En date du 31 mai 2011, le président de l’Olucome déclarait avoir demandé aux pays du G8 de ne pas octroyer des visas et de geler les avoirs de 60 personnalités burundaises impliquées dans des actes de corruption. Le ministre des Affaires Étrangères et celui de la Justice sont montés aux créneaux pour dénoncer l’initiative…
Constat : « Beaucoup d’anciens dignitaires sont traumatisés parce qu’ils peuvent se retrouver sur cette liste élaborée de façon arbitraire », estime Augustin Nsanze, ministre burundais des Affaires Étrangères. Ce docteur en histoire souligne par ailleurs que « ces listes font resurgir de mauvais souvenir car elles rappellent à différentes crises qui ont secoué le pays (1965,1972, 1993) où des gens ont été tués sur base de listes ».
De toutes façons, pour le ministre Nsanze, « le G8 n’est pas une organisation susceptible de donner suite à une correspondance comme celle du président de l’Olucome, qui a outrepassé ses compétences en allant traiter d’Etat à Etat ». Pour lui donc, « il n’y aura aucune suite ». Et si d’aventure il y en avait, « le Burundi a le droit d’intervenir pour effacer ce que Rufyiri a fait », lance le chef de la diplomatie burundaise.
D’autre part, « la Convention des Nations Unies reconnaît le rôle de la société civile dans la lutte contre la corruption, mais cette dernière doit se faire dans le strict respect de la souveraineté des États », avant d’appeler l’Olucome à « arrêter d’accuser le gouvernement d’inertie en portant atteinte à l’intégrité morale des autorités et des citoyens. »
Même ton chez la ministre de la Justice, Mme Marie Ancilla Ntakaburimvo, qui estime que « les déclarations M. Gabriel Rufyiri sont liées peut être à l’ignorance de la procédure judiciaire.» Après avoir demandé au président de l’Olucome de dénoncer sans tarder tout acte relatif à la corruption ou aux malversations économiques dont il aurait connaissance, Mme Ntakaburimvo le met néanmoins en garde, lui demandant « de ne pas devancer ni se substituer à la justice en prononçant des condamnations avant tout jugement prononcé par un tribunal compétent, sinon un tel comportement est répréhensible par la loi pénale.»
Pour sa part, Gabriel Rufyiri rejette en bloc les accusations des ministres. Il affirme mettre en application la convention de Vienne du 1er juin 2004 où les pays du G8 ont décidé de ne pas octroyer des visas à ceux qui sont accusés de corruption et malversations économiques. D’autre part, « je me suis référé à la décision de l’Assemblée Générale des Nations Unis du 31 octobre 2003 sur la lutte contre la corruption, ainsi que la déclaration des USA du 12 janvier 2004 qui interdit de telles personnalités d’entrer dans ce pays ». D’autre plus que « l’article 69 de la Constitution du Burundi demande à tout citoyen de protéger la chose publique », rappelle M. Rufyiri. « Ce n’est pas la première fois que je suis menacé. Mais jamais je ne lâcherai cette lutte », a déclaré Rufyiri, refusant tout de même de dévoiler les noms de ceux qui figurent sur cette fameuse liste.