<doc516|right>Un petit pays, surpeuplé, qui ne maîtrise pas sa démographie et qui s’apprête encore à accueillir d’autres rapatriés. Des tribunaux remplis de procès liés à la terre. Une Commission chargée de régler les différends et qui fait aujourd’hui partie du problème. Des politiciens qui flairent une situation à exploiter à la veille des élections. Vous avez un petit topo de la situation explosive. Car dans ce pays, la terre est une question de survie. Certains Burundais n’ont que leur petit lopin de terre pour survivre.
Pendant les longues négociations d’Arusha, les Burundais n’avaient pas oublié la question des terres. Ainsi, l’article 8 du premier chapitre du protocole 4 de l’Accord d’Arusha reconnaît le droit à la propriété à chacun. Il souligne aussi le droit à une indemnisation juste et équitable pour les sinistrés. Mais surtout, les accords d’Arusha c’est un esprit : toujours trouver les équilibres, les compromis.
Or, la philosophie de Mgr Sérapion Bambonanire, qui gère l’explosive Commission Nationale Terres et autres Biens, peut se résumer dans sa phrase : « La restitution des biens à leurs propriétaires légitimes, ce n’est pas une question de stratégie ou de politique. C’est une question de droit, de devoir moral et d’obligation pour toute la société. »
Mais la justice seule peut-elle résoudre la difficile question des terres au Burundi ? Ce n’est pas sûr. On risque de résoudre un problème par un autre. La question des terres relance la place de l’accord d’Arusha. Pour combien de temps, cet accord continuera à régir le fonctionnement des institutions au Burundi? Pour des raisons politiques ou politiciennes, nous sommes en train de sortir de ce compromis historique. Et c’est très dangereux.