Véritable réquisitoire, la proposition de sortie de crise de la classe politique présente à Arusha au 5è round du dialogue demande également l’implication des étrangers dans certains mécanismes. Une utopie, selon Bujumbura.
L’opposition n’y va pas de main morte. Bujumbura, la médiation, l’EAC, l’UA, l’ONU, tous sont appelés à la barre pour un réquisitoire bien corsé. Le document que l’opposition présente à la session dernière peint la déception de cette classe politique par rapport à ses attentes.
Déception concernant le médiateur qui se trouve également être le patron de la communauté Est-africaine. Museveni a brillé par son absence. Durant le processus de dialogue inter-burundais, le président ougandais n’était pas disponible.
Les chefs d’Etat de la sous-région ? Démissionnaires. Aucun sommet ‘spécial Burundi’, aucune évaluation, ils étaient désintéressés.
L’opposition n’est pas également tendre avec l’Union africaine et les Nations unies. Que des décisions et des résolutions prises, mais jetées par la suite dans les oubliettes.
Les leaders de l’opposition parlent aussi d’un Bujumbura stratège en jouant les prolongations, en faisant cavalier seul dans la prise de grandes décisions. De la modification de la Constitution à la feuille de route de Kayanza, en passant par la mise en place de la Commission électorale nationale indépendante, Ceni.
Des étrangers dans la gestion du pays
Le facilitateur Benjamin Mkapa a sonné le glas d’un dialogue en panne tout le long du processus. Son sifflet final ne marque pas la fin de la crise burundaise, loin de là. Le pouvoir en place n’a pas daigné participer à la dernière session. Une politique de la chaise vide qui en dit long sur sa volonté de ne pas s’asseoir avec l’opposition pour en finir avec la crise en cours depuis en 2015.
Dans ce contexte, l’opposition a réclamé ce qu’elle a appelé ‘un autre cadre de dialogue’ sous l’égide de l’Union africaine et les Nations unies. Les élections approchent à grands pas et il faut les préparer minutieusement. Dans ce cadre, l’ouverture de l’espace politique, l’amélioration des conditions sécuritaires et des droits de l’homme seraient à renforcer.
En outre, l’opposition présente à Ngurdoto réclame une ‘composante internationale’ dans certaines « institutions consensuelles » pour rassurer tous les Burundais. Il s’agit de quelques observateurs étrangers choisis parmi les garants de l’Accord d’Arusha de 2000, c’est-à-dire l’ONU, l’Union africaine et l’EAC.
Il faudrait donc des étrangers choisis et qui feront partie d’un mécanisme mis en place pour superviser l’évaluation du respect de la mise en application de l’Accord d’Arusha. L’opposition réclame aussi que la Commission électorale nationale indépendante, Ceni ait parmi ses membres, des étrangers et des Burundais réunis.
L’opposition pense également qu’il faut ce qu’elle appelle ‘les institutions consensuelles’ pour des élections crédibles, évitant avec soin de prononcer les mots ‘gouvernement de Transition’. Là aussi il faut des personnalités étrangères dans ce mécanisme pour veiller à l’application stricte des voies de sortie de crise. Des personnalités choisies aux Nations unies, à l’UA et à l’EAC.
En réaction aux propositions de l’opposition, Willy Nyamitwe, le Conseiller principal à la présidence de la République lance : « La folie commence par des gestes.» L’ambassadeur trouve que ‘’ces individus’’ ont prouvé qu’ils n’ont pas de vision claire pour l’avenir de leur nation jusqu’à penser que l’étranger pourrait gérer en lieu et place du peuple burundais. « Ils se sont condamnés au déclin et nous ne pouvons qu’assister malheureusement à leur déraison ».