La police burundaise accuse Christa Kaneza d’être instigatrice, complice avec un rôle de coauteur de l’assassinat de son mari Thierry Kubwimana tué à Gasekebuye, zone Musaga de la mairie de Bujumbura dans la nuit du 24 au 25 novembre 2020.
C’est ce mercredi 20 janvier 2021, vers 11 heures au Commissariat de la police judiciaire que Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique fait venir une jeune femme et deux hommes pour les présenter à la presse.
La jeune femme, c’est Christa Kaneza, l’épouse de Thierry Kubwimana tué par balles reçues en pleine poitrine, dans sa chambre, chez lui à Gasekebuye en zone Musaga, commune Muha de la mairie de Bujumbura dans la nuit du 24 au 25 novembre 2020.
La jeune femme qui a bébé de quelques mois est visiblement sonnée, les yeux hagards, elle semble ne pas comprendre ce qui lui arrive. Elle apparaît en survêtement de couleur noire et un capuchon gris, elle porte des claquettes et des chaussettes blanches. Selon des proches, depuis l’assassinat de son mari, elle serait déprimée.
Les proches de la jeune femme dont sa belle-mère qui porte, le bébé de Christa, son petit-fils dans le dos, suivent de près ce qui se passe. Ils avancent timidement derrière eux. Les belles-sœurs de la jeune femme et quelques autres parentés sont également présentes. Une certaine nervosité mêlée d’angoisse se lit sur les visages.
Tout à coup Pierre Nkurikiye ordonne aux policiers présents de passer les menottes aux trois ’’complices’’. Peut-être par économie de menottes, deux suffisent pour les trois ’’complices’’.
Et comme Christa est au milieu, elle est attachée aux deux hommes présentés par la police comme coauteurs. Ces deux derniers ont la chance d’avoir une main libre, ce qui n’est pas le cas pour cette jeune dame.
Au vu de cette scène, il devient difficile pour certains proches de la jeune femme de se retenir. « Ce que vous faites est inacceptable », a crié la belle-sœur de Christa, en se présentant comme son avocat.
Elle hausse le ton : « Votre procédure est contraire à la loi ». Elle tente même de pendre une photo de sa belle-sœur menottée au milieu des deux hommes mais un agent de la police lui arrache son smartphone.
Et Pierre Nkurikiye d’intimer l’ordre au policier qui vient de se saisir de ce téléphone de le garder : «Peut-être qu’on découvrira d’autres éléments dans ce téléphone ».
Les proches de la femme tenteront d’assister à la communication du porte-parole du ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique mais les policiers les en ont empêchés.
La belle-mère de Christa Kaneza, le bébé dans le dos, assiste, impuissamment à cette scène avec sa belle-fille menottée attachée à deux hommes avant d’être présentée à un parterre de journalistes qui se précipitent à prendre des photos.
Les fondements de la charge de la police
S’adressant aux journalistes, Pierre Nkurikiye présente Christa Kaneza comme une instigatrice de ce crime odieux. Il parle de trois criminels : Jean Paul Ndibanje, Emmanuel Niyongabo et André Minani alias Feredi.
« Ils sont venus de l’extérieur et se sont introduits dans le ménage d’un certains Thierry Kubwimana, 29 ans, pour l’assassiner, facilités par son épouse qui d’après l’enquête de la police est l’instigatrice même de l’assassinat de son mari », a déclaré Pierre Nkurikiye.
Plusieurs éléments, poursuit-il, montrent le rôle de cette femme comme instigatrice, complice et coauteur du crime. D’après lui, cette femme a d’abord contrôlé les occupants de la maison. « L’occupante adulte était une bonne, la femme a dû l’enfermer dans sa chambre pour l’empêcher de donner l’alerte ou porter secours », a chargé Pierre Nkurikiye.
Il affirme que Christa Kaneza a ouvert toutes les portes aux criminels jusqu’à la chambre à coucher et qu’elle a allumé toutes les lumières alors que d’habitude elles sont éteintes la nuit.
Autre élément, continue Pierre Nkurikiye, « c’est des contradictions constatées dans les propos tenus par les deux criminels et même de la femme. Elle dit que l’on a tiré sur lui et qu’il est mort alors qu’on a constaté des lésions corporelles. » Pour Pierre Nkurikiye, l’expertise médicale montre que la victime s’est débattue avant d’être tuée d’où ces lésions corporelles.
Selon lui, la femme de feu Thierry Kubwimana a été localisée par la technologie dans la zone Rohero alors que son père et son frère évacuaient la victime vers l’hôpital. Et d’affirmer que la police est partie avec « les auteurs » à la maison de la victime pour une reconstitution.
Parmi ces hommes, a-t-il tenu à souligner, personne ne connaissait la maison, l’adresse encore moins son plan. Il a indiqué donc qu’elle a constaté que le crime ne pouvait pas se commettre sans la complicité d’une personne à l’intérieur de la maison.
« La seule à qui la police pouvait orienter ses soupçons, c’est cette femme qui était une personne adulte», a indiqué le porte-parole du ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique.
D’après lui, Jean Paul Ndibanje et Emmanuel Niyongabo ne nient pas les faits. « Un autre criminel est toujours recherché par la police », a-t-il confié.
Signalons que cette victime, Thierry Kubwimana, ancien étudiant en Russie, a travaillé comme interprète pour la société minière russe au Burundi, Tanganyika Mining Company’’. C’est quelques mois après avoir quitté cette société qu’il a trouvé la mort. Il s’était reconverti dans le business pour son propre compte.
Emery Kwizera & Abbas Mbazumutima