Mercredi 25 décembre 2024

Politique

Ils attachent et enferment leur fille « pour la protéger contre le Sida »

Une jeune fille, PN, vient de passer plus d’un mois dans une chambre, enfermée par ses parents. Elle a été libérée grâce à l’intervention de La Solidarité de la Jeunesse Chrétienne pour la Paix et l’Enfance (Sojepae) et de la police, ce 13 décembre.

De gauche à droite, Musolewa Bambonanire, chargé des affaires juridiques à la Sojepae, la petite fille Joëlle Ntungane et sa mère ©Iwacu
De gauche à droite, Musolewa Bambonanire, chargé des affaires juridiques à la Sojepae, PN la petite fille et sa mère ©Iwacu

Le calvaire de PN, 5 ans, prend fin grâce à la dénonciation d’une amie de sa mère. Rendant souvent visite à la famille, cette dernière s’étonne que l’enfant soit enfermée tout le temps dans une chambre fermée avec un cadenas. Elle se décide à approcher la Sojepae qui a recours à la police. Une descente est envisagée dans le domicile en question. « Audacie Nizigiyimana, la mère de l’enfant et son époux hésitent à coopérer », raconte David Ninganza, chargé de la communication à la Sojepae. Par la suite, la famille a accepté d’ouvrir la chambre et de faire sortir l’enfant. Il ajoute que PN était torse nu et en culotte rouge. Des cicatrices sont visibles au niveau de ses avant-bras. « N’eût été notre intervention, le calvaire de la petite fille continuerait », note M. Ninganza.

La mère avance que c’est la peur qui les a poussés, elle et son mari, à attacher PN et à l’enfermer dans la chambre. Et d’expliquer : « La nounou s’est permise d’utiliser une lame de rasoir pour lui couper les ongles sans savoir à qui elle appartenait. » Selon elle, deux filles parmi leurs colocataires sont soupçonnées d’être séropositives. Et c’est son père, raconte-t-elle, qui a décidé de l’attacher pour que le sang infecté ne se propage pas dans tout le corps. « Après interrogatoire des parents, nous avons trouvé que ces derniers ne savaient pas quoi faire pour vaincre la peur. Par ignorance, ils ont décidé de l’attacher et de l’enfermer. Nous leur avons donné des conseils à suivre pour mieux la protéger », déclare Christine Nsabiyumva, commandant de l’Unité de Police des Mineurs et de la Protection des Mœurs.

Le chargé des affaires juridiques à la Sojepae, Musolewa Bambonanire, fait savoir que l’enfant est traumatisée. Il promet que la petite fille bénéficiera d’une prise en charge psychosociale et d’un dépistage des MST/Sida. Même si la Sojepae est incapable de couvrir tout le territoire national, ajoute-t-il, elle fait beaucoup de sensibilisations contre les violences faites aux enfants.

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. Mugamba

    Bonjour à tous! Merci pour l’article. Merci pour ces personnes qui veillent entretenir et défendre les droits des autres! Par contre, mon clin d’œil va à l’endroit de la rédaction. Pourquoi révélez-vous les noms de ces parents? J’en serai pour s’ils n’étaient pas ignorants! Faut-il à l’avenir préserver l’intimité et la vie privée des gens!!! A rappeler que le travail d’un historien diffère beaucoup de celui d’un journaliste!! C’est mon petit point de vue que chacun peut interpréter comme il veut.

  2. NKUNDUWIGA J.M.V

    L’ignorance peut conduire a des comportements irrationels et catastrophiques….! La petite ange qui n’a que 5 ans en est victime…!! Kutiga biragatsindwa umugani w’abazimya muriro bo hakurya ya Kanyaru…! Biragaragara ko intambwe ikiri ndende kugira ngo twumve bimwe ku ndwara ya SIDA hamwe n’uko yandukira…!

  3. Muk ami

    Cela montre que l’éducation à la lutte contre le sida n’a pas encore atteint tous les citoyens burundais.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Que la compétition politique soit ouverte

Il y a deux mois, Iwacu a réalisé une analyse de l’ambiance politique avant les élections de 2020 et celles à venir en 2025. Il apparaît que la voix de l’opposition est presque éteinte. Il n’y a vraiment pas de (…)

Online Users

Total 2 489 users online