Le limogeage puis [l’arrestation de Michel Nurweze, alias Rwembe->www.iwacu-burundi.org/spip.php?article3354], ainsi que les arrestations de Guillaume Magorwa, Joseph Nsabimana, dit Ndombolo, et Patrice Mazoya sont à porter à l’actif de la commission d’enquête mise sur pied par le Procureur Général de la République, pour lutter contre les exécutions extrajudiciaires. Le travail de cette commission semble bien parti. Sa mission d’enquêter sur tous les cas d’arrestations et d’assassinats extrajudiciaires révélés et particulièrement relayés par les organisations de la société civile, qu’elles soient nationales ou internationales. D’après leurs agissements, il apparaît que Guillaume Magorwa est à la population de Bubanza et ses environs, ce qu’est Rwembe pour celle de Gitega.
Même s’ils ne seraient que de simples exécutants, leur excès de zèle dans la cruauté peut avoir exacerbé même le pouvoir qui a préféré les écarter pour éviter de se faire taper sur les doigts par la communauté internationale. Ce coup de balaie orchestré par le pouvoir peut donc très bien viser à redorer son image et anticiper ainsi les critiques éventuelles du prochain examen périodique universel pour le Burundi prévu pour janvier 2013. Le pouvoir ferait ainsi d’une pierre deux coups en séduisant également les institutions financières et les bailleurs de fonds qui se pencheront sur le cas du Burundi en octobre prochain.
Le pouvoir est-il sincère ?
La question qui se pose est de savoir si, une fois l’objectif atteint, ces fusibles que le pouvoir a fait sauter ne risquent pas d’être remis en liberté et casés autre part. Ces arrestations risquent ainsi de ne pas avoir d’effet à long terme car les mêmes infractions sont commises par des individus autres que ceux qui ont été arrêtés, notamment les Imbonerakure. Car, sans être sur le même rang, toutes ces personnes sont des piliers de la stratégie de mise au pas des opposants si chère au pouvoir. Il ne fait aucun doute que la majorité de leurs victimes étaient des personnes soupçonnés d’appartenir aux partis de l’opposition ou aux supposés groupes armés.
Ainsi donc, tant que le pouvoir ne sera pas convaincu d’avoir atteint son objectif de mater l’opposition, il aura toujours besoins de ses exécutants les plus efficaces dans cette sale besogne, d’où la crainte que Rwembe et compagnie soient libérés. Mais, quand bien même ils resteraient sous les verrous, la reproduction de cette stratégie est normale pour soumettre complètement les opposants, et d’autres exécutants feront encore parler d’eux.
Cependant, sans vouloir assombrir l’avenir, on peut également espérer des lendemains meilleurs si les récentes arrestations sont guidées par une réelle volonté de faire du Burundi un État de droit. Mais il est difficile de ne pas avoir de doutes quand on connaît le complexe de l’élu qui caractérise le pouvoir qui se targue de la légitimité populaire. Cette même légitimité qui pousse certains de ses agents à des actes inhumains envers la population, en se sachant protégés et en faisant preuve d’une arrogance traumatisante pour les familles des victimes.