligné, « ntawipanga » (personne ne se positionne). On est désigné par des organes habilités. Donc, je suis satisfaite de la place que j’occupe sur la liste électorale. Je suis à la 18e position sur une liste de 46 candidats députés dans la province élargie de Bujumbura selon le nouveau découpage administratif. Il n’y a pas d’injustice. Tout est parfait car, il y a au moins cinq femmes devant moi sur la liste.
Pour vous, quels sont les projets prioritaires pour les femmes dans votre province ?
Depuis que j’ai pris mes fonctions de cheffe de zone Cibitoke, j’ai réalisé que beaucoup de femmes vivent dans l’extrême pauvreté. J’ai organisé des réunions de sensibilisation pour les inciter à intégrer les associations et les coopératives des femmes afin d’échanger des idées et de s’appuyer mutuellement. J’ai réussi ce pari car, je suis également responsable de toutes les coopératives « Sangwe » en commune Rugombo. Les femmes ont besoin seulement d’un bon modèle afin d’agir.
Concrètement…
Ma priorité est de former les femmes pour qu’elles comprennent que le développement repose sur leur engagement. Elles doivent mutualiser leurs efforts. Les femmes restent en arrière à cause du manque de moyens. Elles attendent tout de leurs maris. La femme reste dans la précarité alors qu’elle est la fondation de la famille. Elle est également une bonne gestionnaire. C’est pourquoi la sensibilisation est essentielle pour que les femmes s’attèlent aux travaux de développement et des activités génératrices de revenus pour une autonomie financière. Nous leur montrons qu’elles sont des piliers qui doivent prendre les devants pour asseoir un développement durable et inclusif.

L’autre priorité concerne l’électricité et l’eau portable. Ce sont des préoccupations que nous comprenons tous et qui doivent avoir des solutions qui s’imposent. Il est vrai que ce sont des projets de grande envergure qui demandent des moyens colossaux et qui relèvent de la responsabilité du gouvernement.
En période électorale, il se rapporte des cas d’intolérance politique. Comment se présente la cohabitation entre les différentes formations politiques dans votre zone ?
La cohabitation entre les partis politiques et leurs jeunes est bonne. La situation est calme. Personne n’en veut à l’autre. La tenue des réunions ne pose pas de problème. Chaque parti informe l’administration de la date et du lieu de la tenue de la rencontre. L’autorisation est donnée après s’être assuré que deux partis ne se rencontrent à la même place et à la même date. Ils font leurs activités dans la quiétude. Personne ne peut perturber la réunion en se basant sur ses convictions politiques.
A l’heure actuelle, je n’ai pas encore enregistré aucune plainte des militants des différents partis politiques concernant l’intolérance politique.
Quel est votre message pour tous les acteurs, notamment les militants et les jeunes ?
J’insiste sur la jeunesse. Les jeunes sont susceptibles d’être instrumentalisés. Certains politiques qui ne se sont jamais préoccupés des problèmes des citoyens viennent pour les manipuler. Ils instrumentalisent surtout les jeunes afin d’atteindre leurs intérêts. Vous savez qu’en 2015, des jeunes ont été instrumentalisés pour participer à des insurrections. Il y a eu des pertes humaines, des travaux de développement se sont arrêtés et les conséquences sont encore d’actualité. Elles ont touché tout le monde.
J’interpelle les jeunes à s’abstenir de tout acte de violence. Il faut oublier le passé afin de jeter de nouvelles bases pour un développement durable et inclusif. Chacun doit voter selon ses préférences en toute sécurité.
Réactions
Kefa Nibizi: : « Que les femmes et les jeunes participent à la vie politique »
« Il existe des initiatives visant à augmenter la représentation des femmes dans les institutions politiques et de prises de décision afin de garantir leur voix dans le processus de gouvernance », fait savoir Kefa Nibizi, secrétaire général de la coalition « Burundi Bwa Bose ».
Pour y arriver, des efforts sont déployés afin de garantir que les filles puissent poursuivre leur éducation, en réduisant les obstacles à leur scolarisation, particulièrement dans les zones reculées.
Par ailleurs, cette coalition envisage encourager les femmes à développer des activités économiques, à travers des formations, des prêts et des opportunités d’entrepreneuriat sans oublier « l’amélioration des services de santé, en mettant l’accent sur les soins de santé maternelle, la santé reproductive et en luttant contre les violences faites aux femmes ».
Du côté des jeunes, informe M. Nibizi, la coalition prévoit un quota d’au moins 30% dans les organes de prise de décisions pour que leurs idées soient prises en compte. « Cela passera par la révision de la Constitution pour que ces quotas soient insérés dans la nouvelle ».
Le recyclage des jeunes lauréats de l’enseignement général post-fondamental s’avère indispensable pour une acquisition des compétences techniques leur permettant de créer leurs propres emplois ou l’insertion dans la vie professionnelle technique.
En outre, la coalition entend encourager les investisseurs locaux et étrangers qui manifestent un potentiel suffisant d’embauche pour les jeunes. « Cela permettra de lutter contre la pauvreté et la réduction du chômage ».
Enfin, il indique que la coalition envisage la création d’un centre de promotion de l’entrepreneuriat surtout pour les jeunes. « Ce centre inclura la facilité d’accès au financement mais surtout un accompagnement technique inclusif pour améliorer le taux de réussite pour ces jeunes entrepreneurs » avant d’ajouter qu’« Il s’avère que la méthode actuelle consiste en fonds perdus qui, dans pas mal de cas, elle n’aboutit pas réellement aux résultats escomptés ».
Gaspard Kobako : « Pas de projets spécifiques pour les jeunes et les femmes comme tel »
« Le parti Alliance nationale pour la démocratie, AND-Intadohoka a un projet de société qu’il propose au peuple burundais quel que soit le sexe et le genre. Dès lors qu’il se définit comme un parti politique qui est ouvert à tous les Burundais et reflétant le caractère national dans toutes ses diversités, tous les organes et instances de prise de décision, chacun y trouve sa part, femmes et jeunes y compris », fait observer Gaspard Kobako, président du parti AND-Intadogoka).
Il fait remarquer que les femmes constituent la majorité de la population burundaise. A ce titre, il ne peut y avoir de projet, quelle que soit son importance, qui ne tiendrait pas compte d’elles.
Pour lui, les préoccupations formulées par les femmes et les jeunes rencontrés dans la province de Cibitoke sont tout fait légitimes. Ce sont des préoccupations partagées avec les autres citoyens burundais.
« Ils l’expriment au travers de leurs organisations politiques, dans leurs associations et même des indépendants qui ne cessent jamais de le dire dans les différents foras, rencontres et réunions ad hoc en rapport avec les élections de 2025 »
Il recommande aux organisateurs de ces élections, la Ceni en l’occurrence, de tenir compte de leurs préoccupations tout en évitant les femmes à être actives et compétitives.
« Elles doivent être proactives d’autant plus que tout ne leur sera pas offert sur un plateau d’argent. Elles ont l’obligation de militer pour le mériter dans leurs organisations »
Quant au chômage des jeunes, il ne faut pas qu’ils continuent à se leurrer en pensant qu’ils vont vivre du fonctionnariat. « Ils doivent concevoir des projets viables et bancables en se faisant aider par des experts, éventuellement, pour qu’ils deviennent leurs propres employeurs »
Le président du parti AND-Intadohoka conseille les jeunes à saisir la balle au bond et à non pas continuer à croiser les bras, attendant une manne qui va leur tomber dessus. « Ils doivent être imaginatifs, inventifs et créatifs, si réellement ils veulent être des entrepreneurs et des leaders de demain ».
Enfin, ajoute M. Kobako, les jeunes doivent se mettre ensemble pour s’entraider dans ces projets. S’ils y croient, ils pourront réussir. S’ils n’y croient pas, ils seront condamnés à l’échec. « Ils doivent s’interdire surtout de faire des « ligala » (l’oisiveté). Le parti va mettre tous ses efforts pour encadrer les siens dans ce sens », promet-t-il.
Olivier Nkurunziza : « Il faut une autonomie financière des femmes et des jeunes »
Olivier Nkurunziza, président du parti Uprona, avoue que les jeunes veulent être représentés dans les organes de prise de décision. Raison pour laquelle son parti a promis que sur les listes des candidats, il fallait que les jeunes et les femmes soient représentés dans les trois premiers candidats.
Face au chômage des jeunes, Olivier Nkurunziza propose de bien recadrer le projet des coopératives sur les collines. Pour lui, ledit projet ne tient pas réellement compte de la spécificité de la colline. « On a imposé les mêmes projets sur les collines sans tenir compte des préoccupations des jeunes. Il ne faut pas que ça soit une formule magique qui doit être appliquée par les jeunes », épingle-t-il.
En plus, il ne suffit pas de donner de l’argent aux jeunes mais il faut une éducation financière pour eux. « Il y a des jeunes qui ont eu la chance d’avoir beaucoup d’argent mais qui n’ont rien fait parce qu’ils n’ont pas reçu une éducation entrepreneuriale pour qu’ils puissent élaborer des plans d’affaires réalisables ».
Du côté des femmes, suggère le président du parti du Héros de l’Indépendance, il faut aussi des coopératives parce qu’il faut une autonomie financière pour les femmes. Le problème majeur soulevé par les femmes, constate-t-il, est qu’elles disent qu’elles ne participent pas en politique par manque de moyens. « Il faut que les femmes soient sensibilisées et accompagnées parce sans les femmes, le développement est impossible au Burundi ».
Par ailleurs, Olivier Nkurunziza plaide que non seulement les femmes soient dans les postes des 30%, mais aussi qu’elles soient représentées dans les postes techniques là où les quotas ne sont pas prescrits. « L’Uprona plaide pour que les femmes soient intégrées parce qu’il y en a qui sont capables de gérer les institutions d’une façon indépendante et responsable ».
Concernant les élections qui approchent, il invite les jeunes à garder la cohésion sociale, à éviter l’achat des consciences. « Qu’ils élisent des programmes et des projets de société en évitant le chantage politique, ethnique ou régional ».
1. Mwanditse muti:« Telles sont quelques-unes des préoccupations et doléances émises à l’endroit des partis politiques par les jeunes et les femmes de la commune Rugombo, en province de Cibitoke…. »
2. Mugihe n’imfashanyo zava hanze y’igihugu ubu zigiye kugabanuka ABANYEPORITIKE MUBURUNDI BASHOBORA KWEMERA UBUKI KANDI BATEGEKA.
« Dans un contexte de gel de la quasi-totalité de l’aide étrangère américaine décidée par l’administration Trump, Emmanuel Macron a réuni vendredi à l’Élysée un conseil présidentiel des partenariats internationaux, dont les « orientations stratégiques » seront « déclinées d’ici au mois de juin ». Aucun chiffre n’est avancé, mais « l’impératif national de redressement de nos finances publiques nous rappelle l’importance de recentrer nos efforts là où ces partenariats ont le plus d’impact et d’efficacité », est-il encore expliqué… »
https://www.tf1info.fr/international/la-france-va-recentrer-l-aide-publique-au-developpement-aux-besoins-les-plus-urgents-2363520.html