Mercredi 25 décembre 2024

Archives

Assassinat à Rumonge : deux autorités pointées du doigt

05/05/2013 Commentaires fermés sur Assassinat à Rumonge : deux autorités pointées du doigt

Un cadavre d’une personne non identifiée a été retrouvé à Nkayamba, à l’entrée de la ville de Rumonge. Les présumés assassins seraient le directeur de la prison de Rumonge et le responsable local du Service national de renseignement (SNR). Ceux-ci gardent le silence.

<doc2879|right>Tout commence jeudi, 26 janvier vers 18 heures 30 minutes. M.I.C., un habitant de Rumonge indique que Paul Mirerekano, directeur de la prison de Rumonge, et un certain Salvator, responsable du SNR, accompagnées par des policiers, arrêtent un jeune homme à la 8ème avenue du quartier swahili.

D’après N.D. du même quartier, ils commencent à le tabasser avant de l’embarquer dans la camionnette du directeur de la maison pénitentiaire. Selon toujours notre source, la victime n’était pas connue dans la localité. D’après elle, le véhicule du directeur de la prison et un autre, non identifié, se dirigent vers la colline Nkayamba, à l’entrée de la ville de Rumonge.
Vers 19heures, sous une pluie fine, les habitants proches de cette localité entendent des cris d’une personne. D’après les mêmes sources, ils tentent d’intervenir mais les policiers tirent dans tous les sens, apparemment pour empêcher toute intervention.

Un cadavre est retrouvé le lendemain

Vendredi matin, la population retrouve un cadavre sur la colline Nkayamba. Selon P.M., la victime avait entre 25 et 30 ans : « Son corps avait été jeté dans un caniveau, dans une mare de sang, le bras gauche ligoté. Les balles l’avaient atteint au niveau des épaules. » D’après la même source, il y avait trois douilles à côté. « Il était gardé par des éléments de la police», révèle une autre source. Vers 8 heures, poursuit-elle, la camionnette de l’administrateur communal de Rumonge transporte la dépouille mortelle à l’hôpital de Rumonge pour une expertise médicale. « Trente minutes après, le corps est enterré au cimetière de Birimba sans attendre les membres de la famille de la victime», explique H.L. de Nkayamba.

Une attaque sur Rumonge ?

Des sources proches du SNR indiquent avoir appris la présence d’éléments armés dans la ville de Rumonge. Selon les mêmes informations, les agents du SNR en ont capturé un et pendant la traque du reste du groupe, ils ont essuyé des tirs, ceux-là-même qui ont fauché la personne retrouvée morte. De même, elles font état d’un fusil de type kalachnikov saisi, et portant le numéro 8895. Toutefois, la police et l’armée n’étaient pas averties, apprend-on de ces deux corps de sécurité. D’autres sources indiquent que la victime serait un militant des FNL d’Agathon Rwasa, en même temps une parenté du directeur de la prison de Rumonge.

<doc2880|left>L’administrateur s’en lave les mains

Gérard Ndikumana, administrateur de la commune Rumonge, affirme avoir appris tardivement cette attaque: « J’étais avec le Commissaire provincial adjoint de la police. » Au sujet du cadavre enterré avant son identification, l’administrateur Ndikumana explique seulement avoir attendu le constat de l’officier de police judiciaire et de l’expertise médicale avant l’enterrement. Mais concernant l’identité de la victime, il nous demande de nous adresser à la police.
Contacté par Iwacu, Paul Mirerekano, directeur de la prison de Rumonge n’a pas voulu s’exprimer et nous a renvoyés vers la police. Celle-ci s’est gardée de tout commentaire. Néanmoins, selon certains des services de sécurité, la victime s’appellerait Alexis Ndimurwanko et serait originaire de la commune Muhuta, province de Bujumbura. D’aucuns se demandent, cependant, comment elle a pu être identifiée alors qu’elle n’avait pas de carte d’identité sur elle.

Et ce n’est pas la première fois…

… qu’une personne est assassinée dans de telles circonstances. Jusque-là, la commune de Rumonge passait pour être parmi les plus calmes sur le plan sécuritaire, témoignent des sources militaires et policières de la localité. A la suite de cet assassinat, la population vit la peur au ventre. Elle craint que ce ne soit une façon d’une mise en application du fameux « plan Safisha »(ou nettoyage en swahili, plan consistant à éliminer systématiquement des opposants politiques, ndlr) rapporté par les organisations de défense des droits de l’homme dans plusieurs coins du pays, il y a plusieurs mois.

Il est, en effet, inconcevable que le SNR intervienne dans une opération de maintien de l’ordre sans que ni la police ni l’armée, ne soient même pas au courant. Que seul le responsable de l’administration pénitentiaire ait été associé laisse songeur.

La population voit derrière cet assassinat des mobiles politiques. Sous d’autres cieux, une enquête aurait été déjà ouverte pour connaître les véritables auteurs. Aujourd’hui, ces derniers se la coulent douce. « La loi du plus fort est toujours la meilleure », dit le fabuliste.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Que la compétition politique soit ouverte

Il y a deux mois, Iwacu a réalisé une analyse de l’ambiance politique avant les élections de 2020 et celles à venir en 2025. Il apparaît que la voix de l’opposition est presque éteinte. Il n’y a vraiment pas de (…)

Online Users

Total 1 289 users online