Le Burundi a commémoré, ce 6 avril, le 29e anniversaire de l’assassinat du président Cyprien Ntaryamira survenu suite à un attentat contre l’avion de son homologue rwandais Juvénal Havyarimana à l’aéroport de Kanombe à Kigali. Le parti Sahwanya Frodebu réclame la vérité et la justice sur sa mort.
Les cérémonies ont commencé par une prière faite à la place des martyrs de la démocratie au centre-ville de Bujumbura. Pour des raisons liturgiques, la messe en sa mémoire n’a pas été célébrée à la cathédrale Regina Mundi comme d’habitude. C’est la semaine sainte.
Dans sa prière, le prêtre a rappelé qu’être fidèle à ceux qui sont morts n’est pas s’enfermer dans la douleur, mais vivre comme eux et transmettre leurs visages, leurs voix et leurs messages : « Nos souvenirs du deuil du passé particulièrement la date du 6 avril 1994 ne seraient pas une occasion de se jeter des torts, mais une brèche ouverte pour la réconciliation entre les familles, entre les nations, entre les frères et sœurs d’un même sang ».
Après cette prière, le couple présidentiel a déposé une gerbe de fleurs sur la tombe du feu président Ntaryamira. Les membres du corps diplomatique, sa famille biologique, Sylvestre Ntibantunganya au nom de ses compagnons de lutte et les représentants des partis politiques ont aussi honoré sa mémoire en déposant des gerbes de fleurs sur sa tombe.
Les membres des familles des deux ministres Cyriaque Simbizi et Bernard Ciza, assassinés avec Cyprien Ntaryamira, ont aussi déposé des gerbes de fleurs sur leurs tombes.
Le parti Sahwanya Frodebu, dont feu président Ntaryamira était militant de premier rang, regrette que rien n’a été fait jusqu’à présent pour connaître la vérité sur son assassinat.
« Le président Ntaryamira n’est pas mort d’un accident. Il a été assassiné. L’avion qui le transportait a été délibérément abattu par un missile. Dans ces conditions, la justice internationale, la justice burundaise et rwandaise devraient s’engager à mener des enquêtes indépendantes pour identifier les auteurs de cet acte ignoble et connaître la vérité », indique Pierre-Claver Nahimana, président du parti Sahwanya Frodebu.
Selon lui, les auteurs de l’assassinat de Cyprien Ntaryamira restent protégés par cette incapacité de la justice internationale. Pour lui, il est impossible de construire la réconciliation nationale sur des cadavres et des mensonges.
Rappelant l’héritage de Cyprien Ntaryamira, Pierre Claver Nahimana souligne son dévouement au développement durable du pays : « Il a commencé à travailler pour le développement étant encore jeune. Les jeunes d’aujourd’hui devraient s’inspirer de lui et s’engager à développer le pays. Qu’ils ne soient pas découragés par les difficultés du moment ».
Selon lui, le message de feu président Cyprien Ntaryamira appelant les Burundais à la discipline en tout, doit être appliqué partout dans le pays :« Maintenant, avec la pauvreté qui s’installe, on dirait qu’il y a du désordre dans le pays. Pour bien appliquer ce message de discipline, il ne faut pas que les gens s’adonnent au désordre, à commencer par les dirigeants ».
Feu président Ntaryamira a été assassiné à 39 ans. L’avion a été touché par un missile alors que lui et son homologue rwandais Juvénal Habyarimana venaient d’Arusha en Tanzanie. Il avait été investi le 5 février 1994 après la mort du président Melchior Ndadaye le 21 octobre 1993.
La recherche de justice sur l’assassinat des deux Présidents, leurs collaborateurs et l’équipage a été occultée, des compromis et compromissions entre les Nations-Unies, les USA, la France et le Rwanda ne permettent pas de faire autre chose que se résigner dans ces non-lieu. C’est la triste réalité pour le Burundi, les Burundais et surtout les familles des dignitaires Burundais assassinés dans cet avion. La politique est ainsi faite. Par ailleurs, est-ce que les familles ont été indemnisées pour les leurs perdus? Lift ou pas, l’avion appartenait au Rwanda et peut-être qu’une assurance existait…