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Arrêtez ça !

05/05/2013 Commentaires fermés sur Arrêtez ça !

<doc1143|left>La police nationale tue deux hommes présumés fidèles d’Agathon Rwasa. C’était dans la commune de Kinindo, dans la capitale. Iwacu a mené ses investigations. Ils auraient été livrés par un ancien compagnon de lutte moyennant plusieurs millions de Fbu.

« C’était comme dans un film », raconte un voisin du lieu du crime. Lundi, 5 septembre 2011, vers 17h15 min. La rue Matana perpendiculaire à l’avenue Ntwarante en commune Kinindo est subitement envahie par des pick-up de la Police Nationale du Burundi, suivis d’autres jeeps qui, selon des sources sur place, appartiendraient au service national des renseignements.
N.I., 32 ans, habite à 200 mètres. Il affirme avoir assisté au début de cette opération : « Je me détendais à l’extérieur quand un impressionnant dispositif policier a ceinturé le domicile de notre voisin, un Guinéen, aujourd’hui en vacances dans son pays. Ses deux domestiques, Innocent et Evariste respectivement jardinier et cuisinier, étaient debout en dehors de la parcelle, l’un en train de tailler les fleurs. »

Au même moment, poursuit le témoin, d’autres policiers se positionnent en amont et en aval de la rue, pour bloquer toute circulation. « Sur un ton sévère, les policiers nous ont intimé l’ordre de rentrer dans nos maisons », se souvient N.I.

Cinq minutes plus tard, des coups de feu éclatent. « Ils ne dureront pas longtemps », précise notre source, « juste deux minutes tout au plus ». Mais dans sa tête, il sait instinctivement que quelqu’un vient de mourir. Il faudra attendre 45 min pour pouvoir s’approcher et découvrir qu’effectivement deux corps sans vie, déchiquetés par des balles. Deux inconnus.

Étrange

Des habitants qui suivaient en cachette cette opération affirment avoir vu et reconnu plus d’une vingtaine des Imbonerakure et agents de la documentation, « certains venus de Kinindo et d’ailleurs » affirment-ils. Si vous leur demandez « Comment les reconnaissez-vous? », les gens répondent par un laconique « Ivy’ubu biragoye – La situation actuelle est difficile », puis précisent qu’ils « n’ont pas envie de subir le même sort que les deux hommes ».

Légitime défense ou coup préparé ?

Un autre témoin oculaire de la scène fait savoir qu’avant l’opération, un pick-up double cabine de la PNB sillonnait les lieux, en reconnaissance : « Comme je ne savais rien, je n’y ai pas attaché beaucoup d’attention. J’ai compris le motif de la patrouille après la fusillade. »

Alors que Pierre Channel Ntarabaganyi, porte-parole de la PNB persiste et signe qu’il y a eu échange de tirs, des sources à Kinindo démentent : « Les deux hommes tués n’ont sorti aucune balle. En témoignent les dégâts matériels : une clôture de l’arrière parcelle touchée par balle, de même que le compteur d’eau situé de la scène de la fusillade, etc. » Même quelqu’un qui n’a pas fait le service militaire, poursuit une autre source, peut voir que c’était dans le champ de tir des policiers. En outre, selon d’autres sources fiables aux alentours du lieu du crime, la précision dans laquelle cette opération a été menée montre bel et bien que c’était un coup minutieusement préparé.

Qui sont Edouard Ruvayanga et M. Venant ?

Issu des rangs des combattants FNL, Edouard Ruvayanga intègre la police nationale sous le grade de commandant. Il sera transféré à la police spéciale chargée de la protection des institutions. Au départ du contingent sud-africain, il est parmi les policiers en qui Agathon Rwasa place sa confiance pour sa sécurité. D’après nos sources, c’est lui le responsable de l’équipe de garde. Quant à l’identité de Venant, on ne sait pas grand-chose : un compagnon de lutte qui assurerait à son tour la sécurité de M. Ruvayanga.

Tous étaient certainement des amis à l’un ou aux deux domestiques du Guinéen, nous confie un autre habitant de la rue Matana, pour lequel « leurs visages ne lui étaient pas inconnus ». Menacés de mort comme la plupart des fidèles d’Agathon Rwasa, les deux fugitifs avaient vraisemblablement trouvé refuge à Kinindo, en attendant le retour des vacances du locataire de la maison…

Livrés pour plusieurs millions de Fbu ?

Même si la personne qui a dénoncé Edouard Ruvayanga et son agent de sécurité n’est pas connue, l’enquête menée par Iwacu laisse penser que c’est un ancien compagnon de lutte qui serait derrière le coup, « pour une affaire de plusieurs millions de Fbu ». Une réunion pour l’élimination de ces deux fidèles d’Agathon Rwasa, indique V.N., aurait ainsi été tenue dans un bar d’un dignitaire du parti au pouvoir. La filature pouvait commencer.

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