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Attentat de Boston : des questions en suspens

05/05/2013 Commentaires fermés sur Attentat de Boston : des questions en suspens

Les explosions de Boston qui ont fait trois morts et 176 blessés ont été suivies de l’assassinat de Tamerlan Tsarnaev et ensuite l’arrestation de son petit frère, Dzhorkhar âgé de 19 ans. Bien que ces deux jeune gens soient étiquetés « Tchétchène » par beaucoup de médias occidentaux, ils n’ont jamais vécu en Tchétchénie et viennent de passer dix ans au sein de la société américaine en parfaite immersion. La manière dont ils ont été appréhendés ne peut ne pas susciter des questions.

<doc7884|right>Est-ce un acte terroriste interne ou externe ?

A écouter attentivement les déclarations faites par le président Barack Obama, à aucun moment il n’a à ce jour[[<i>Cet article a été rédigé le dimanche 21 avril 2013.]] précisé si cet acte terroriste est le fruit de réseaux extérieurs ou intérieur au pays. En revanche, les médias américains et européens insistent pour rappeler l’origine tchétchène des deux frères Tsarnaev suspectés. Pourtant, bien que d’origine de ce pays, les deux frères n’y ont jamais vécu et leurs parents se sont exilés dès 1993[[<ii>Cfr {Qui sont les Frères Tsarnaev ?} in [www.radio-canada.ca->http://www.radio-canada.ca/] par Radio-Canada, Agence France Presse et Reuters]].

Ces jeunes gens ont vécu un long exil durant leur enfance successivement en Kirghizstan, en Kazakhstan, en Turquie et enfin aux Etats-Unis depuis 2003. Il semblerait logique de les traiter comme des citoyens américains à part entière. Il s’agit d’une discrimination patente de définir une personne ayant la nationalité d’un pays par ses origines comme si au sein de la communauté américaine il y avait des plus Américains que d’autres. Si le Dzhorkhar Tsarnaev reste en vie, il devrait être jugé et puni en tant que citoyen Américain.
Jusqu’à preuve du contraire, l’attentat a été perpétré en interne. Jusqu’à présent, aucun signe ne laisse entrevoir la main d’Al Quaïda ou d’une quelconque organisation internationale terroriste non américaine.

Une gestion suspecte de la neutralisation des frères Tsarnaev par certains services de police : la manière d’arrêter Tamerlan Tsarnaev et son jeune frère par les forces de police semble avoir privilégié la mise à mort des personnes ciblées. D’après un des médecins traitant Dzohzkhar, son frère aîné aurait subi un nombre si important d’impacts de balles dans son corps qu’il est difficile de déterminé celui ou ceux qui lui ont été fatals. Dzohzkhar, lui-même, a été blessé à la gorge et sur la langue[[<iii>Cfr {Attentat de Boston : dans l’attente de l’interrogatoire du suspect}, in [www.radio-canada.ca->http://www.radio-canada.ca/] par Radio-Canada, Agence France Presse et Reuters.]]. Cela indiquant que les tireurs visaient en priorité la tête.

Si abattre à mort la cible peut se comprendre lorsqu’il s’agit de neutraliser un poseur de bombe, il semble plus important de privilégier la capture d’un terroriste en vie pour pouvoir lui soutirer un maximum d’informations sur ses accointances éventuelles, ses motivations et surtout prévenir ainsi une répétition du forfait par des complices en puissance. C’est surtout une manière de découvrir les cerveaux qui peuvent se cacher derrière ses seconds couteaux.

Lorsqu’une police fait preuve d’empressement à éliminer les suspects, on est en droit de se demander s’il n’y a pas une volonté délibérée de brouiller les pistes. Cela s’est vu lors de l’assassinat des frères Kennedy, de Malcom X[[<iv>Cfr Bell, W., Malcom X : {Plots, Theoris and Facts}, in [www.trut.com->http://www.trut.com/]]] ou de King Jr[[<v>Certains documents ayant traits à cet assassinat sont classés et ne pourront être consultés avant…2027 !]]…
On est enfin en mesure de se demander comment la société américaine, et par ricochet européenne, va s’organiser demain en termes de gestion de la politique d’immigration et de la sécurité intérieure. La tentation sera de restreindre les libertés en banalisant des lois d’exception comme « l’exception de sécurité publique » qui permet à la police de questionner un suspect sans le soutien d’un avocat. Comment seront gérées les manipulations du cerveau en cours d’analyse dans les laboratoires de recherche qui permettront de « téléguider » une personne totalement inoffensive et la transformer en un criminel pur jus ?

Les défis de demain sont aussi inquiétants que ceux qui ont engendré le totalitarisme nazi et fasciste qui a entrainé inexorablement le monde dans la seconde guerre mondiale[[<vi>Rappelons-nous de deux causes lointaines l’une française, l’{Affaire Dreyfus} entre 1894 et 1906 et l’autre durant les années vingt aux USA ce qu’on a appelé {La Peur Rouge} avec notamment le procès de Sacco et Vanzetti.]]. Le président Obama a raison de resituer les choses dans leur contexte quand la foule à Watertown scande « j’aime les Etats-Unis ! ». Elle semble le hurler en opposition à … quelque chose d’autre (la Tchéchénie ? l’Autre en général ?). « L’esprit de Boston » dont parle le président gagnerait à rejoindre celui de Montesquieu quand il dit ceci : « Si je savais une chose utile à ma nation qui fût ruineuse pour une autre, je ne la proposerais pas à mon prince, parce que je suis homme avant d’être français, (ou bien) parce que je suis nécessairement homme, et que je ne suis français que par hasard [[<vii>{Cahiers 1716-1755, Mes Pensées}, I, p 344 in Agi, M., {René Cassin : 1887-1976, Prix Nobel de la Paix. Père de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, Paris}, Perrin, 1998, p 163]]».
Jugeons donc selon la loi et non selon les origines, inquiétantes à nos yeux, du suspect.

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