Après sa sortie sur Facebook, samedi 7 février, Francine a été contactée par Iwacu. La vice-championne olympique du 800 m ne mâche pas ses mots. En plus de l’inaction, elle accuse le CNO d’opacité dans la gestion des bourses de certains athlètes. « Des allégations infondées », rétorque le CNO.
« Je le redis et le répète, notre Comité National Olympique ne fait rien. Pour une compétition planétaire comme les Jeux Olympiques, engageant l’honneur de tout le pays, un minimum d’efforts s’impose », martèle-t-elle.
A deux mois du début des compétitions qualificatives pour cette olympiade, Mlle Niyonsaba fait savoir que les obligations d’aînesse l’ont poussée à sortir de son silence. «Que les gens se détrompent, je n’ai aucun compte à régler avec les responsables du CNO. Tout ce que je désire, c’est le bien de mes petits frères et petites sœurs».
A part l’inaction, cette spécialiste du tour de piste reproche au CNO son indifférence. « Sur les 10 athlètes boursiers de la solidarité olympique, certains ne l’ont pas encore perçu alors que les compétitions qualificatives approchent à grand pas». Pour elle, c’est une aberration. Parce que ses dirigeants savent pertinemment qu’une bonne préparation va de pair avec les moyens financiers.
Elle déplore également le deux poids deux mesures qui commencent à s’observer dans le décaissement de cette somme. « Pourquoi certains athlètes continuent d’en percevoir alors qu’il y a ceux qui n’ont pas reçu la 1ère tranche ?». Un état de fait qui l’amène à se demander si au lieu d’aider les athlètes, le CNO n’empiéterait pas volontier sur leur préparation ?
Actuellement boursière de l’ACNOA depuis 2019, elle s’étonne qu’elle n’ait rien reçu jusqu’à maintenant. « Au lieu de mentir à l’opinion que nous ne faisons rien, si les responsables du CNO n’en sont plus capables, il est grand temps qu’ils rendent le tablier ».
D’après Francine, il y a un je-ne-sais-quoi d’indolence, qui montre qu’ils se soucient peu de la bonne préparation des athlètes pour ce grand rendez-vous.
Et au sujet de ce que laisse entendre le CNO comme quoi Francine n’aurait pas transmis son programme d’entraînement, elle n’y va pas du dos de la cuillère : «Il y a des correspondances entre la fédération burundaise d’athlétisme et le CNO sur mon changement de distance à courir.»
Aux inquiétudes de ses fans, Francine Niyonsaba tranquillise : « Les entraînements vont bon train, l’acclimatation sur 5.000 m se passe bien. »
De fausses déclarations
Salvator Bigirimana, secrétaire générale du CNO, réfute catégoriquement les propos de la vice-championne olympique du 800m : «Nous faisons feu de tout bois pour que la préparation suive son cours normal. »
Reconnaissant un retard dans le décaissement de l’argent perçu comme bourse, il explique que cela est dû aux procédures de la solidarité olympique. « Pour que cette instance décaisse la somme, tous les dossiers des athlètes doivent être au complet ».
Or, observe-t-il, depuis peu, les athlètes boursiers envoient tardivement leurs dossiers. « Hélas, c’est une lacune persistante que je leur demande de corriger, en vain».
Contrairement à ce que laisse entendre Francine, il assure qu’il n’y a pas de deux poids deux mesures : « Mis de côté, certains athlètes dont le décaissement de leurs bourses tarde suite au retard de traitement de leurs dossiers, tous les autres ont déjà perçu leur 1ère tranche de 4 mois ». Concernant la bourse de Francine, il explique qu’elle en est responsable à 100%.
A plus d’une fois, fait-il savoir, nous lui avons demandé d’envoyer son programme d’entraînement. A notre grande surprise, en plus de sa réponse tardive, elle nous a fait savoir qu’elle va s’aligner sur les 3.000 m. « Malheureusement, c’est une distance non homologuée aux JO. Au vu de tout cela, l’ACNOA a momentanément suspendu sa bourse ». Avant de préciser: « Contrairement à ce qu’elle pense, la décision ne nous incombe pas. Si elle veut sa bourse, qu’elle en informe de nouveau officiellement l’ACNOA».
Pour éviter d’éventuels refus de visa lors des sorties à l’étranger, M. Bigirimana fait savoir qu’ils sont en contact avec les consulats d’Espagne et d’Italie. A propos du manque récurrent des moyens financiers, il se veut rassurant : « Aucun athlète boursier de la solidarité olympique ne ratera une compétition qualificative sous un quelconque prétexte.»