Les POPs, ces produits nocifs pour la santé humaine, ne sont pas connus au Burundi. Jérôme Karimumuryango* nous en parle.
Qu’est-ce que les POPs ?
Il s’agit des produits chimiques dangereux pour la santé humaine et pour l’environnement. Au départ, on en répertoriait 12, classés en trois catégories : les pesticides (aldrine, chlordane, DDT, dieldrine, endrine, heptaclore, hexaclorobenzène ou HCB, mirex et toxaphène), les produits chimiques industriels (biphényles, polychlorures ou PCBs et hexachlorobenzène) et les déchets (dioxines et furanes).
En existe-t-il au Burundi ?
D’après une étude menée en 2005, on rencontre des stocks périmés de POPs. On en a trouvé dans la Société sucrière du Moso (Sosumo), dans le centre d’élevage de Mahwa et le centre naisseur de Mparambo. Il s’agit des restes de stock d’insecticides avant l’interdiction de ces produits. Quant aux produits chimiques industriels, il a été souligné qu’une bonne partie des transformateurs de courant électrique de la Regideso contiendraient des polychlorobifényles. Il reste à le confirmer. Les déchets (dioxine et furane) sont produits dans la vie quotidienne.
Comment ?
C’est le cas de la combustion incontrôlée : des fumées qui se dégagent quand nous brûlons les déchets ménagers, des déchets biomédicaux, ou pendant la cuisson par le bois de chauffage ou la tourbe. Il se dégage des dioxines.
Qu’en est-il des fumées qui sortent des tuyaux d’échappement des véhicules ?
Jusqu’aujourd’hui, nous importons le carburant de mauvaise qualité. Nous avons de l’essence qui contient du plomb et du diesel contenant du soufre. Ainsi, les gaz qui sortent par les tuyaux d’échappement contiennent des dioxines. Malheureusement, jusqu’à présent, il n’y a pas de loi qui oblige les propriétaires des véhicules de mettre dans les tuyaux d’échappement des dispositifs qui puissent filtrer ces dioxines pour empêcher qu’ils se répandent dans l’air.
Quels sont les impacts des POPs sur la santé humaine ?
Ces polluants contaminent les aliments (surtout d’origine laitière ou de la viande). Quand nous mangeons des aliments pollués par les POPs, on peut attraper des maladies liées à la reproduction, la naissance des enfants malformés et des cancers. Une mère enceinte contamine son fœtus à travers le placenta ou pendant l’allaitement. Nous pouvons aussi être contaminé à travers l’air que nous respirons ou en buvant de l’eau qui en contient.
Comment se protéger ?
Il faut des analyses médicales du sang ou du lait maternel. Un cas de groupe cible est ceux qui, sur leurs vélos se font traîner par des camions en aspirant de la fumée sur des dizaines de km. Il y a aussi ces femmes qui passent la journée en train de vendre des amuse-gueules sur le parking des bus alors que les moteurs des bus sont en marche.
Qu’est-ce qui doit être fait dans l’immédiat ?
Vous les journalistes devez informer, éduquer et sensibiliser continuellement. Vous pourrez vous rendre dans les différentes entreprises pour constater. En plus, vous devez prêcher par l’exemple.
Les décideurs doivent élaborer des lois pour limiter ces dégâts.
_____________________________________________________________{*Directeur du Projet de renforcement des capacités institutionnelles pour la mise en œuvre de la convention de Stockholm et sensibilisation accrue sur les questions des POP}