En l’espace d’un mois (mars-avril), voire moins, trois militaires ont tué trois individus. Et ce, par préméditation. Parmi ces meurtres, le plus emblématique est celui du Lt Col Blaise Nimpagaritse. Selon Annick Nikokeza, coordonnatrice de la plateforme des intervenants en psychosocial et en santé mentale(PPSM), des incidents qui doivent rappeler que dans chaque milieu de travail, la supervision clinique du personnel est un impératif.
«Jamais nous n’aurions imaginé qu’il était capable de commettre un tel ignoble acte ». Stupéfaits, la famille, les voisins, les amis, tout le monde est sans mot face au lendemain de ce crime.
Suite à un verre de trop, comme il le concèdera lors de son procès en flagrance, le Lt Col Nimpagaritse a tiré à bout portant sur un serveur du bar Ku Mucamo. Il est situé dans la commune urbaine de Muha, zone Musaga, quartier Kinanira II. C’est au sud de la capitale économique.
Toutefois, si l’on en croit ses proches, un incident pareil aurait pu être évité si les services de prise en charge psychosociale s’étaient précocement saisis de son cas. « Nul doute que l’irréparable aurait été évité », soutient un de ses promotionnels de l’armée ».
Ce frère d’arme du Lt Col Nimpagaritse témoigne : « Malgré son air jovial, sa convivialité à plus d’une fois, il nous répétait sans cesse que ces accès de colère lorsqu’il prend un verre de trop, un jour lui causeraient du tort ».
L’alcool, la colère… Le talon d’Achille des deux autres de ses collègues. Selon les témoignages concordants, lorsque le caporal Eric Nzobakenga, militaire du camp Mukoni à Muyinga tire sur Moussa Ntibazokura, chef de zone Mukoni, il avait bu un verre de trop.
Idem pour le caporal-chef Fidèle Kwizera, le militaire de Gihanga à Bubanza, auteur, mardi 13 avril d’un meurtre suite à une dispute liée à d’une carte mémoire.
Des cas, lors de la présentation des réalisations trimestrielles, mercredi 14 avril, qu’Alain Tribert Mutabazi, ministre de la Défense n’a pas manqué d’évoquer, préférant relativiser. « Des cas isolés, en aucune manière ne doivent refléter les états d’âmes de tout le corps militaire ».
A l’origine, des antécédents « mal vécus »
Eu égard à cette série de meurtres, Annick Nikokeza, coordonnatrice de la Plateforme des intervenants en Psychosocial et en Santé Mentale(PPSM) estime que dans chaque milieu du travail pour l’amélioration de la productivité, de la sécurité sociale, il est impératif d’avoir une supervision clinique.
«C’est surtout en ce moment où de bavures de tout genre deviennent légion. Régulièrement, au sein de l’armée, il devrait y avoir des tests d’aptitude physique et mentale ». En fonction des résultats de ces évaluations, poursuit-elle, ceci préviendrait qu’une arme se retrouve entre les mains d’une mauvaise personne.
D’après elle, ce qu’il faut toujours avoir à l’esprit, c’est que ce genre de réactions comportementales telles que l’agressivité, le comportement impulsif, la consommation exagérée du tabac, de l’alcool ne sont pas anodines.
« La plupart des fois, c’est la conséquence des antécédents mal vécus (traumatismes, déception etc.), qui sont restés enfouis au fond d’eux-mêmes sans pour autant être extériorisés », fait-elle remarquer.
Dans ce cas, préconise Mme Nikokeza, en plus de la vigilance des supérieurs hiérarchiques, un traitement cas par cas s’impose. Et d’ajouter : « Aussi, faut-il que durant les causeries morales, les débats puissent se tenir à bâtons rompus. Sinon, c’est l’image de la grande muette qui risque d’être écornée».
Tout le monde ne peut pas être militaire ou policier. Il existe des profils psychologiques ou caractériels dévolus à ce genre de profession. Donc un travail de checking des profils en amont devrait être réalisé par des experts avant d’embrasser ces carrières vocationelles.
Il faudrait peut-être chercher du côté du choc post-traumatique.
Le vécu antérieur laisse des traces et conditionne les réactions face à de nouvelles situations qui rappellent les anciennes.
Toutes les armées du monde dont les membres ont été confrontés à des situations difficiles ont en leur sein des situations similaires.
Mais bien entendu, tous les cas ne sont pas des cas de choc post-traumatiques.
Bizarre que Madame Annick Nikokeza (experte en Psychosocial et en Santé Mentale(PPSM)) ne trouve pas anormal que quelqu’un aille au bistrot avec sa kalash!