Mardi 8 octobre, le ministre des Droits de la personne humaine, du genre et des affaires sociales s’est estimé satisfait du bilan trimestriel de la mise en œuvre du plan d’action gouvernemental en matière de respect des droits humains.
Dans une ambiance feutrée d’une salle de réunion, M. Nivyabandi a dressé un état des lieux positif quant au travail de collecte de données effectué par les Coordinateurs provinciaux des centres de développement familial et communautaire (CDFC). Cette activité de terrain dresse un aperçu général de la situation des droits de l’Homme dans le pays. Selon M. Nivyabandi, le taux de réussite de ce plan d’action avoisine les 95%.
En coulisse, des coordinateurs se plaignent
L’autocongratulation du ministre sur le succès du projet n’est pas du goût d’un des coordinateurs provinciaux rencontré lors de la pause café. Bernard* est un homme volubile qui, s’étant d’abord rassuré de l’anonymat de son témoignage, a confié qu’à l’instar du manque de moyens alloués aux CDFC (ce que le ministre a reconnu lui-même), un problème de coordination existe entre le ministère et les CDFC qui n’auraient accès à aucun plan d’action élaboré à leur endroit par les services du ministère:«Nous n’avons aucun plan d’action du ministère et cette déconnexion entre le sommet et la base bloque tout». Pour preuve, un certain nombre de rapports provinciaux ont été invalidés au cours de l’atelier par les services du ministère.
Au moment de la reprise de la conférence, Lucien*, un coordinateur approché, a révélé que les acteurs et actrices sur terrain ont reçu pour consigne de ne pas communiquer sur leurs activités aux journalistes et a orienté Iwacu vers les services du ministère «pour avoir toutes les réponses».
Interrogé lors de la séance de questions accordée aux journalistes, le ministre a défendu que le plan d’action de ces activités a été mis à la disposition du public par le ministère qu’il préside. Il a ajouté que «les coquilles» observées dans les données collectées et présentées dans bon nombre de rapports sont dues à un déficit de «capacités d’action» de coordinateurs affectés aux CDFC.
A la fin de la rencontre, Iwacu a demandé l’accès aux rapports détaillés au niveau de chaque province qui n’ont pu lui être fournis par les services du ministère. En lieu et place, la rédaction s’est procurée auprès de ces services une synthèse générale des rapports provinciaux présentés. A la lire, elle épouse la bonne appréciation ministérielle du jour: «Tout est OK»
*: nom d’emprunt