Les amateurs de la « sainte mousse » déplorent la hausse du prix de la Heineken et de l’Amstel. L’Abuco, Association burundaise des Consommateurs accuse la Brarudi d’être passive face à cette hausse illégale. L’Abuco demande au gouvernement de protéger les consommateurs.
« Nous avons droit à la protection comme tous les autres consommateurs. Le gouvernement doit se ressaisir », se lamente un consommateur de la bière Heineken, rencontré dans un bar de Bujumbura, lundi 26 avril.
Remonté, cet amateur de la bière fait savoir que depuis le mois de décembre 2019, les cabaretiers n’arrêtent pas de leur demander le prix fort. Les commerçants de la Heineken 33 cl font de la spéculation à l’outrance. « En quatre mois, c’est frustrant de constater que le prix de la bière a augmenté de plus de 50% », déplore-t-il.
Son prix est passé de 4000 BIF à 6000 ou 7000 BIF selon les bars.
D’après lui, cette hausse du prix est exagérée et non justifiée. Dans la municipalité de Bujumbura, il est difficile de trouver une bouteille de Heineken 33 cl dans les bistrots.
D’autres consommateurs déplorent le silence du ministre du Commerce chargé de réguler les prix. Le gouvernement devrait s’assurer que les commerçants respectent la marge bénéficiaire définie par la loi.
Mais les commerçants ont une autre explication. Sous couvert d’anonymat, un tenancier d’un bar à Gihosha nous dit que « les fournisseurs ont augmenté les prix ».
Ce détaillant accuse les grossistes d’avoir augmenté les prix. En passant, il souligne que cette pénurie n’est pas causée par la pandémie de Covid-19. Elle a débuté au mois de décembre 2019. « Une caisse de 24 bouteilles est passée de 75 000 à 120000 BIF. Nous sommes obligés d’augmenter le prix d’une bouteille pour garder notre marge bénéficiaire».
D’après notre source, c’est à prendre ou à laisser. Les grossistes jouissent d’un monopole. Un groupe de 5 personnes détient une licence d’importation. « Vous comprenez pourquoi ils font la pluie et le beau temps».
Par ailleurs, ce commerçant indique que la pénurie et la hausse de prix influent négativement sur son bénéfice : « Notre clientèle a fortement baissé. C’est une grande perte. Avant, Je pouvais facilement écouler 300 caisses par semaine.» Mais depuis janvier jusqu’au début février, il n’a vendu que 50 caisses.
Depuis fin février, il peut passer trois semaines sans avoir aucune caisse de Heineken en stock. Depuis le début de cette année, son chiffre d’affaires a diminué de plus 60 %. Pour le moment, ce commerçant confie qu’il travaille à perte. Cette bière lui rapportait le gros du bénéfice.
Les importateurs se dédouanent
Face à ces lamentations, Melchiade Niyonzima, un responsable de DIGITI, l’une des sociétés détenant une licence d’importation de cette bière fait savoir que son entreprise n’a pas augmenté les prix : « Nous vendons la caisse à 76.000 BIF.»
Ce dernier confie que cette société vend la bière en toute transparence. « Nous transmettons la liste et les factures des clients servis au ministre du Commerce ». Et de préciser que le rôle de surveiller si ces derniers respectent les prix revient au ministre du Commerce.
M. Niyonzima fait remarquer que depuis le mois de janvier, cette société enregistre des retards de livraison à cause de la pandémie de Covid-19. Parfois, les frontières sont fermées ou leurs fournisseurs augmentent les délais de livraison.
Outre la hausse du prix de la Heineken, il y a également une pénurie de l’Amstel bock. Dans la ville de Bujumbura, il est difficile de trouver une bouteille d’Amstel bock dans les bistrots. Cette pénurie est fortement perceptible à Bujumbura depuis le début de l’année 2020.
Amstel bock est inaccessible
Là où cette bière est disponible, elle est chère Le prix de l’Amstel bock disponible sur le marché, varie selon les bistrots. Le prix officiel qui était de 1200 BIF est revu à la hausse dans presque tous les cabarets. Dans les bistrots visités ce lundi soir, il variait entre 2000 et 3.000 BIF.
Les consommateurs se plaignent. « C’est une honte. Les commerçants augmentent le prix plus de 150% au vu et au su des délègues commerciaux», se lamente un amateur de cette bière produite au Burundi.
Ce jeune homme se demande où sont passés les inspecteurs du ministère du Commerce assurant le respect des prix des biens vendus.
L’Abuco dénonce l’inaction de la Brarudi
Même constat chez l’Association Burundaise des Consommateurs. « Les commerçants font monter les prix de la Heineken et l’Amstel bock comme bon leur semble », dénonce Pierre Nduwayo, président de l’Abuco.
Ce représentant déplore la mauvaise communication de la Brarudi. Elle assiste silencieusement à la hausse illégale de l’Amstel bock. «La Brarudi est au courant de ces spéculations. Ses délégués commerciaux sont dans ces bistrots violant sciemment les prix fixés. » Et d’appeler cette entreprise à punir les commerçants qui ne respectent pas les prix et ses délégués impliqués dans cette affaire.
M. Nduwayo appelle les consommateurs à dénoncer les commerçants qui ne respectent pas les prix fixés par la Brarudi. Ce représentant de consommateurs lance un cri d’alarme : « Il faut que le ministère du Commerce se ressaisisse pour protéger les consommateurs contre la spéculation de certains commerçants. »
Interrogé, Rémy Ndayishimiye, porte-parole de la Brarudi, s’est refusé à tout commentaire.