La famille Ruhuna est profondément découragée. 15 ans après l’assassinat de l’ancien archevêque de Gitega, Mgr Joachin Ruhuna, tué le 9 septembre 1996, sa famille décide d’arrêter les poursuites judiciaires. Aucune investigation n’a été menée et les présumés auteurs du crime ont été tous relâchés. Paul Rusiga, ex-président de la Fondation Ruhuna, exprime son amertume.
Où en sont les enquêtes sur l’assassinat de feu Mgr Ruhuna ?
Nous avons jugé bon d’arrêter, car le dossier n’a jamais connu d’avancée significative. Pourtant, avec l’arrestation des présumés auteurs, quelques habitants voisins de la paroisse de Gitongo et de la rivière Mubarazi où son corps a été retrouvé, la justice nous avait donné une lueur d’espoir. Cependant, elle s’est évanouie quand nous avons appris la libération inconditionnelle des meurtriers présumés sans que nous soyons informés.
Avez-vous fait des investigations pour savoir qui sont les commanditaires de cette libération ?
Ce sont les autorités actuelles et le ministère public ont décidé cette grâce. Il y a même d’autres présumés auteurs qui, au lieu d’être incarcérés, ont été placés dans de hautes fonctions de l’Etat.
Concrètement, qui voulez désigner ?
Je ne veux pas l’évoquer ici, mais ce dont je suis sûr, c’est qu’il se reconnaîtra. En fait, relâcher les présumés auteurs revient à déclarer qu’ils sont libres par rapport aux accusations. Alors qu’il n’y a pas eu la moindre investigation. Il fallait d’abord faire des enquêtes pour montrer à l’opinion nationale et internationale que le dossier a été vidé. Bref, prouver l’innocence de ces gens. Or, cela n’a pas été fait.
Qu’est-ce qui vous aura marqué dans ce dossier ?
C’est ce désintérêt de la partie plaignante par la justice. La justice n’a pas fait convenablement son travail. Elle n’a jamais pris en considération nos éléments à charge alors que Mgr Joachin Ruhuna n’était pas n’importe qui. On ne demande plus rien à la justice, mais nous lui rappelons que cette personnalité avait consacré toute sa vie à Dieu. Donc, la justice a par conséquent affaire à Dieu.
Un commentaire par rapport à l’actualité ?
Le peuple burundais a tellement souffert. Il pleure encore ses morts. Nous entendons des assassinats ici et là sans que l’on soit au courant de leurs responsables. Cela fait mal au cœur. On doit arrêter cela !