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Assassinat d’Agnès Dury : l’enquête toujours dans l’impasse

05/05/2013 Commentaires fermés sur Assassinat d’Agnès Dury : l’enquête toujours dans l’impasse

Cinq ans après la mort tragique d’Agnès Dury, humanitaire d’Action Contre la Faim (ACF), l’enquête stagne. ACF demande plus d’implication du Burundi et de la France pour que justice soit faite.

<doc6753|right>Visite cette semaine au Burundi de Pauline Chetcuti, chargée des affaires juridiques à ACF et Benoît Chabert, avocat de l’ONG. Selon eux, ils étaient venus dire à la justice Burundaise que leur organisation n’abandonnera jamais le dossier Agnès Dury. Ils demandent aussi plus d’implication du Burundi et de la France pour que justice lui soit rendue.
Pour Pauline Chetcuti, il est incompréhensible que cinq ans après ce drame, le Burundi et la France ne soient à mesure d’élucider les circonstances et les raisons du meurtre d’Agnès Dury : « J’ai le sentiment que les deux pays ne collaborent pas suffisamment sur cette affaire. »

Selon Benoît Chabert, Valentin Bagorikunda, le Procureur Général du Burundi s’est rendu en France en avril 2012 au Tribunal de Grande Instance de Mâcon pour rassurer ses homologues quant à la réelle implication de la justice burundaise. Mais chose curieuse, poursuit-il, Pascale Sappey-Guesdon, la juge d’instruction de Mâcon (Saône-et-Loire) en charge du dossier côté français, ne s’est jamais donné la peine de venir au Burundi.

<doc6754|left>Pour cet avocat du barreau de Paris, ce comportement dénote l’absence de l’implication dans le dossier et une vision purement administrative de la fonction de la juge d’instruction : « Il est vrai que rien ne l’oblige à venir au Burundi mais elle aurait du se rendre à Ruyigi pour voir les lieux du crime, reconstituer les faits, écouter des témoins et non se contenter d’enregistrer tout ce qu’on lui racontait. »
Pour lui, cette indifférence a pesé sur l’affaire car des actes demandés depuis plus d’un an n’ont pas été faits comme le rapatriement des armes stockées à Ruyigi pour une analyse balistique, l’émission du mandat d’arrêt à l’encontre du principal suspect dans le meurtre d’Agnès Dury, un policier Burundais, actuellement en cavale. Et le procès d’un certain Bucumi attrapé près du lieu du crime en 2010 alors que deux policiers y effectuaient une enquête : « Il avait des grenades et voulaient attenter à leur vie. Cela démontre qu’ils étaient sur une bonne piste car des gens voulaient visiblement qu’ils ne fassent pas leur travail. »
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Rappel des faits

L’affaire remonte au 31 décembre 2007. Agnès Dury et ses amis s’apprêtent à passer le réveillon ensemble au chef-lieu de la province Ruyigi, à l’est du Burundi. Leur véhicule est attaqué à la kalachnikov. Grièvement blessée, Agnès Dury, décède quelques heures après sur la route Ruyigi-Gitega lors de son transfert à l’hôpital de Gitega. Aude Staine, infirmière nutritionniste à ACF, est touchée au niveau du bras. Installée actuellement en France auprès de sa famille, elle a recouvré l’usage de son bras.
Dès le lendemain de l’attaque, plusieurs personnes sont arrêtées dont un policier, des travailleurs de la Maison Shalom pour des raisons d’enquêtes. Elles seront toutes relâchées. L’enquête stagne.
Une année plus tard, des enquêteurs français se rendent à Ruyigi afin d’organiser une reconstitution des faits. Ils collectent des éléments à ramener en France pour expertise. A cette occasion, ils identifient une piste d’enquête qui ne sera finalement pas approfondie.

<doc6755|right>Le 22 septembre 2010, deux policiers français arrivent au Burundi pour procéder à une enquête de terrain. Au premier jour de leur arrivée à Ruyigi, lors de la visite sur le lieu de l’attaque, ils sont victimes d’une tentative d’assassinat. Un certain Pierre Bucumi est arrêté à proximité des policiers français avec des grenades à la main. Les policiers confirment l’existence d’une nouvelle piste considérée comme sérieuse par la famille d’Agnès et Action contre la Faim.

Octobre 2010. Les deux policiers remettent leur rapport au juge d’instruction de Mâcon (Saône-et-Loire) Pascale Sappey-Guesdon, en charge du dossier. Alors que l’enquête est ouverte depuis bientôt trois ans et la remise de ce rapport, la juge d’instruction ne prend aucune décision permettant à l’enquête de progresser.
Pourtant selon Benoît Chabert, avocat de l’ACF, ce rapport indique notamment que la justice burundaise est en possession d’un stock d’armes au sein duquel pourrait figurer l’arme du crime, une mitrailleuse kalachnikov. Pourquoi Pascale Sappey-Guesdon n’a-t-elle pas demandé directement que ces armes soient envoyées en France pour passer une analyse d’expertise. Une source sûre informe qu’une seule arme de type Kalachnikov, d’ailleurs rouillée aurait été envoyée à Paris. Et depuis l’enquête stagne.

Le procès de Bucumi pour bientôt

Actuellement, l’ACF demande que l’enquête soit accélérée : « il faut qu’il y ait des progrès réels et concrets dans cette enquête. Toutes les pistes doivent être prises en considération », exige Pauline Chetcuti. Cette ONG exhorte la juge d’instruction à exploiter immédiatement le rapport d’enquête et l’Etat français à accélérer cette enquête au cours de laquelle deux de ses agents ont été directement visés.
Raphael Gahungu, l’avocat de la famille d’Agnès Dury au Burundi se dit optimiste. D’après lui, l’affaire des grenades reprendra dès début mars à Gitega : « Nous avons la confirmation du Parquet de Gitega que Pierre Bucumi sera arrêté et grâce à la reprise de ce procès, nous espérons avoir plus d’éléments pour avancer dans le dossier Agnès Dury. »

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