Sur le pont Ntahangwa, 30 jeunes garçons font le « transport des biens et personnes » à dos, « au lieu de mendier étant physiquement valides ».
<doc2482|left>« Nous avons pris l’option de nous débrouiller pour avoir une peu d’argent et gagner notre vie honnêtement. Au lieu d’aller voler ou mendier, nous avons préféré faire ce travail, car il n’y en a pas de sot…», indique Evariste, un de ces jeunes.
Résultats de ces dizaines de traversées par jour : 3.000 Fbu à 3.500 Fbu gagnés par jour, contre 100 Fbu par passe à dos sur la rivière Ntahangwa, de Nyakabiga vers Kigobe ou vice versa. Et ceci quelque soit le poids du client ou des biens à transporter…
« Nous avons commencé ce métier timidement en 2008 alors que nous étions à cinq », se rappelle-t-il. « Au début, nous étions considérés comme des bandits mais petit à petit, les gens ont compris que nous nous battons pour avoir quelque chose à mettre sous la dent. Et finalement ils ont accepté d’être nos clients », ajoute-t-il. « Nous faisons le transport des biens et des personnes », lance un autre jeune homme, en traversant le gué avec précaution, des feuilles de manioc sur la tête.
A chaque métier, ses risques
Un des jeunes transporteurs évoque quelques soucis : « Cette rivière est capricieuse, et des fois, le courant est trop fort. Parfois, nous tombons, avec risque de noyade. Il arrive aussi qu’on marche par mégarde sur des cailloux pointus ou des morceaux de verre et qu’on se blesse. Avec le poids du client sur le dos, on peut tomber et là tout tombe à l’eau, on ne nous paie pas, le client ne comprend jamais qu’il s’agit d’un accident », raconte-t-il.
D’autant plus que l’eau de la Ntahangwa est sale, beaucoup des déchets y étant déversés en provenance notamment du Campus Mutanga de l’Université du Burundi. « Nous attrapons des maladies comme la mycose et les sangsues semblent nous dire et nous rappeler que l’on est sur leur territoire », rappelle Evariste.
Ces jeunes gens sont constitués pour la plupart par d’anciens "taxi-vélos", des ex-domestiques et curieusement, quelques élèves du secondaire. Ils affirment qu’avec ce « métier », ils parviennent à avoir à manger, à se payer un modeste loyer, à s’habiller sans faire la manche. Il y en a qui sont pères de famille parmi ces gens. « A la fin du mois, je parviens à envoyer 20.000Fbu à ma femme », indique A.N. Un exploit.