La nouvelle de l’arrestation puis de la libération de Charles Makoto, directeur de la Radio-Télévision Isanganiro, est tombée dans la matinée de ce lundi 2 septembre. Cette opération commando a été menée par une vingtaine de policiers, selon des témoins de la scène. Charles Makoto n’avait jamais reçu une convocation à comparaître.
Ces agents, mandatés par la Police judiciaire du poste de police de Rubirizi en commune Mutimbuzi, province de Bujumbura, étaient munis d’un avis de recherche. Le motif de l’arrestation stipulait que Charles Makoto est accusé de « rébellion », en vertu de l’article 387 du Code pénal. Il ne s’agissait même pas d’un « refus de comparution ».
Selon ses proches, son arrestation aurait été commanditée par le gouverneur de la province de Bujumbura, sur demande du chef de zone Rubirizi. Ces mêmes sources affirment que Charles Makoto n’a jamais reçu de convocation de la part de cet administratif à la base. Cependant, la semaine dernière, ce même chef de zone s’était rendu à son domicile à bord d’un pick-up aux vitres teintées, accompagné de nombreux policiers.
Ceux-ci ont ordonné d’ouvrir le portail, mais l’épouse de Charles, présente à la maison, a eu peur et n’a pas osé ouvrir en voyant un agent déjà en train d’escalader le mur pour ouvrir le portail. Après cet incident, le véhicule est reparti. Pour Charles Makoto, il s’agissait déjà d’une intimidation.
Selon des sources locales, tout a commencé lorsque Charles Makoto a voulu construire une annexe pour servir de cuisine sur sa propriété. Un de ses voisins s’est interposé, arguant qu’il fallait plutôt céder cet espace pour y tracer une route d’accès à sa parcelle.
L’Obuha saisi de l’Affaire
Selon ces témoins, ce voisin, un cadre au ministère de l’Hydraulique, de l’Énergie et des Mines, exigeait la démolition de cette annexe, ce que Charles Makoto a refusé. L’Obuha, l’Office Burundais de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction, s’est saisi de la question. Une lettre, ayant pour objet « arrêt des travaux », indique : « Nos services techniques viennent de constater que vous êtes en train de mener des travaux de construction sans autorisation préalable délivrée par les services habilités sur votre parcelle sise à la colline Tenga, zone Rubirizi en commune Mutimbuzi de la province de Bujumbura, en bloquant la voie de circulation passant à côté de ladite parcelle ».
Il est demandé à Charles Makoto d’arrêter immédiatement les travaux en cours sur cette parcelle et de fournir les « documents sur lesquels il s’est basé pour ériger ces constructions ».
Dans cette lettre, l’Obuha rappelle un communiqué du gouverneur de la province Bujumbura du 25 septembre 2023, stipulant que « toute ouverture de chantier de construction sur une parcelle se trouvant dans le centre urbain est conditionnée par la disposition d’un permis de construire délivré par les services de l’Obuha ».
Signalons que les voisins de Charles Makoto, dans une lettre sous forme de plainte, adressée au gouverneur de la province de Bujumbura, l’accusent d’avoir déplacé les bornes, bloquant du coup la voie d’accès vers d’autres parcelles, ce qu’il nie arguant qu’il n’a fait que construire dans sa parcelle.
Quand on lit « rébellion », on s’attend à des détails concernant quelqu’un qui a pris des armes… ou qui complote pour créer et organiser un groupe rebelle… ou encore qui rejoint un groupe rebelle existant.
Dans la situation qui nous intéresse, il s’agit d’un « refus d’obtempérer ». Ce dernier chef d’accusation n’a pas la même lourdeur ou la même gravité que « rébellion ».
La précision est importante en matière de justice. S’il n’y a aucune distinction dans les différentes lois, ce sont ces dernières qu’il faudrait amender.
Face A une personne d’une aussi haute moralite comme Charles MAKOTO, pour ceux qui le connaissent de pret ou de loin, il est regrettable qu’une affaire fonciere peut pousser les gens A amener une armada de policiers chez son domicile TRES TOT LE MATIN comme si on a affaire A un grand criminel. Pour ce qui est du fond de l’affaire en question, il faut privilegier la force de la loi et non pas la loi de la force.