Les services de l’Office Burundais des recettes (OBR) sont très vigilants à l’aéroport de Bujumbura. Résultat : une augmentation des taxes liées au transport aérien.
<doc3220|left>K. M, une importatrice des bijoux confie : «Les taxes que je payais avant la création de l’OBR et l’avènement de l’EAC ont aujourd’hui doublé. » Selon elle, il n’y a pas lieu de se réjouir de l’entrée du Burundi dans cette communauté. Toutefois, elle reconnait que les mouvements d’entrées et de sorties surtout dans les pays de l’EAC par avion sont maintenant faciles : « Les visas d’entrées n’existent plus pour un ressortissant de l’EAC qui se rend dans un autre pays de la communauté. »
P.L, un importateur des objets de communication (téléphones, cartes SIM, etc.) précise, à son tour, que suite à la dévaluation de la monnaie burundaise qui prend une allure inquiétante, il n’y a pas d’amélioration : « Nous sommes obligés de payer beaucoup de taxes alors que le risque est grand que nos marchandises ne soient pas vendues à juste prix. »
« Une nette amélioration »
Faux, rétorque un responsable de l’OBR à l’aéroport. D’après lui, cet office a collecté, pour le transport aérien, 6. 910.961.426 Fbu fin 2010 contre 10.599.705.453 Fbu en 2011. Soit un différentiel de plus de 3,688 milliards Fbu.
Selon lui, depuis l’entrée du Burundi dans l’EAC en 2007, les importations par voie aérienne n’ont pas beaucoup augmenté. Par contre, explique-t-il, les taxes l’ont été considérablement. Les raisons, d’après ce représentant de l’OBR à l’aéroport international de Bujumbura, sont l’amélioration de la gestion et l’éradication des exonérations fraudées : « Les équipements de communication étaient exonérés illégalement alors qu’ils étaient introduits à des fins commerciales. » Il cite entre autres les téléphones portables, les cartes SIM, etc.
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{ Défis et stratégies
Lors d’un séminaire organisé par le ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme en mai 2010, parlant de politique nationale de développement des transports, on a évoqué les défis liés au transport burundais. C’est notamment un niveau économique du pays qui reste très bas, et une situation structurelle d’enclavement du pays. On a aussi parlé du niveau d’intégration régionale qui est encore faible, le coût du transport élevé et le faible taux de négociation des facilités avec les partenaires de transport aérien. Les participants ont également évoqué la faible capacité des opérateurs pour faire face à la concurrence extérieure, les infrastructures et équipements à renouveler et à moderniser, ainsi que le niveau de réglementation encore faible.
Des objectifs stratégiques ont été proposés. Il s’agit de poursuivre la recherche du partenariat par la coopération bilatérale ou multilatérale entre les partenaires traditionnels et non traditionnels du Burundi, réglementer le secteur du transport par la mise en place des textes de référence et des organes de régulation. Mais aussi adhérer aux entités sous-régionales pour bénéficier des facilités des accords de transit, renforcer des capacités au niveau national, favoriser la compétitivité et les compétences dans la gestion des entreprises de transport ont été recommandés.}
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<doc3220|right>Pour lui, la collecte des recettes s’est grandement accrue à l’aéroport international de Bujumbura. Il évoque, à titre d’exemple, l’éradication d’un phénomène qui s’observait très fréquemment dans de bagages dits accompagnés (ou effet personnels). Selon lui, dans ces bagages, des gens cachaient des marchandises dans leurs sacs, et dans les sacs plastiques des enfants qui les accompagnaient, pour échapper au payement des droits de douanes. Il indique aussi, que les exonérations ont été réduites à 40% parce que les autorités de l’OBR ont constaté qu’il y avait des spéculations : « Nous comptons les réduire jusqu’à 20%. »
Le responsable de l’OBR à l’aéroport ajoute que certains commerçants spéculateurs qui amènent les marchandises par avion ont été débusqués : « A titre d’exemple, certains importateurs considéraient sciemment le lait « pico » comme un aliment médical, donc exonéré. Or, c’est un aliment nutritionnel. »
Des stratégies…
Trois stratégies à savoir la vigilance, l’intégrité du personnel et la bonne communication avec les contribuables ont contribué à la gestion saine des dossiers d’importation, selon le représentant de l’OBR à l’aéroport international de Bujumbura.
A ces stratégies, Joas Katanga, directeur des Douanes, Port et Frontières précise que des « mesures de protection et d’augmentation des recettes douanières » ont été mises en application à l’OBR. Il évoque notamment des notes de service affichées aux postes des bureaux de dédouanement et postes frontaliers : « Dans ce cas, les employés de l’OBR et les commerçants sont conscientisés sur la bonne gestion et l’éradication de la corruption. » Le directeur évoque également le processus exigeant la déclaration des marchandises avant leur déchargement, comme prévu par la loi douanière de l’EAC mise en place en 2011.
Les marchandises qui arrivent par réseau aérien à Bujumbura sont surtout les médicaments (60% des importations qui sont exonérés à 100%), les pièces de rechange, les produits d’ambassades et de consulats, etc., selon le responsable de l’OBR à l’aéroport.
Au moment où les autorités de l’OBR parlent de la modernisation du système de collecte de recettes, une source précise que l’aéroport internationale de Bujumbura est, au contraire, caractérisé par une forte détérioration de l’infrastructure (des pistes et macadams). Cela est dû, selon la même source, au manque d’entretien, des équipements désuets qui ne répondent pas à toutes les exigences internationales, les normes de sûreté et de sécurité insuffisantes, évoquant par exemple, les coupures répétitives de courant à l’aéroport. Les autorités des Services aéronautiques, à commencer par le directeur, ont refusé de donner des précisions sur le système de transport aérien, malgré les sollicitations d’Iwacu.