Audace Vianney Habonarugira, ex-combattant FNL, aile Agathon Rwasa, a été retrouvé mort, jeudi dernier, à Isare. Quelques jours auparavant, il avait accusé un colonel des services secrets burundais de l’avoir blessé par balle. L’APRODH appelle, sans succès, à l’arrestation de l’officier.
Depuis trois mois, Audace Vianney Habonarugira, craignait pour sa sécurité. Ce colonel démobilisé des FNL d’Agathon Rwasal a été tué dans la nuit du 14 juillet. D’après le témoignage d’Audace Vianney Habonarugira, avant sa mort, l’affaire remonte à mars dernier. Un certain Cyrille vient le voir à Kamenge où il habite. Ce colonel du Service National de Renseignement (SNR) lui propose une collaboration : l’élimination des fidèles d’Agathon Rwasa moyennant deux cents mille francs bu par militant tué par le démobilisé lui-même et trente mille francs par personne livrée.
Audace Vianney Habonarugira décline l’offre : « Et moi, qu’est-ce que je deviendrai après les avoir éliminés ? », demande-t-il. Puis, coup de colère de l’officier du SNR : « Quelques jours après, ce colonel ouvre le feu sur lui, à la 14ème avenue du quartier Mirango parce qu’il refuse cette offre », confie une source sur place. Miraculeusement, ce combattant des FNL depuis les années 1990 ne meurt pas ; mais il est grièvement blessé au niveau des hanches. Il est alors admis à l’hôpital Roi Khaled reçoit des soins. Les présumés assassins ne se lassent pas : « Même sur son lit d’hôpital, Audace Vianney Habonarugira reçoit des menaces », témoigne une infirmière de la place.
Trois mois d’hospitalisation
Selon une source à l’hôpital Roi Khaled, Audace Vianney Habonarugira sort de l’hôpital le 27 juin. D’après Pierre Claver Mbonimpa, l’APRODH assure son déplacement et l’héberge pendant deux jours. Habonarugira, raconte Pierre Claver Mbonimpa décide par après d’aller à Rumonge. Arrivé là, témoigne une autre personne, il reçoit encore une fois des menaces et retourne à Bujumbura. Selon notre source, il passe deux jours à l’APRODH et se rend chez un ami au quartier industriel. Le 19 mai 2011, Augustin Sinzoyibagira, procureur de la République en Mairie de Bujumbura met en place une commission d’enquête pour le cas d’Audace Vianney Habonarugira.
Elle est présidée par Wellars Privat Mpitabakana, commissaire central adjoint chargé de la recherche criminelle. Le 11 juillet, témoigne une source sous couvert d’anonymat, M. Habonarugira comparaît devant la même commission. Il cite encore une fois le nom du colonel Cyrille et rappelle que sa sécurité est toujours menacée. Après l’interrogatoire, ajoute notre source, il rentre au quartier industriel. Et trois jours après, on retrouve son cadavre sur la colline Gishingano, sous-colline Gasamanzuki.
« Cyrille doit être arrêté »
Pour Pierre Claver Mbonimpa, la situation est inquiétante : « Il est inconcevable qu’une personne soit tuée alors qu’elle avait déjà pointé du doigt l’assassin! » Il demande à la justice d’arrêter le colonel Cyrille afin de continuer les enquêtes. Selon Augustin Sinzoyibagira, procureur de la République en Mairie de Bujumbura, la commission avait demandé à l’APRODH de mettre à sa disposition feu Audace Vianney Habonarugira pour assurer sa sécurité mais en vain. Pour ce magistrat donc, cette association est responsable de son sort.
Pourtant, d’aucuns affirment que l’emprisonnement était la seule protection. Ils estiment que la commission devrait plutôt mettre sous les verrous le présumé assassin mais qu’elle n’a pas le pouvoir d’arrêter un haut gradé de la police. Toutefois, une source proche de cette commission indique qu’elle a déjà auditionné le colonel Cyrille et que les enquêtes continuent. Pierre Claver Ntarabaganyi, porte-parole de la police nationale, trouve que Vianney Habonarugira avait deux choix : « Il pouvait soit directement s’adresser au SNR puisqu’il avait identifié le bourreau ou fournir tous les éléments de preuve à la police. » Malheureusement, déplore-t-il, il ne nous a jamais mis au courant des menaces qui pesaient sur lui.
Nous avons contacté Télesphore Bigirimana, porte-parole du SNR sans succès.
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Les membres de cette commission sont au nombre de cinq et sont tous des policiers. Il s’agit de :
– Wellars Privat Mpitabakana (président)
– Parfait Hakizimana
– Jean Claude Sindayigaya
– Bernard Nzeyimana
– Venant Barumbanze
La commission a été créée le 19 mai 2011 par Augustin Sinzoyibagira, procureur de la République en Mairie de Bujumbura}