Après trois ans d’absence au pays, Adolphe Banyikwa, secrétaire général des Forces Nationales de Libération d’Agathon Rwasa, réapparaît sur sa colline natale Kavumu. La police en collaboration avec l’administration locale s’empresse de l’arrêter. Il sera libéré après trois nuits de détention à Kabezi.
<doc7902|left>Samedi, 20 avril 2013 au secteur Rweza, colline Kavumu. Alors que la mère d’Adolphe Banyikwa et sa sœur sont en pleine activité champêtre, cette dernière est interrompue par un message téléphonique. Juste un bonjour, dit-elle, d’un inconnu. La curiosité la gagne et veut savoir qui est à l’autre bout du fil. Elle reconnaît vite la voix de son frère aîné, parti juste après les élections communales de 2010. « Il ne m’a même pas laissé le temps de lui demander où il est, pour l’instant, il a vite décroché », témoigne sa sœur.
Cette bonne nouvelle pour la famille est de courte durée. 12 heures, toujours à Kavumu, au domicile de Samuel Ntahomvukiye, situé au secteur Kibuye. Nous sommes à deux kilomètres du monument de l’Unité nationale. Un groupe de six policiers, quatre hommes en tenues civiles dont un agent du Service National de Renseignements (SNR) et le chef collinaire de Kavumu se présentent. Le chef de ménage n’est pas là. Mais Annonciate Nduwumuremyi, sa femme les accueille. Acharné, raconte-t-elle, un des policiers demande s’il n’y aurait pas un malfaiteur qui se cache à l’intérieur de la maison. Elle conteste et signale la présence de deux personnes dont une malade et son beau-frère qui prie pour elle (c’est dans une famille protestante, ndlr).
Une fouille-perquisition
Le policier insiste avant de brandir le mandat pour la fouille-perquisition. Mme Nduwumuremyi exige à son tour la permission préalable de son mari et se retire pour un coup de fil : « J’en profite pour cacher Adolphe Banyikwa dans une penderie parce que je pressens que les policiers veulent l’arrêter. »
Comme si les policiers avaient suivi tous mes faits et gestes, explique Annonciate Nduwumuremyi, ils se dirigent directement vers cette pièce où se cache le secrétaire général des FNL. Il est arrêté. Toutefois, selon Mme Nduwumuremyi, les policiers ne le brutalisent pas. Ils seront tous conduits à la position policière de Muyira, commune Kanyosha, où ils passeront plus de cinq heures sous interrogatoire. La famille d’Adolphe Banyikwa témoigne aussi l’avoir rejoint à cette position : « Il était toujours égal à lui-même car il estimait que c’est son droit de citoyen de circuler où il veut et quand il veut. »
Concernant le temps qu’Adolphe Banyikwa venait de passer dans cette maison et les relations les liant avec lui, Annonciate Nduwumuremyi s’exprime sans ambages : «C’est un neveu de mon mari. Il est arrivé, il y a plus d’un mois pour représenter son patron à la prochaine rencontrée organisée par le Bnub à Kayanza. Il n’attendait que le mot d’ordre de son parti pour se présenter officiellement.»
Des informations recueillies à Rweza pointent du doigt Gédéon Mpitabavuma, chef collinaire, membre du parti au pouvoir, d’être le commanditaire de cette arrestation. Ce dernier réfute : « J’ai été appelé au domicile de Samuel Ntahomvukiye en tant qu’administratif collinaire. »
Quant à N.L., natif de Rweza, « l’arrestation du secrétaire général des FNL nous a étonnés. Elle est contraire à l’appel lancé par le gouvernement aux politiciens en exil de rentrer. » M.K. estime, quant à elle, que cette attitude du pouvoir prouve que même si Agathon Rwasa rentrait, il subirait le sort de son secrétaire général voire pire.