Ce jeudi 12 décembre à Bujumbura, des proches des deux militants interpellés craignent pour leur sécurité et se disent inquiets de la montée de l’intolérance politique à cinq mois des échéances électorales de 2020.
11 heures. Nous sommes au quartier Kizingwe-Buharo de la Zone Kanyosha. Rémy Havyarimana, secrétaire du parti CNL dans la zone Kanyosha a été arrêté ici dans la soirée de ce mercredi 11 décembre. «Il a été emmené par des membres du service national des renseignements où il serait actuellement détenu. Il serait accusé d’être le chef d’orchestre d’une distribution de cartes d’identité à des citoyens de ce secteur en vue des élections prochaines.», nous révèle O.I, un proche de M. Havyarimana qui dit aujourd’hui avoir peur pour sa sécurité. Il demande une libération immédiate et inconditionnelle de son parent. «Une telle injustice nous révolte en tant que citoyens. Militer dans tel ou tel autre parti politique est un droit autant que la liberté religieuse par exemple.», s’indigne O.L.
Le leader de la ligue des jeunes du CNL dans la commune Muha, Régis Ahishakiye, soupçonne des mobiles politiques derrière cette arrestation.
«Il y a une volonté de déstabilisation de notre parti en ciblant les leaders car les deux hommes arrêtés hier et aujourd’hui étaient tous les deux des responsables dans notre formation politique. Mais je rappelle à ceux qui nous malmènent que nous avons le droit d’adhérer à des partis autres que le CNDD-FDD!» Il tient à souligner en outre que les deux militants ont été appréhendés sans aucun mandat. Selon lui, les autorités seraient au courant, mais ne font rien par crainte des Imbonerakure «qui agissent en toute impunité.» Il exhorte l’Etat à œuvrer au respect de la liberté d’action des partis politiques d’opposition et à faire tout son possible pour que cesse «cette chasse à l’homme».
Au moment où Iwacu arrivait sur les lieux, un autre leader du CNL, Gaspard Nzobakenga, venait d’être interpellé par des policiers devant la permanence du parti installée dans le quartier. Son lieu de détention reste inconnu pour le moment.
Joint par téléphone, Jean-Claude Niragira, chef du quartier Kizingwe-Biharo, a dit qu’il vient juste de prendre connaissance des faits par le canal d’Iwacu et qu’il ne peut donc réagir sur des informations dont il ignore tout.