Accès à l’eau potable ; création d’emplois ; développement des infrastructures routières, scolaires et sanitaires ; bonne gouvernance politique et économique… Tel est le cahier des charges présenté par les jeunes et les femmes aux futurs candidats aux élections de 2025. L’administration provinciale recommande une compétition démocratique et des projets qui s’inscrivent dans la vision du pays. De leur côté, un des élus locaux et un cadre, natifs de cette province, demandent aux décideurs d’honorer leurs engagements.
Dossier réalisé par Félix Haburiyakira, Jérémie Misago, Jules Bercy Igiraneza et Emelyne Ndabashika
Les jeunes de la commune Buganda, en province de Cibitoke dessinent une feuille de route bien claire pour les futurs compétiteurs. Cet électorat majoritaire se dit prêt à voter pour le changement. Il épingle les politiques qui n’ont pas joint la parole à l’acte.
Comme ailleurs dans tout le pays, le chômage chez les jeunes est et reste une très grande préoccupation. Adrien Sibomana, 22 ans, souligne l’importance de soutenir les initiatives agricoles portées par les jeunes : « Les priorités, ce sont le financement des projets des jeunes. Par exemple, chez nous, nous avons des projets d’agriculture et d’élevage, mais nous n’avons pas accès aux fertilisants. C’est très difficile d’en obtenir. »
La question de l’agriculture est également au cœur des préoccupations de Divin Niyobuhungiro, âgé de 23 ans, qui insiste sur le développement de l’agriculture et de l’élevage comme axe prioritaire pour l’avenir. Ce jeune déplore que, malgré les nombreux discours et les promesses de soutien aux initiatives des jeunes, les programmes de financement, notamment le programme PAEEJ, ne parviennent pas à financer une grande partie de leurs projets.
Sur la colline Kaburantwa, les jeunes aspirent à des améliorations concrètes de leurs conditions de vie. « Il faut que les autorités nous aident à trouver du travail. C’est dommage que nous soyons encore obligés de dépendre de nos parents. »
Des infrastructures à tout prix
De son côté, Laurent Niyokwizera, 21 ans, raconte des difficultés quotidiennes. Pour ce jeune de Kaburantwa, l’accès à l’eau potable est une priorité absolue. « Souvent, nous manquons d’eau. Nous sommes obligés d’aller puiser dans la rivière Kaburantwa, alors que cette eau est sale. Il nous faut vraiment de l’eau potable. »
D’autres préoccupations sur la même colline sont portées sur la construction des infrastructures. La sécurité routière, l’accès à l’éducation et aux soins de santé constituent des éléments essentiels pour garantir une vie décente. Leur carence accentue la vulnérabilité des populations locales.
Divin Niyobuhungiro alerte sur les accidents routiers : « Sur la route principale RN5, (la route nationale Bujumbura-Ruhwa), les accidents sont fréquents. Il faut construire des dos d’âne. ». Comme lui, beaucoup réclament des infrastructures basiques : « Pas d’écoles, pas d’hôpitaux L’hôpital qui est ici est un hôpital privé. Comment parler de développement ? »
Plus au sud, sur la colline Kasenga, les priorités ressemblent à celles de Kaburantwa. Christian Niyongabo, 27 ans en énumère quelques-unes. « Ce qu’il nous faut, ce sont des routes et de l’électricité. Il nous faut aussi des écoles et des hôpitaux. Le centre de santé est trop loin. Il est difficile d’y transporter les malades à cause du mauvais état des routes. »
Il trouve que le désenclavement de la région passe avant tout par une amélioration des infrastructures routières et une mise en place d’un réseau électrique fiable, indispensable pour le développement économique et social.
Des promesses non tenues
A côté de ces besoins matériels, d’autres jeunes expriment leur amertume face aux promesses non tenues par les politiciens. Un jeune de la localité, déçu par le manque de réalisations concrètes, déclare avec ironie : « Les politiciens sont malins. Ils nous avaient promis la route. Mais, regarde, la route n’a jamais été construite. »
La colère est également exacerbée par les difficultés rencontrées dans la commercialisation des produits agricoles. Les jeunes agriculteurs de la colline Kasenga, qui cultivent principalement le riz et le maïs, évoquent les entraves d’un système de vente centralisé et contraignant. « Pourquoi l’État intervient toujours pour fixer le prix du maïs ? On nous oblige à transporter la récolte au chef-lieu de la commune pour la vendre à l’Anagessa. Mais, le problème, c’est qu’on n’est pas payé à temps. »

Ces jeunes insistent sur l’impérieuse nécessité de revoir ces mécanismes de commercialisation. Il faut assurer une rémunération juste et rapide des agriculteurs. Ce qui pourra permettre de soutenir la dynamique économique au niveau de leur colline.
Un autre aspect qui revient souvent dans les témoignages est l’impact de la précarité économique sur le quotidien des ménages. Une autre frustration constante pour beaucoup, c’est la cherté des produits de première nécessité comme les produits alimentaires.
Un jeune, qui a requis l’anonymat, explique que les difficultés financières se répercutent sur l’ensemble de la population : « Les aliments sont très chers ainsi que les vêtements alors qu’on n’a pas même les moyens pour subvenir aux besoins élémentaires ».
Pour ces jeunes, la situation économique ne se limite pas à un simple manque de revenus, mais elle concerne également des projets qu’ils jugent parfois inadaptés aux réalités sur le terrain.
Ils dénoncent particulièrement les irrégularités observées dans la vente du maïs. Ils doivent attendre deux à trois mois pour être payés. Selon eux, cela constitue une véritable entrave à leur développement : « Nous vendons le maïs pour acheter d’autres produits comme le haricot. Mais nous devons attendre deux à trois mois pour être payés. Il faut que cela change. C’est notre récolte. Nous devons pouvoir la vendre là où nous voulons. Souvent, on ne récupère même pas l’argent qu’on a investi dans la culture. » se lamente un des jeunes rencontré à Kasenga.
« À l’approche des élections de 2025, notre appel est que les futurs élus tiennent compte pleinement de nos préoccupations. Nous avons besoin des représentants compétents, capables de comprendre nos défis quotidiens, de les canaliser et d’y apporter des réponses tangibles », exige un jeune frustré.
Qu’en est-il de la représentation des jeunes ?
La représentation des jeunes aux prochaines élections constitue aussi un enjeu central. Le sentiment d’un changement possible se manifeste clairement chez ceux. Ils sont prêts à participer activement à la vie politique. Éloi Gahungu, représentant des jeunes au sein du parti Rassemblement national pour le changement (Ranac), surnommé « Inyange » ne cache pas sa satisfaction et ses ambitions, « Les jeunes sont vraiment représentés sur les listes des candidats aux conseils communaux et aux législatives. Au niveau du Ranac, on a mis les jeunes en avant. »

Ce jeune leader insiste sur l’importance d’une implication volontaire dans le processus électoral. « Il n’y a pas eu de forcing pour s’inscrire. Nous nous sommes inscrits volontairement parce que nous voulons du changement. Si nous ne nous inscrivons pas, nous ne pourrons pas voter, et il n’y aura pas de changement. Nous avons même incité d’autres à s’inscrire. »
Il estime que s’inscrire et voter constituent des droits fondamentaux. Il en appelle à une transparence dans le processus électoral et surtout à l’efficacité des élus.
Du côté du parti CDP, Elysée Manirakiza, responsable de la ligue des jeunes dans la province de Cibitoke, confirme également cette dynamique en précisant que « sur les listes des candidats aux élections, les jeunes y figurent également. J’espère que ces jeunes, une fois élus, travailleront pour le développement de la jeunesse. »
Une cohabitation des partis politiques affirmée
La cohabitation entre les jeunes des différentes formations politiques est bonne. Néanmoins, nuance M. Manirakiza, il est à signaler quelques différends mineurs liés à des problèmes économiques. Cette situation apaisée représente également un pilier essentiel de cette dynamique de changement. Nombreux sont ceux qui, comme Laurent Niyokwizera, reconnaissent qu’en dépit des tensions engendrées par la pauvreté et le manque d’opportunités, « il y a une bonne cohabitation entre les jeunes ».
Même si le parti au pouvoir semble dominer la scène politique, déplore-t-il, la majorité des jeunes espèrent que l’union et la coopération prévaudront sur les clivages historiques.
Adrien Sibomana, quant à lui, rappelle que, bien qu’il ne soit affilié à aucun parti, la coexistence pacifique entre les jeunes des différentes sensibilités politiques reste possible.
Face aux différents défis, les jeunes en appellent à une solidarité sans faille et à un dépassement des barrières partisanes.
Éloi Gahungu, fervent défenseur de l’unité, réitère son appel en ces termes : « Nous sommes des « Inyange », (les colombes). Nous ne voulons pas ternir notre image. J’appelle les jeunes à oublier le passé où l’on considérait ceux des autres partis comme des ennemis. Ce temps est révolu. Nous sommes tous des Burundais. Ce n’est pas parce que nous n’appartenons pas aux mêmes partis que nous devons nous diviser. Il faut travailler ensemble pour atteindre la vision du Burundi émergent en 2040 et développé en 2060. On peut y arriver si on change de mentalités. »

Cet appel à l’unité est également partagé par le représentant des jeunes du parti Conseil des patriotes (CDP). Elysée Manirakiza affirme en effet qu’en général, la cohabitation entre les jeunes des autres partis est bonne.
Toutefois, tient-il à le rappeler, quelques incidents se sont produits en octobre de l’année passée. D’où, la nécessité de maintenir une discipline et un comportement exemplaires au sein des groupes de jeunes.
« Pour éviter tout débordement, les jeunes doivent apprendre à se comporter de manière responsable et respectueuse », recommande-t-il.
« Que les heureux élus apportent des solutions à nos préoccupations »

« Nous manquons cruellement d’eau potable dans cette commune », se plaint Mireille Kezakimana. Selon elle, les projets qui doivent être mis en avant par ceux qui vont se faire élire doivent être orientés vers l’adduction d’eau potable et l’électricité.
« On peut dormir affamer à cause de la pénurie d’eau. On se réveille à 2h du matin pour aller puiser de l’eau et on revient à 10h. » fait-elle savoir Elle trouve que le développement d’un pays n’est pas possible sans eau ni électricité.
Ce sont les mêmes lamentations du côté des habitantes de la colline Kasenga. Elles déplorent le manque d’eau potable dans cette entité administrative.
Emelyne Nishimwe mentionne que le manque d’eau est la plus grande difficulté que rencontrent les femmes dans cette commune tout en déplorant que la population fait recours à l’eau des rivières qui est sale.
Aline Bukuru, quant à elle, revient sur les promesses non encore réalisées. « Durant les campagnes électorales passées, certains responsables des partis politiques nous avaient promis des routes goudronnées et des habitations modernes. Mais, malheureusement, jusqu’à présent rien ne pointe à l’horizon.»
Cynthia Niyogusenga plaide pour la construction des hôpitaux sur sa colline Kasenga. « Il est difficile pour nous d’atteindre un hôpital lorsqu’on a un enfant gravement malade. »
Elle déplore que la route allant de sa colline jusqu’à l’hôpital soit très mauvaise. « Il est difficile de transporter un malade sur un vélo d’autant plus que l’hôpital qui est le plus proche se trouve à une dizaine de km ».
Elisabeth Nibaruta se lamente qu’elle parcourt « de longues distances pour arriver à un centre de santé ». Elle indique que la situation a été aggravée par le manque de carburant. « Souvent, nous ne trouvons même pas une moto pour conduire nos enfants à un centre de santé. »
Les secteurs agricole et éducatif sont à relever
Pour Florence Nibigira, parmi les projets de développement qui doivent être mis en avant par les élus dans sa commune figurent les techniques modernes d’irrigation. « Cela sera un gain pour les cultivateurs du riz. La production sera grande et nous pourrons réaliser des bénéfices. Nos conditions de vie seront améliorées ».
De son côté, Emelyne Nishimwe de la colline Kasenga déplore le manque de terres cultivables dans sa commune. « L’espace cultivable se rétrécit de plus en plus suite à une démographie galopante. D’autres espaces sont devenus arides »
Concernant le domaine de l’éducation, Jeannette Niyonsaba se plaint que les petits enfants de la gardienne parcourent encore de longues distances pour aller à l’école. « Il nous est difficile de les faire inscrire à bas âge parce que la distance à parcourir est longue. » Elle plaide pour la construction des écoles sur la colline Muremera.
Quid de la bonne gouvernance et de la participation politique ?
Mireille Kezakimana dit qu’elle s’est faite inscrire pour les élections de 2025. « Pour moi, les élections signifient avoir la sécurité et le développement sur notre colline. »
Aline Bukuru, une habitante de la colline Kasenga se dit prête à élire ses représentants. Elle considère que les élections sont une occasion de choisir les représentants qui mettent en avant des projets de développement qui répondent à leurs désidératas. « Aucun pays ne peut exister sans dirigeants. C’est bien que les habitants exercent leurs droits civiques d’élire et de se faire élire ».
Par rapport au contenu du code électoral, cette habitante explique qu’elle n’a jamais participé dans une séance de sensibilisation et d’explication. « Aucune réunion d’explication n’a été organisée par les autorités administratives ou électorales ».
Elle trouve que des projets prioritaires existent. Elle parle notamment de la réhabilitation des infrastructures comme les routes, l’adduction d’eau potable etc. Cependant, elle déplore que les politiques fassent des promesses qu’ils ne mettent jamais en pratique. « Pour les élections en préparation, nous demandons que les projets et les préoccupations de la population soient prioritaires pour assurer notre bien-être ».
Elle insiste que les politiques doivent rompre avec cette pratique de promette ce qu’ils ne mettront jamais en application.
Les administratifs à la base interpellés
« Nous attendons impatiemment les élections. Je n’ai pas posé ma candidature parce que mon niveau d’instruction ne me le permet pas », fait savoir Elisabeth Nibaruta de la colline Kansega. Elle précise qu’il y a des femmes qui vont se faire élire dans sa localité.
Elle interpelle les administratifs d’être proches de la population. « Il faut qu’ils nous montrent des projets de société et que nous collaborions dans leur mise en œuvre. »
Selon Elisabeth Nibaruta, le chef de colline devrait les galvaniser dans des travaux de développement. « Le traçage des pistes reliant les collines et les sous-collines, la construction de petits ponts pour faciliter le commerce. »
Elle en profite pour dénoncer un problème qui gangrène les ménages de la colline Kasenga. « Les administratifs doivent s’occuper réellement des problèmes familiaux. Dans notre localité, le concubinage devient un fléau qui disloque pas mal de ménages. »Elle indique que les femmes et les enfants en souffrent énormément. « Les administratifs doivent prendre en main cette problématique qui nous hante et perturbe la bonne cohabitation des couples. »
Elle interpelle les femmes qui seront élues de se pencher sur cette problématique. « Il y a des hommes qui entretiennent et changent de concubines comme ils changent leurs habits. Cela handicape le développement familial. »
De son côté, Séraphine Nduwayezu, leader communautaire sur la colline Kasenga fait savoir que les élections sont une bonne occasion pour la population de s’exprimer. Elle salue la participation des femmes lors de l’enrôlement des électeurs. C’était une obligation et personne ne devrait s’y soustraire. Les femmes sont prêtes à faire valoir leurs droits d’élire et de se faire élire malgré la contrainte.
Parmi les défis qui empêchent les femmes à participer figurent notamment le poids de la culture qui maintient les femmes dans les tâches ménagères, le manque d’information et de soutien de leurs maris. « Ce n’est pas toujours facile de briser le tabou. Nous saluons néanmoins la place occupée par la femme. Les meilleurs moments viendront ».
Le contenu du code électoral méconnu
Séraphine Nduwayezu indique qu’aucune réunion d’explication du contenu du code électoral n’a été organisée. « Beaucoup de gens ne sont pas bien informés sur leurs droits et devoirs. Cela fait qu’il y ait des infractions et des erreurs qui se commettent lors du processus électoral par manque d’information ». Et de préciser que la population est prête à aller élire ses représentants même si aucune sensibilisation n’a été organisée.
Cette leader communautaire fait savoir que la cohabitation est pacifique entre les gens des différentes convictions politiques. « C’est un cas rare qu’on entende des conflits d’ordre politique entre les gens. C’est vrai que les opinions politiques divisent les gens pour des intérêts mais il n’y a pas de tensions à proprement parler. Chacun garde ses convictions pour lui. Les gens ont appris à vivre dans la diversité ».
Mme Nduwayezu ne croit plus en des promesses des politiques. « Ils nous promettent monts et merveilles mais après s’être installés dans leurs postes, les préoccupations de la population tombent dans les oubliettes ».
Parmi les promesses qui n’ont pas été tenues, elle parle de l’adduction d’eau et l’électricité. « Nous ne savons pas pourquoi on est oublié alors que des promesses ont été faites. Par exemple, notre localité n’est pas éclairée mais au centre Muzenga, ils ont été servis. Peut-être que c’est parce qu’il y a des familles des autorités. C’est décevant. »
Cette activiste de la société civile ne demande rien aux candidats en lice. Elle souhaite seulement que les élections se passent sans incident. « Nous souhaitons que les élections soient transparentes, inclusives et apaisées. Personne ne souhaite la guerre. Les politiques doivent garder en tête que les élections passent et que le pays progresse vers son développement ».
Elle interpelle la jeunesse à résister contre toute manipulation et instrumentalisation en période électorale. Et de prodiguer des conseils : « Ne tombez pas dans le piège des acteurs politiques manipulateurs et égoïstes. Défendez vos droits et votre dignité ! »
Interview exclusive avec Pamphile Hakizimana : « Nous sommes des émissaires de la Ceci ».
Le pays s’achemine vers les élections législatives et communales de 2025, êtes-vous satisfait du degré d’enrôlement des électeurs ?
Nous avons enregistré un taux d’enrôlement qui avoisine les 100%. Nous nous en réjouissons. Nous invitons les électeurs à répondre massivement à ce devoir civique.
Quels sont les partis politiques les plus visibles sur le terrain dans la commune Buganda ?
Il y a plusieurs formations politiques mais celles qui sont visibles sur le terrain, au premier plan, nous voyons le parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Il y a ensuite l’Uprona, le parti Sahwanya Frodebu et le CNL.
Comment appréciez-vous la cohabitation entre ces formations politiques ?
A l’heure où je vous parle, la cohabitation entre ces formations politiques reste bonne. Ils exercent leurs activités dans la quiétude. Les réunions sont tenues régulièrement sans aucune entrave.
Du côté des jeunes affiliés à ces partis politiques, la cohabitation reste également bonne. Nous espérons que cette situation va rester avant, pendant et après les élections.
Avez-vous des garanties ?
Je n’ai, jusqu’à présent, enregistré aucune plainte faisant étant des heurts entre les jeunes affiliés aux différents partis politiques œuvrant dans la commune Buganda.
Qu’est-ce que vous recommandez aux responsables des partis politiques ?
Que ce soit avant, pendant et même après les élections, nous leur demandons de respecter la loi et de mener une campagne électorale dans le respect des principes démocratiques.
Nous demandons à ceux qui seront élus de mettre en œuvre le Plan de développement communal qui a été élaboré à base des doléances et des besoins exprimés par la population.
D’après vous, quels sont les projets à mettre en avant spécifiquement pour les femmes et les jeunes ?
Il faut savoir que la femme est un pilier du développement familial. Tout projet de développement qui ne tiendrait pas en compte la femme serait voué à l’échec. Il serait difficile d’atteindre le développement des ménages en faisant fi de l’apport de la femme.
Il en est de même pour les jeunes car ces derniers constituent la majorité de la population. Les projets de développements pour les jeunes constitueraient un plus dans le développement intégral de la commune.
Concrètement, quels sont les projets prioritaires pour ces catégories de population ?
Il faut des projets d’agriculture et d’élevage tant pour les femmes que pour les jeunes. Spécifiquement pour les jeunes, il faut des formations qui leur permettront d’être des créateurs d’emploi tels que les formations sur différents métiers.
Les citoyens se lamentent que les responsables des partis politiques tiennent le même discours en promettant des projets qui ne sont pas parfois réalisés. Quels conseils donneriez-vous à ceux qui vont se faire élire ?
Je les conseillerais d’être pragmatiques en mettant en avant des projets vraiment réalisables et non des projets de nature à attirer la sympathie des électeurs. J’interpelle aussi les citoyens à tirer attention et à voir si les projets promis sont réalisables ou pas et pouvoir distinguer le bon grain de l’ivraie.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui propagent des messages de haine ou d’intolérance politique pendant la campagne électorale ?
Pour le moment, je ne peux pas en dire grand-chose. Je ne m’attends pas à de tels messages. Dans les réunions que je tiens régulièrement à l’intention des dirigeants des partis politiques, je leur rappelle que malgré les divergences des points de vue sur l’une ou l’autre question, ils restent des Burundais qui partagent le même tissu social.
S’il advient que cela arrive, nous allons interpeller le contrevenant pour lui prodiguer des conseils. S’il persévère dans l’erreur, nous allons le présenter devant la justice.
Quel est le degré de collaboration entre l’administration communale et la Commission électorale communale indépendante (Ceci) surtout dans la vulgarisation du code électoral ?
Nous collaborons très étroitement. Le taux d’enrôlement mentionné tantôt est un signe éloquent qui témoigne de cette collaboration.
Pourtant la plupart des citoyens rencontrés nous ont révélés qu’ils ignorent le contenu du code électoral sur leurs droits et devoirs ?
Des réunions sont tenues entre la Ceci et l’administration pour que l’administration à la base entame des séances de sensibilisation dudit code. Nous sommes l’œil et l’oreille de la Ceci. Bref, nous sommes des émissaires de la Ceci.
Interview exclusive avec Carême Bizoza. : « Nous invitons les compétiteurs à faire preuve de retenue »
Quels sont les partis politiques les plus représentatifs dans la province de Cibitoke et quel est leur degré de cohabitation ?
Les partis politiques les plus visibles sont le CNDD-FDD, l’Uprona et le CNL. La cohabitation est et reste bonne. Les dirigeants de ses formations politiques tiennent régulièrement leurs réunions dans la quiétude et dans le respect de la loi.Nous espérons que cette cohabitation pacifique va se pérenniser même pendant la campagne électorale.
Quels sont les projets de développement que ces partis politiques sont appelés à implémenter dans la province ?
Il ne m’appartient pas d’entrer dans les programmes ou projets de société des partis politiques encore moins de leur imposer des projets à mettre en avant. J’imagine que chaque parti politique a conscience des besoins spécifiques de la population.
Par ailleurs, il y a une vision du pays qui doit être atteinte. Et pour y arriver, chaque formation politique doit avoir un projet à présenter devant les électeurs. Bref, tout ce qui doit être fait doit se conformer à la vision du « pays émergent en 2040, pays développé en 2060 »
Des actes d’intolérance politique sont souvent enregistrés entre les jeunes affiliés aux partis politiques pendant la campagne électorale. Quels conseils prodigueriez-vous à ces jeunes ?
J’invite ces jeunes et les dirigeants des partis que les élections se tiennent en une journée. Après les élections, les activités continuent comme à l’accoutumée.
Je pense que celui qui s’est déjà aligné sur la vision du pays comme pays émergent en 2040 et pays développé en 2060, ne serait pas tenté à des actes de violence, car pour moi, ça serait de l’autodestruction.
J’interpelle donc ces jeunes à ne pas se laisser manipuler par ces dirigeants des partis politiques qui les inciteraient à des actes de violence soi-disant qu’ils vont y tirer l’un ou l’autre profit. Je reste confiant que la campagne se déroulera dans la quiétude.
Qu’est-ce que l’administration provinciale est en train de faire pour que les citoyens sachent et intériorisent leurs droits et devoirs contenus dans le code électoral ?
Les partis politiques sont à l’œuvre et continuent à sensibiliser leurs militants sur le contenu du code électoral.
Du côté de l’administration provinciale, nous invitons les citoyens à aller exercer leur droit de vote mais d’accomplir cette prérogative citoyenne tout en évitant de tomber dans les pièges de ceux qui n’ont d’autres visées que leurs intérêts personnels.
Des messages de haine sont souvent utilisés pendant la campagne électorale. Quel appel lanceriez-vous à ceux qui véhiculeraient de tels messages ?
Dans les réunions tenues à l’endroit des responsables des partis politiques, nous avons insisté et appelé ces dirigeants à mettre en avant leurs programmes politiques. Nous avons invité leurs militants à faire preuve de retenue, de tolérance et de respect mutuel. Nous espérons qu’ils vont appliquer cette recommandation.
Un appel aux médias pendant les élections ?
Je parle au nom de ma province. J’invite les médias œuvrant dans cette province à ne pas diffuser les résultats avant que les organes habilités de la Cepi et Ceci ne les proclament.
S’il advient qu’il y ait l’un ou l’autre problème, que ces médias approchent l’administration et les Cepi ou Ceci pour avoir des éclaircissements. Qu’ils ne se précipitent pas à relayer tel ou tel message au risque de tomber dans un piège en diffusant une information erronée.
Réactions
Rubin Tubirabe : « Que les compétiteurs mettent en avant l’intérêt des citoyens »
« J’invite les futurs compétiteurs à penser d’abord et surtout à l’intérêt de la population et non aux postes qu’ils vont occuper », interpelle Rubin Tubirabe, un cadre natif de la province de Cibitoke et membre du part Front national de libération (FNL). Pour lui, les futurs compétiteurs devraient se mettre à la place de la population en s’interrogeant sur ce qui doit être fait pour atteindre le plein développement et le bien-être des citoyens. « Dans mon entendement, les élections sont organisées pour amener quelque chose de nouveau. Que la population ait des dirigeants qui l’aiment, qui aiment le pays et son développement », renchérit-il.
Pour ce militant du FNL, le développement n’incombe pas seulement au parti qui a gagné les élections. Mais, tous les partis politiques doivent apporter une pierre à l’édifice. « Demain ou après-demain, un autre parti politique peut se hisser au pouvoir. Il faut qu’il y ait une étape à poursuivre, une certaine continuité dans le sens du développement », fait-il observer.
A propos des préoccupations relatives à la vente de leurs récoltes formulées par les agriculteurs, M. Tubirabe n’y va pas par quatre chemins. Il faut que le prix de la production soit fixé en tenant compte des investissements consentis par l’agriculteur. « Cela va encourager ce dernier à consentir d’autres efforts pour continuer ses activités ».
Interrogé sur le climat qui règne avant la campagne électorale, Rubin Tubirabe se dit à la fois étonné et satisfait du climat apaisé qui s’observe sur le terrain.
« Point de chicaneries entre les militants des différents partis politiques à tous les niveaux. Les années passées, les symboles des partis politiques tels que les drapeaux étaient arrachés, brûlés. On était habitué à voir des heurts entre les jeunes Iimbonerakure du CNDD-FDD et les jeunes Ivyumavyindege du CNL ».
Ce qui est à l’origine de ce calme. Ce n’est pas dû au fait que c’est le parti au pouvoir qui domine le terrain comme certains veulent le faire croire, mais « c’est dû au fait que ce qui hante les citoyens c’est de trouver les voies et moyens pour sortir de la pauvreté », précise-t-il, tout en ajoutant que « la population est vigilante et mûre. Elle ne peut plus se laisser remorquer dans des choses qui perturberaient sa quiétude ».
Simon Bizimungu : « La priorité absolue reste la bonne gouvernance »
« Les doléances présentées par les femmes et les jeunes de la province de Cibitoke sont fondées et sont préoccupantes pour tout habitant de cette province. », affirme Simon Bizimungu, député du CNL, natif de la province de Cibitoke. Il insiste sur la nécessité d’une gouvernance équilibrée en distinguant les postes politiques des postes techniques.: « Tout a été politisé. Si vous n’êtes pas membre du parti au pouvoir, vous ne pouvez pas espérer avoir un poste quelconque. » Cette confusion entre sphère politique et administrative, selon lui, entrave l’efficacité des services publics.
Il fait remarquer que l’accès à l’eau potable, paradoxalement, reste un problème criant malgré l’abondance de sources d’eau dans les montagnes de la région. « L’eau potable est une préoccupation majeure pour la province de Cibitoke. Pourtant, il y a beaucoup de sources en eau potable dans les montagnes de cette province. », déplore-t-il. Les routes, quant à elles, sont dans un état alarmant. Les RN 5 et RN 10, artères vitales pour la mobilité et l’économie, se dégradent rapidement. « Si rien n’est fait dans les meilleurs délais, la communication dans cette province risque d’être impossible », met en garde l’ancien gouverneur.
Par ailleurs, ajoute cet élu du peuple, les hôpitaux et les écoles de Cibitoke peinent à répondre aux besoins de la population. « Les infrastructures sociales (hôpitaux et écoles) sont de moindre qualité et ne sont pas équipées. On ne peut pas oublier de signaler que depuis 2019, une loi portant ratification de la construction d’une université technique à Cibitoke a été votée par le Parlement mais jusqu’à maintenant, cette université n’est pas encore construite. », regrette-t-il.
En outre, il épingle le chômage des jeunes, exacerbé par des clivages politiques. Ce qui aggrave les tensions sociales. Il fait remarquer que les opportunités dépendent trop souvent de l’appartenance partisane. « Le chômage des jeunes est une triste réalité à Cibitoke comme c’est le cas partout dans le pays. Le fait de ne pas considérer les jeunes de la même façon sans distinction des partis politiques aggrave cette situation de chômage en province de cibitoke. », dénonce l’ancien gouverneur.
Pour Simon Bizimungu, la priorité absolue reste la bonne gouvernance. Les infrastructures routières nécessitent une réhabilitation immédiate. Et de recommander : « Les administratifs à la base doivent veiller à l’entretien des routes ; les infrastructures sociales doivent être entretenues à temps et équipées de matériel nécessaire et moderne ».
Sur le plan social, il suggère un équipement modernisé des hôpitaux et des écoles ainsi que la relance du projet de l’université technique. « L’Etat doit tout faire pour multiplier les emplois et faciliter les jeunes à l’accès aux crédits ; les jeunes doivent se créer des emplois ; les jeunes doivent être traités de la même façon sans distinction de leurs appartenances politiques » L’électrification et l’adduction d’eau, enfin, doivent être étendues à tous les centres de la province.
Simon Bizimana soutient les revendications citoyennes. Il se montre sceptique quant à la capacité des futurs élus à y répondre.
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