Le programme psychosocial de la coopération suisse a initié, lundi 9 décembre, à Bujumbura, une séance d’échanges sur l’apport des hommes dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
Beaucoup de participants sont revenus sur une culture burundaise qui draine des aspects de violence tolérés. «Quand un enfant se fait battre par son camarade à l’école, le meilleur conseil qu’on lui donne une fois à la maison est de prendre sa revanche. Il faut un travail de conscientisation au niveau de la communauté et des familles », avance une militante dans une association de lutte contre les violences sexuelles. Toute cette violence emmagasinée, explique-t-elle, rejaillit plus tard dans les rapports hommes-femmes, notamment dans le foyer.
Un autre participant de renchérir : «Des programmes d’éducation contre la violence sous toutes ses formes sont nécessaires dès le bas âge. Sans oublier aussi la communication entre parents et enfants.»
Un certain nombre de préjugés et stéréotypes sexistes inscrits dans les mœurs burundaises ont été battus en brèche : «C’est insupportable d’entendre toujours que «le vrai homme» est celui qui frappe sa femme ou alors que l’épouse n’a pas droit à la parole dans son propre foyer», a affirmé un officier de policier qui en a profité pour déclarer qu’au niveau de la police, les plaintes pour violences basées sur le genre sont «prises très au sérieux.» D’autres ont pointé du doigt le rôle joué par les religions dans «la hiérarchisation des sexes », ce qui, pour eux, favorise l’installation d’un très fort rapport d’inégalité entre les hommes et les femmes.
L’ambassadeur de l’Union européenne, Claude Bochu, a informé que l’UE travaille actuellement sur la prise de parole des victimes de violences sexistes «confrontées à un double mur de silence, tant familial, social qu’administratif.». «Nous avons essayé de créer un cadre convenable pouvant permettre aux femmes ayant subi des violences de s’exprimer et de témoigner, notamment au travers de spectacles organisés dans certains coins du pays comme dernièrement à Ngozi».
Quant à la coordinatrice du programme psychosocial, Aziza-Aziz Souleyman, elle a révélé que 26 à 30% des personnes bénéficiant d’un soutien de la part du programme sont des hommes victimes de violences.