Mardi 05 novembre 2024

Politique

Arusha aura-t-il lieu ? 

10/01/2016 7

La délégation gouvernementale ne s’est pas rendue à Arusha pour relancer le dialogue inter-burundais sous l’égide de la médiation ougandaise. Bujumbura semble de plus en plus ne pas en vouloir.

Aujourd’hui, on peut affirmer sans risque de se tromper que le pouvoir de Pierre Nkurunziza ne veut pas participer à ce dialogue qui lui est imposé.
Aujourd’hui, on peut affirmer sans risque de se tromper que le pouvoir de Pierre Nkurunziza ne veut pas participer à ce dialogue qui lui est imposé.

Le rendez-vous du 6 janvier à Arusha n’a pas eu lieu comme l’avait annoncé la médiation ougandaise après la réunion du 28 décembre à Entebbe pour préparer la reprise des négociations pour tenter de résoudre la crise burundaise. Alors que le CNARED se réjouissait de cette date, le gouvernement du Burundi l’a rejetée d’emblée, car jugée non consensuelle par le ministre burundais des affaires étrangères. Dans une conférence publique radiodiffusée du 30 décembre dernier, le président Pierre Nkurunziza, a déclaré que son gouvernement ne participera plus à un dialogue dont la préparation a mal démarré à Entebbe où on avait invité des opposants qu’il qualifie de putschistes. « Au lieu de les amener dans les négociations, que les Nations unies les arrêtent et les mettent à la disposition de la justice burundaise », a-t-il dit. Et pour cause, la plupart des grosses pointures du Cnared sont recherchées par la justice burundaise.

Dans son discours à la nation à la fin de 2015, Pierre Nkurunziza s’est contenté d’évoquer le dialogue interne qui doit se conclure en 2016 pour « ôter tout prétexte aux ennemis de la paix ».Dans un tweet du 6 janvier, Willy Nyamitwe, le conseiller principal chargé de la communication du président de la République, précise que « le Gouvernement du Burundi n’a pas boycotté puisqu’il n’y avait pas de session prévue ni d’invitation envoyée. » M. Nyamitwe semble vouloir arrondir les angles alors que son patron a été catégorique, une position partagée par le parti dont il est issu, le Cndd-Fdd.

Une opposition déçue, mais déterminée

Jérémy Minani, le président de la commission information et commission du Cnared, voit dans les déclarations du numéro un burundais « un discours d’insultes, de mépris, qui montre un homme qui n’a pas changé. Un homme qui est insensible aux souffrances de tout un peuple. » Il considère ni plus ni moins que c’est « une honte pour le monde et pour l’Afrique, qui continuent à observer l’arrogance de cet homme qui dicte toujours sa loi criminelle à tout le monde ». Le Cnared, qui a été invité à la dernière minute à Entebbe, se réjouissait de la reprise prochaine du dialogue, et condamne cette volte-face de Bujumbura. Pour lui, les arguments du gouvernement burundais ne tiennent pas debout : « C’est tout simplement une façon de tromper l’opinion nationale et internationale. Le gouvernement de Bujumbura ne veut tout simplement pas de négociations. Le problème du consensus sur la date est tout simplement un prétexte. »

Cette plateforme de l’opposition, tout comme la partie gouvernementale, reste intransigeante sur un point, le départ de Pierre Nkurunziza : « « Nous acceptons les négociations sans condition. Toutes les questions seront discutées, mais ce que le Cnared n’acceptera jamais, c’est un accord qui permettrait à Pierre Nkurunziza de continuer à gouverner le pays au-delà de ses deux mandats présidentiels », martèle Jérémie Minani. Entre les deux parties, la médiation joue la carte de la prudence.

« Les discussions continueront avec ou sans eux ! »

Mais le président Yoweri Museveni a souligné que ce n’est pas au gouvernement ou au Cnared de choisir avec qui dialoguer. Et le Premier ministre ougandais, Ruhakana Rugunda, indique qu’il faut suffisamment de préparation pour que les discussions aient lieu. Une déclaration qui contredit celle d’Augustine Mahiga, ministre tanzanien des Affaires étrangères, de l’Afrique de l’Est, et de la Coopération régionale et internationale : « Le processus visant à mettre fin à la crise politique qui frappe depuis plusieurs mois le Burundi se poursuit bel et bien malgré quelques accrocs. Le 6 janvier, les représentants du gouvernement burundais étaient absents au dialogue inter-burundais, à Arusha. Toutefois, certains dirigeants d’opposition et députés burundais de l’Assemblée législative d’Afrique de l’Est étaient présents aux discussions. »

Jusque-là, la communauté internationale n’a pas encore réagi au refus du régime Nkurunziza. « Je suis profondément déçu du report de ces pourparlers de paix. Bien que le gouvernement et l’opposition assument la responsabilité de la violence de ces 9 derniers mois, il est troublant de voir le président Nkurunziza mettre ses propres ambitions au-dessus du bien-être de ses concitoyens » a déclaré le député démocrate Eliot Engel, membre influent de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants des Etats-Unis.


Analyse

Aujourd’hui, on peut affirmer sans risque de se tromper que Bujumbura ne veut pas participer à ce dialogue qui lui est imposé. Une position qui n’a rien d’étonnant puisqu’il n’a jamais cautionné les propositions de la communauté internationale pour sortir le Burundi de la crise. Il semble vouloir mettre la communauté internationale devant un fait accompli : le lancement du dialogue inter-burundais interne piloté par la CNDI.

Le rendez-vous manqué du 6 janvier 2015 sera sans aucun doute reporté. Car, en se rendant à Entebbe, le gouvernement savait très bien que le Cnared avait été invité et serait présent. S’il y est allé, c’est surtout par pression de la communauté internationale, ce qui justifie d’ailleurs l’empressement de Kampala d’organiser la réunion. Bujumbura aurait donc tort de croire que cette pression finira par se relâcher, et qu’il continuera à n’en faire qu’à sa tête.

Cependant, Bujumbura, qui a déjà prouvé sa forte capacité à s’entêter, au nom de la souveraineté du Burundi, peut continuer à narguer la communauté internationale et la région. Mais ce durcissement peut avoir des conséquences désastreuses pour le Burundi. La pire est qu’il peut engendrer des frustrations pouvant conduire à des réactions violentes de la part d’une partie de la population pour laquelle le gouvernement ne connait qu’un seul langage, celui de la force.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Jereve

    La majorité des burundais souhaite ces négociations. Mais personne n’ose le dire, par peur de représailles. Il n’y a q’un petit groupuscule qui se sent bien à l’aise dans cette crise.

  2. wilson

    Le problem est a qui negocier? on ne vois pas des opposants?
    si je me declare opposants on va me mettre a la table?
    les granades et fusils aussi cher sont distribuer par rwanda.
    le seul enemi a discuter c’est rwanda,belgique !!
    minani ,nyangoma,ntibantunganya , buyoya,bagaza,vraiment ,a moins que vous etez ivre ,qui ce qu’il vont amener de plus?!!
    je pense pas que les jeunes de ngagara,cibitoke… sont CONTROL DE NYANGOMA plutot ils sont direct control de rwanda et belgique.
    Alors si c’est le cas QUE CE QU’ILS VEULENT?!nkurunziza de partir?! alors que 70% nous l’avons elu?! Tuer rien que pour 4ans et demi qui lui reste!!!
    LES GENS QUE NOUS VOYONS C’EST LES JEUNES DE 10ANS AT 30ANS QUI VIVENT DANS LEUR MAISON PARENTALE ET QUI LANCENT LES GRENADES AUX POLICIERS LA MAJORITE DU TEMPS LORSQUE ILS ON PRIS L’ALCOHOL.!C’EST CELA LA REBELION!!

    DEPUIS 1993,LE BURUNDI NE N’EVOLU PAS A CAUSE DE ‘ EXTREMISM.QUE DIEU CHANGE LES CHOSES

    • Kagabo

      Tuer rien que pour 4ans et demi qui lui reste!!!, C’est justement cette question que KURUNZIZA aurait dû se poser avant de décider de se maintenir au pouvoir. Il savait bien que des morts ils y en aura de tous les côtés!

  3. Edmond Rossif Niyomwungere

    problème toujours
    mais , jusqu’ où ?

  4. Dexta

    Le gouvernement burundais doit en aucun cas dialoguer avec les terroristes.

  5. Kana Éric

    Tout simplement merci,entre temps Jacques BIGIRIMANA qui est devenu le porte parole du Président Burundais continuera à nous dire que « la faute c’est le Rwanda »

    • Ntiba Ali

      Abasokuru barawuchiye bati:Uwutazi umuti awunyako!!!Ahaaaaa!!!Uno munsi Nkuru be na karwi kiwe bibagiwe ichabashikanye kuriyo ntebe bichayeko uno munuta ,badashaka no kuva kuriyo ntebe kuneza.Kandi baziko iyo ntebe briko vyavuye mubiganiro i Arusha!!!!Mbega igihe bari mwishamba botwereka i commune nimwe bafashe???Nibareke kwitiranya ibintu bashaka kwiterenya nibindi bihugu bahana imbibe ,babishiramwo mukwitiranya ibintu ,ugasanga amatigu yabarundi bayavanva nizindi ngorane zibindi bihugu !!!Nkuru genda i Arusha chanke aho handi hose bazoguhamagaza!!!Kuko utagize uko!!!Eheee!!!Kananirabagabo ntiyimye!!!!Ehe!!!Wibagiwe Laurent Bagabo ???Ari hehe????Ahaaaa!!!Abasenzi komeza musenga Uhoraho si jewe chanke si Nkuru…Ameen

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