Dans des sociétés meurtries par des crises cycliques, toute instrumentalisation des chiffres ethniques ne peut qu’éveiller les vieux démons. Pour Elias Sentamba, politologue et professeur d’université, seule la compétence dans un domaine donné prime sur l’appartenance ethnique.
Dans un pays qui peine à sortir des crises cycliques ethniques comme le Burundi, l’instrumentalisation des chiffres ethniques représente un danger majeur pour la société. « Elle éveille la conscience ethnique. Cela peut nous mener à des guerres, à des conflits politiques de haut niveau avec des massacres, comme l’histoire du Burundi nous le montre. On sait que dans les années noires comme 1972, 1988,1993, c’étaient des crises sur base ethnique», déplore Elias Sentamba, politologue et professeur d’université.
Pour ce politologue, la question des chiffres ethniques au Burundi est inopportune car les appartenances ethniques commençaient à se décanter. Il n’y a jamais eu, souligne-t-il, de recensement ethnique officiel et revenir sur ces chiffres est néfaste. Il rappelle le tollé qu’a soulevé la question sur l’appartenance ethnique dans le récent recensement commandité par le gouvernement. « Ce n’était pas alors l’opportunité de les ramener. Pour quoi faire alors que la technique n’a pas d’ethnie».
Pr Elias Sentamba explique que les quotas ethniques prévus par l’Accord d’Arusha dans les postes électifs et corps de défense et de sécurité est une solution la moins mauvaise privilégiée, faute de solution idéale. «Le Burundi est un pays mono-ethnique dans la mesure où nous parlons une même langue, entremêlés sur les mêmes collines, même culture. Malheureusement, nous avons une forte conscience ethnique, car les gens sont morts ou peuvent mourir parce que Tutsi, Hutu ou Twa».
D’après lui, ceux qui instrumentalisent les chiffres ethniques n’ont pas d’autre moyen pour accéder ou se maintenir au pouvoir que par l’ethnicité. Pour lui, on ne devrait pas savoir si tel responsable est Tutsi, Hutu ou Twa. « On devrait plutôt s’interroger sur sa compétence. S’il est compétent, juste et travailleur, les gens oublient totalement son origine ethnique. La compétence n’est pas ethnique, elle est technique».
Ce politologue considère que les meilleurs sont partout, tant parmi les Hutu, les Tutsi et les Batwa. Même si le taux d’instruction chez la communauté Batwa est encore faible, fait-il savoir, cette problématique peut se résoudre avec une politique claire. Il parle notamment d’une politique de scolarisation pour qu’au bout de 10 ans les Batwa aient au minimum le niveau universitaire.
Il conseille les leaders politiques de mettre les meilleurs sur listes électorales ou nomination aux postes de responsabilité. « Si le meilleur est Hutu et qu’il est travailleur, les Tutsi et les Batwa trouveront leur compte et vice-versa», conclut-il.
J’espère que cette fois-ci vous allez publier ce commentaire. Je suis surpris que vous me bloquiez alors que mon commentaire était seulement un constat sur les chiffres donnés par M. Frédéric Nzeyimana.
« Imaginez combien d’orphelins l’horreur de 1972 à laissés. Combien de veuves? Qui sans papa! Qui sans maman! Qui, quelquefois même, sans les deux! Combien ça fait des orphelins. Veuves et arrières orphelins de près d’un demi-million de personnes tuées? En sachant qu’il y avait des familles de cinq à sept enfants en 1972. Réponse? Pas moins de 6 millions. »
Surpris par le chiffre de 6 millions, je me suis plongé dans les publications de l’ISTEEBU concernant les recensements de la population (recensement général de la population de 1979, 1990 et 2008). J’ai ensuite cherché les archives des recensement administratifs des années 1965, 1970 et 1973.
Le Burundi comptait un peu plus de 3’210’000 habitants en 1965, 3’350’000 en 1973, 4’051’000 en 1979, 5’536’267 en 1990 et un peu plus de 8 millions en 2008.
Il ne pouvait donc pas y avoir 6 millions de veuves et orphelins auxquels il faudrait ajouter la partie de la population qui n’a pas connu de pertes humaines alors même que la population totale n’atteignait pas encore 4 millions.
C’était un clin d’œil à l’auteur!
Je vous remercie de bien vouloir publier ce commentaire qui ne contrevient pas à la charte.
@Arsène
Le Burundi comptait un peu plus de 3’210’000 habitants en 1965, 3’350’000 en 1973, 4’051’000 en 1979, 5’536’267 en 1990 et un peu plus de 8 millions en 2008.
Ne trouvez-vous pas bizarre qu’entre 1965 et 1973 (8 ans), il n’y ait eu qu’une augmentation de population d’à peine 140 000 habitants alors qu’entre 1973 et 1979 (6 ans) il y a eu 700 000?
Le diable se cache dans les détails!
Tout à fait mon cher Gacece! L’ennui avec les chiffres, c’est qu’ils peuvent être à la fois gage de transparence et de falsification quand on veut leur faire dire ce qu’ils ne disent pas, au mépris du bon sens et de la logique. Malheur alors à ceux et celles qui se laissent prendre à l’illusion du CQFD
Monsieur Gacece ne partait pas trop sur des hypothèses dont vous ne sauriez trouver les preuves.En 1965 et 1973 il n y a jamais eu de recensement général de la population burundaise,que de simples enquêtes par sondage en 1965 et deux autres en 1970 et 1971 qui servaient d’estimations approximatives de la population burundaise.
Le premier recensement général effectué au Burundi a eu lieu en Août 1979.
@Paul
Ce sont ses chiffres, pas les miennes. Il n’avait qu’à ne pas les présenter comme des vérités. Mais c’est quand même curieux que votre réaction vienne après qu’on ait montré ses lacunes. La question reste de savoir si vous seriez intervenu pour pointer du doigt l’intention contenue dans son commentaire.
@Gacece
Dans mon commentaire qui n’a pas été publié, je demandais à l’auteur ses sources. Les chiffres que je donne viennent des seuls sources disponibles.
Je n’ai pas trop cherché l’explication mais on peut émettre des hypothèse à la différence que vous relevez. Je me réfère à la crise sanitaire actuelle. L’Institut national française de la statistique et des études économiques (INSEE) vient de publier les chiffres concernant les naissances en France une année après le début de la pandémie. Pour le mois de janvier, la baisse des naissances atteint 13%.
Un parallèle pourrait être établi: la période 1965-1973 a connu deux guerres. Or, pendant les guerres, la croissance démographique ralentit (c’est un fait), ce n’est cependant qu’une hypothèse.
@Arsène
Je n’ai émis ni demandé d’hypothèses! Tout Burundais sait ce qui s’est passé entre 1965 et 1973. Et sans encore tomber dans des hypothèses, je serais curieux de savoir la population qu’il y avait en 1971. Tout s’est passé en 1972. Et le nier serait malheureusement tomber dans des hypothèses.
« Si le meilleur est Hutu et qu’il est travailleur, les Tutsi et les Batwa trouveront leur compte et vice-versa». Levons-nous contre la médiocrité à chaque niveau. Si nous ne le faisons pas ensemble, personne ne s’en sortira à long terme. La preuve : qu’en est-il de ceux qui étaient puissants hier ?
Tiens ! Que deviendront demain les puissants d’aujourd’hui ?
(…) Toute instrumentalisation des chiffres ethniques ne peut qu’éveiller les vieux démons. (..) la question des chiffres ethniques au Burundi est inopportune car les appartenances ethniques commençaient à se décanter. (…) revenir sur ces chiffres est néfaste. (…) Pour quoi faire alors que la technique n’a pas d’ethnie ». (…) les quotas ethniques prévus par l’Accord d’Arusha est une solution la moins mauvaise (…) Le Burundi est un pays mono-ethnique
COMMENTAIRE : LE PROBLEME #1 DU BURUNDI C’EST LE GENOCIDE
Pourquoi vieux démons ? Vieux comment ? Pas même deux générations. Quand est-ce que ces vieux démons ont-ils été adressés ? par qui ? Quand ? Et toute cette montagne d’ossements de la Ruvubu, de Mashitsi, de Nyambeho, de Vugizo, de Rumonge, de Burui, de matana, de Rutovu, de Vyanda, de Kiremba, de Mugamba… exhumés des fosses communes ces deux dernières années, par l’équipe de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) sont là pour preuve qu’un génocide a été commis. En tous points conforme à cette définition de l’ONU. D’où ça sort ? Dire que le professeur Sentamba n’y voit aucun problème !
Notez qu’il s’agit bien ici du problème de génocide institué en mode de gouvernement par la dynastie des Bahima et de ses conséquences de longue durée de l’ignorance du grand public qui constituent le problème numéro un du Burundi.
J’ai une question à poser aux Burundais de toutes les composantes ethniques, de tous les partis politiques et de toutes les croyances religieuses, et surtout professeurs chercheurs au département d’histoire de l’Université du Burundi comme le Professeur Sentamba Elias pour qui le problème de génocide n’est pas fondamental.
Pourquoi se préoccupe -t- on d’unité nationale, de réconciliation, de développement durable, de stabilité politique, de paix et souveraineté etc… mais pas de génocide alors que ce dernier constitue le problème numéro un qui empêche toutes ses valeurs de se réaliser au Burundi.
Très peu de Burundais pourraient vous expliquer en quoi consistait ce que le Gouvernement de la première République du Capitaine Michel Micombero a appelé « Révolution du 28 Novembre 1966.
What’s Revolution is a rapid, successful, and significant transformation of at least on institutional structure of a society, and an exchange of fundamental beliefs or values of a society, as a result of a popular uprising utilizing noninstitutionalized means
Comment la société burundaise parle de se développer alors qu’aucun développement n’est possible dans une société où il y a eu génocide non résolu ??
Les génocides ne sont ni des émanations de tremblements de terre, ni d’éruptions volcaniques ou encore moins des effets d’accidents de roulage. L’organisation des Nations Unies est on ne peut plus clair là-dessus.
Imaginez combien d’orphelins l’horreur de 1972 à laissés. Combien de veuves? Qui sans papa! Qui sans maman! Qui, quelquefois même, sans les deux! Combien ça fait des orphelins. Veuves et arrières orphelins de près d’un demi-million de personnes tuées? En sachant qu’il y avait des familles de cinq à sept enfants en 1972. Réponse? Pas moins de 6 millions. Le Burundi en est plein. Partout. Le génocide commis contre les Hutus par le groupe de l’oligarchie du « monstre » politico-militaire Hima en 1972 a laissé au moins six millions d’orphelins et de veuves. Et ceux qui en sont responsables sont ceux-là même qui ont gouverne le Burundi pendant quarante ans.
Le génocide n’ayant jamais été reconnu, personne parmi eux n’a été appelé à répondre à la justice. Comme si aucun tort n’avait été fait. Aucun mal. Aucune injustice.
Justement la question de régionalisme devrait être aussi soulevée :D’abord Muramvya puis Bururi et par après vient Ngozi actuellement je sait quoi encore??
Mbega abaganwa ko batavugwa?canke bari muri catégorie des batutsi ??
L’instrumentalisation ethnique a été et le sera pour des pseudos leaders en mal d’inspiration, en manque d’innovations et d’alternatives viables à long terme face aux difficultés inhérentes à toute société.
Très bien dit cher Professeur.
Nous devons pouvoir bâtir une société où la méritocratie est une valeur intrinsèque et non négociable. On doit évoluer avec le temps qui nous exige plus d’adaptabilité aux changements permanents. L’exclusion conduit toujours aux crises populaires et si on doit panser les plaies du passé, nous devons avoir des politiques visionnaires qui font émerger le sens du travail. Nos politiciens devraient être des entrepreneurs sociaux qui occupent les places de représentation selon leurs contrat pour apporter les solutions aux problèmes qui hantent nos communautés aussi bien dans les quartiers que sur nos collines.
Des idées pareilles devraient trouver une pépinière pour que nos générations actuelles et futures y puisent l’amour de la nation et de l’autre concitoyen.
Songa mbele
Très bien dit.Il faudrait aussi ajouter les méfaits causés par le régionalisme. Je me souviens qu’au Burundi, on chercher à savoir d’où l’autre vient avant de savoir de quoi il est capable en terme de compétences.
@Clovis Sibo
Je croyais que j’étais le seul à l’avoir remarqué
Chez ceux qui, la politique d’instrumentation est prisée ( médiocres au propre comme au figuré), tous les facteurs (clientelisme, trafic d’influence, regionalisme, clanisme, collinisme…) autres que compétences sont exploitables
TOUT EN SACHANT QUE IWACU DANS SON ADN NE LAISSERA PAS PASSER AUCUN DE MES COMMENTAIRES. JE TRANSFERE CE MESSAGE AU CNC. AINSI QUE TOUS LES AUTRES.
(…) Toute instrumentalisation des chiffres ethniques ne peut qu’éveiller les vieux démons. (..) la question des chiffres ethniques au Burundi est inopportune car les appartenances ethniques commençaient à se décanter. (…) revenir sur ces chiffres est néfaste. (…) Pour quoi faire alors que la technique n’a pas d’ethnie ». (…) les quotas ethniques prévus par l’Accord d’Arusha est une solution la moins mauvaise (…) Le Burundi est un pays mono-ethnique
COMMENTAIRE : LE PROBLEME #1 DU BURUNDI C’EST LE GENOCIDE
Pourquoi vieux démons ? Vieux comment ? Pas même deux générations. Quand est-ce que ces vieux démons ont-ils été adressés ? par qui ? Quand ? Et toute cette montagne d’ossements de la Ruvubu, de Mashitsi, de Nyambeho, de Vugizo, de Rumonge, de Burui, de matana, de Rutovu, de Vyanda, de Kiremba, de Mugamba… exhumés des fosses communes ces deux dernières années, par l’équipe de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) sont là pour preuve qu’un génocide a été commis. En tous points conforme à cette définition de l’ONU. D’où ça sort ? Dire que le professeur Sentamba n’y voit aucun problème !
Notez qu’il s’agit bien ici du problème de génocide institué en mode de gouvernement par la dynastie des Bahima et de ses conséquences de longue durée de l’ignorance du grand public qui constituent le problème numéro un du Burundi.
J’ai une question à poser aux Burundais de toutes les composantes ethniques, de tous les partis politiques et de toutes les croyances religieuses, et surtout professeurs chercheurs au département d’histoire de l’Université du Burundi comme le Professeur Sentamba Elias pour qui le problème de génocide n’est pas fondamental.
Pourquoi se préoccupe -t- on d’unité nationale, de réconciliation, de développement durable, de stabilité politique, de paix et souveraineté etc… mais pas de génocide alors que ce dernier constitue le problème numéro un qui empêche toutes ses valeurs de se réaliser au Burundi.
Très peu de Burundais pourraient vous expliquer en quoi consistait ce que le Gouvernement de la première République du Capitaine Michel Micombero a appelé « Révolution du 28 Novembre 1966.
What’s Revolution is a rapid, successful, and significant transformation of at least on institutional structure of a society, and an exchange of fundamental beliefs or values of a society, as a result of a popular uprising utilizing noninstitutionalized means
Comment la société burundaise parle de se développer alors qu’aucun développement n’est possible dans une société où il y a eu génocide non résolu ??
Les génocides ne sont ni des émanations de tremblements de terre, ni d’éruptions volcaniques ou encore moins des effets d’accidents de roulage. L’organisation des Nations Unies est on ne peut plus clair là-dessus.
Imaginez combien d’orphelins l’horreur de 1972 à laissés. Combien de veuves? Qui sans papa! Qui sans maman! Qui, quelquefois même, sans les deux! Combien ça fait des orphelins. Veuves et arrières orphelins de près d’un demi-million de personnes tuées? En sachant qu’il y avait des familles de cinq à sept enfants en 1972. Réponse? Pas moins de 6 millions. Le Burundi en est plein. Partout. Le génocide commis contre les Hutus par le groupe de l’oligarchie du « monstre » politico-militaire Hima en 1972 a laissé au moins six millions d’orphelins et de veuves. Et ceux qui en sont responsables sont ceux-là même qui ont gouverne le Burundi pendant quarante ans.
Le génocide n’ayant jamais été reconnu, personne parmi eux n’a été appelé à répondre à la justice. Comme si aucun tort n’avait été fait. Aucun mal. Aucune injustice.
NOTE DE LA MODERATION
Iwacu n’a aucun problème pour publier vos réactions.
Mais nous ne publierons jamais vos attaques personnelles contre des personnes ainsi que des accusations infodées.
Vous n’êtes pas juge pour condamner les gens.
Merci