L’atelier de réflexion sur les leçons apprises des élections de 2010, organisé, du 11 au 13 mars, par le Bureau des Nations unies au Burundi (BNUB), en collaboration avec le gouvernement et la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), sera l’aboutissement d’une dynamique sous-jacente qui a commencé à affleurer dès la mi-janvier 2013.
Jeffrey Feltman, Secrétaire Général Adjoint de l’ONU chargé du Département des Affaires Politiques, en mission d’évaluation au Burundi, les 1er et 2 février, s’est entretenu à huis clos avec les dirigeants des associations de la société civile, ceux de tous les partis politiques, avant de rencontrer le Président Nkurunziza. L’objectif de cette visite était de se rendre compte du climat politique qui prévaut et discuter des entraves aux « élections libres et transparentes. »
L’interview que Parfait Onyanga-Anyanga, Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations unies au Burundi, a donnée à l’International Peace Institute à New York, le 25 janvier, justifie cet atelier : « Aujourd’hui, le plus grand danger pour le Cndd-Fdd n’est pas de perdre en 2015. S’il y avait des élections organisées maintenant, le Cndd-Fdd est en position de les gagner clairement. Le plus grand danger pour lui, par contre, c’est de se présenter seul aux scrutins. Et cela serait un grand coup pour la jeune démocratie burundaise. »
Quant à l’Ambassadeur Paul Seger, président de la Configuration Burundi de la Commission de consolidation de paix à l’ONU, il a déclaré, le 16 janvier à Bujumbura, que « les Nations unies vont appuyer le Burundi dans l’organisation des élections de 2015. »
Entre le préférable et le détestable
« Le choix en politique n’est pas entre le bien et le mal, mais entre le préférable et le détestable », dixit Raymond Aron, philosophe et sociologue français. Bon gré mal gré, le parti présidentiel va devoir appliquer cette leçon politique. Car la communauté internationale ne financera pas les prochaines élections si elle consacre un monopartisme de fait. C’est dans cette perspective qu’il faut lire l’intervention de M. Ananga lorsqu’il évoque « le plus grand risque pour le Cndd-Fdd ».
Pour le parti de l’aigle, le préférable est le rétrécissement de l’espace politique – statu quo – qui lui rassure un pouvoir absolu par la marginalisation de l’opposition, en l’occurrence l’ADC-Ikibiri.
Quant au détestable, c’est l’idée d’une transition politique, qui réduirait les prérogatives du Président Nkurunziza, pour aboutir à des élections libres et transparentes selon la formule consacrée. Il s’agirait, à son sens, d’un déni démocratique, d’une volonté de délégitimation de la première force politique du Burundi avec comme corolaire un sentiment d’humiliation.
La real politik s’imposera aux protagonistes politiques qui devront déterminer leur juste milieu pour assainir le climat politique, condition sine qua non au bon déroulement des prochaines élections. Plus qu’un remaniement ministériel et moins qu’une transition politique. Entre les deux, le champ des possibles est ouvert.