Deux semaines après [l’incendie du marché central de Bujumbura->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article4684], les restaurants, les cybercafés, les vendeurs ambulants, les grands magasins, … situés au centre-ville travaillent à perte.
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Il est aux environs de 18 heures. Au centre-ville, autour des restes du "Trade world center" burundais, presqu’un désert. Pas d’échappées sonores dans les kiosques d’enregistrement musical, et même {Obama Shop} avec ses téléphones kitch semble être en deuil. Aucun bus dans les deux parkings, les kiosques Brarudi sont fermés, le grand écran plat tout près du Grenier du Burundi éteint. Quelques voitures stationnent devant les magasins et les cybercafés.
Dans ce centre où grouillaient, il y a deux semaines, femmes, enfants, hommes, bandits, portefaix … de diverses nationalités, c’est le silence. Les jeux de cache-cache entre les policiers et les vendeuses des fruits ou d’autres vendeurs ambulants ont pris fin.
De loin, des éléments de la police sont identifiables aux différentes entrées de ce marché détruit. Deux camions extincteurs sont garés l’un à l’Est et l’autre à l’Ouest du marché. Sourire dérisoire pour les citadins rencontrés devant le magasin {OK Bazar} : "Pourquoi restent-ils ? Où étaient-ils au moment de l’incendie ? Au lieu d’aller protéger les marchés encore opérationnels comme Ruvumera, ils sont là comme si il y a encore quelque chose à sauver dans ces cendres de nos marchandises", indique un ex-commerçant reconverti en vendeur ambulant.
Ça pue autour du marché et les restaurants manquent des clients
De l’intérieur et autour de ce marché consumé, une odeur nauséabonde se dégage, surtout dans la partie est où se situaient les stands de la viande, de poisson et des légumes.
Dans les restaurants, les clients ne viennent plus : "Avant [le drame du marché->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article4684], nous préparions chaque jour 30kg de riz, 10kg de haricots, 20 kg de pomme de terre pour les frites. Et on n’était pas capable de répondre à toute la demande. Aujourd’hui, on prépare 10 kg de riz, 5kg de haricots et 10 kg pour les pommes de terre. Et la consommation n’arrive même à 40%. On est obligé de jeter une partie", signale Abdoul, chargé de ravitaillement au restaurant Salama, de l’Avenue de la Mission.
Or, mentionne M. Abdoul, il y a le loyer qui s’élève à 1.000.000Fbu et les prix des denrées alimentaires qui ont augmenté : "Sur tous les produits, il y a eu une augmentation de plus de 300Fbu sans oublier les déplacements pour aller s’approvisionner au marché de Jabe, à Ruvumera, en commune Buyenzi ou Chez Sion, en commune Ngagara."
… d’autres métiers ne sont pas épargnés
Même constat dans les magasins, les pharmacies, les couturiers, etc. Sans préciser à combien s’élève son manque à gagner, une pharmacienne à l’Avenue de la Mission indique que les clients ont diminué de plus de 70% : "Avant l’incendie, nous recevions plus d’une cinquantaine de clients par jour mais pour le moment, nous en sommes à peine à cinq."
Les couturiers au large de l’avenue de la Mission, de l’Amitié et tout autour ne trouvent pas des mots pour décrire leur désarroi : "Avant la catastrophe, on pouvait avoir 30.000Fbu par jour, mais aujourd’hui, si on rentre 5.000Fbu, c’est une grâce du Seigneur", précise Séverin, un d’entre-eux.
Chez les vendeurs de CD (Compact disc), les taximan et les vendeurs des cartes sim des sociétés de communication, même désolation. Asman Kwizera, un taximan souligne qu’à leur poste d’attente, il y avait 50 taxi-voitures. Avec l’incendie, certains ont migré vers d’autres parkings, parce qu’il n’y a plus des clients. Nostalgique, il se rappelle de l’époque où "c’était facile d’avoir les 10.000Fbu de versement par jour. Aujourd’hui, toute une journée peut se passer sans aucun client et on a même honte de rentrer à la maison, surtout quand on est marié. Il m’arrive même de passer la nuit à l’intérieur de mon taxi et ventre creux », mentionne-t-il. Les échangeurs de monnaie se lamentent, les banques enregistrent plus de retraits que des dépôts. Et certaines agences ont fermé leurs portes comme l’agence de la BGF située tout près de la sortie principale nord du marché parti en fumée.