Assassinat de Datus : réactions de Jacques Bigirimana et Agathon Rwasa

Jacques Bigirimana : « Je ne pense pas qu’Agathon Rwasa a assassiné Datus mais je suis convaincu que ses proches l’ont fait »

Jacques Bigirimana, président du FNL reconnu par le ministère de l’Intérieur n’y va par quatre chemins : « Je n’ai rien à voir avec l’assassinat de Datus Nshimirimana. Il était comme un frère pour moi. » D’après lui, pour attenter à la vie d’une personne, il faut au moins être en contact avec elle, connaître ses mouvements, la pister afin d’être sûr de ne pas rater son coup.
Or, affirme M. Bigirimana, il n’y avait plus de contact ni physique ni téléphonique entre lui et Datus depuis au moins six mois : « J’étais en voyage lorsque Datus a été tué. Vous pouvez le vérifier auprès de la compagnie aérienne Kenya Airways. »
Pour lui, les enquêtes doivent partir de la résidence d’Agathon Rwasa car la victime y a passé la soirée peu avant son assassinat. Sans oublier les relevés téléphoniques qui pourraient éclairer sur les personnes qui étaient en contact avec Datus Nshimirimana au moins deux jours avant sa mort.

« Il n’y avait pas de réunification en cours comme certains le prétendent »

Concernant la thèse soutenant que Jacques Bigirimana serait le commanditaire de l’assassinat de Datus Nshimirimana pour l’empêcher de réussir la réunification qui pouvait le mettre à l’écart, l’intéressé balaie cette accusation d’un revers de la main : « Il n’y avait pas de réunification en cours comme certains le prétendent. »
Et d’expliquer que lorsque Datus Nshimirimana l’a approché dès le retour d’Agathon Rwasa pour lui parler de la réunification, il lui a répondu que ce n’était plus possible : « Agathon Rwasa venait de nous traiter d’Imbonerakure qui roulent pour le pouvoir. J’ai dit à Datus que nous ne pouvions plus composer avec une telle personne. » Toute fois, Jacques Bigirimana affirme avoir demandé à Datus de chercher un cadre de rencontre mais qu’il ne l’a plus contacté sur ce sujet.

Quid des assassins de Datus ?

Et de conclure que ce sont des gens proches d’Agathon Rwasa qui ont assassiné Datus Nshimirimana : « Je ne pense pas qu’Agathon Rwasa a assassiné Datus mais je suis convaincu que des personnes proches de lui l’ont fait parce qu’il était devenu très influent auprès de Rwasa. » D’après lui, Datus Nshimirimana lui avait confié qu’Agathon Rwasa était sous pression afin de l’écarter du cercle de ses proches : « Il m’a dit que si rien n’était fait pour une réunification rapide du FNL, il risquait de perdre sa vie à cause de la jalousie. »

Agathon Rwasa : «C’est un signal pour que j’abandonne la course électorale »

Agathon Rwasa n’y va pas par quatre chemins : «Mes détracteurs cherchent des boucs émissaires. Ils sont décidés d’aller jusqu’au bout pour m’anéantir complètement de la scène politique. » Datus Nshimirimana, confirme M. Rwasa, était mon proche : « A ses risques, il a pris soin de ma famille en exil. » Il balaie d’un revers de la main la vengeance évoquée par une certaine opinion : « Mon fils est à moi. Loin de Datus l’idée de séparer notre couple. »En politique, remarque-t-il, tous les coups sont permis.

Il estime que l’affaire devient si complexe qu’une enquête minutieuse s’impose : « Ceux qui ont commis le forfait sont partis sur un faux calcul. Au départ, ils visaient ma peau. A défaut d’avoir des preuves tangibles, ils ont porté leurs accusations sur mes proches collaborateurs. » Et de rappeler que Datus Nshimirimana ne faisait partie d’aucun organe de prise de décision au sein des FNL : « D’où proviendrait cette jalousie ? »
Jacques Bigirimana, avertit M. Rwasa, doit éviter son double langage. Mardi, 13 mai 2014 à 21h13min, se souvient-il, il l’a appelé pour le consoler : « Nous portons tous le coup. Comment se fait-il qu’il se retourne pour accuser mon camp ? »

Selon lui, la police sous l’instigation de M. Bigirimana veut biaiser les enquêtes pour avoir plus de victimes :« Ces enquêtes qui visent l’élimination de la famille politique de Datus doivent cesser. »Il concède que si des enquêtes doivent avoir lieu, qu’elles soient faites de la façon la plus objective possible. Et de plaider pour la libération de tous les innocents: « Comment un mandat d’arrêt signé le 15 mai est mis en exécution le 26 alors qu’Edouard Ntawuziyihera a été toujours régulier au travail ? C’est quelle justice ?»

Agathon Rwasa estime qu’il y a anguille sous roche : « La raison n’a pas de place dans la gouvernance du CNDD-FDD. » Tous ces complots, conclut-il, sont guidés par la haine.
Iwacu a essayé d’avoir les relevés téléphoniques auprès de la compagnie Smart en vain. Pour la simple raison que c’est l’ARCT qui délivre la permission au seul OPJ en instruction du dossier. Contacté, ce dernier fait savoir qu’il a émis la demande et attend.

L’implication douteuse de la police

D’après nos enquêtes, en plus de l’OPJ Alexis qui traite le dossier de l’assassinat de Datus, le commissaire régional et municipal s’investissent également. Ce sont ces derniers, apprend-on, qui ont procédé aux arrestations de Jean Pierre Mugabonihera et Anicet, employé à la Regideso. Ils ont été voir Mme Toyota pour d’autres interrogatoires au moment où l’OPJ Alexis s’était acquitté de ce devoir. Des sources dignes de foi indiquent que de hauts gradés de la police et du SNR seraient derrière cette affaire. Pour l’amour de la famille Datus ou par professionnalisme ? D’aucuns n’en reviennent pas.
Des observateurs avisés rappellent les assassinats ciblés des militants FNL jetés dans la Ruvubu et la Rusizi, la mort de Léandre Bukuru, militant du parti MSD, décapité, etc. Plusieurs voix se sont élevées pour exiger des enquêtes, en vain.