C’était ce lundi 13 juin au Bureau central de recensement où on a échangé sur différents sujets » sources de tension »…
La phrase détend l’atmosphère d’un cran, après la récente colère due aux publications de l’Olucome : « La société civile n’est pas un ennemi du gouvernement ».
Les propos viennent du ministère de l’Intérieur lui-même, qui rappelait par ailleurs que la réunion de ce lundi 13 juin était organisée dans le cadre « d’une concertation permanente avec les organisations de la société civile pour résoudre ensemble des questions qui nous concernent tous. »
Le thème de la bonne gouvernance semble particulièrement retenir l’attention du ministre Edouard Nduwimana pour lequel « une association ne peut plaider pour une bonne gouvernance dans le pays alors que cette gouvernance érigée en modèle ne prévaut pas dans ladite association ».
L’exemple cité : l’association Parcem qui, selon le ministre, ne comporte que 4 membres qui forment l’assemblée générale et le comité exécutif.
« Quand on entend son président parler, on croirait à une grande organisation », fait-il remarquer, profitant de l’occasion pour appeler les membres de la société civile de ne pas compter uniquement sur l’aide des bailleurs.
» Le devoir de cotisations au sein des membres des associations sera une condition pour qu’une association garde son droit de continuer à travailler », souligne M. Nduwimana, citant la nouvelle loi sur les associations de la société civile en cours d’étude. Parmi environ 4.000 associations existantes au Burundi, 50 seulement donnent des rapports, se désole le ministre de l’Intérieur.
Le ministre Nduwimana évoque enfin les États généraux de la société civile qui sont en préparation, souhaitant que « la rencontre ne soit pas un rendez-vous de plus mais une occasion pour débattre efficacement des questions en rapport avec la société civile au Burundi ». Pour enrichissement, un projet de ces Etats généraux qui se tiendraient durant deux jours en août est alors distribué aux participants, les dates exactes de la tenue étant encore à préciser.
Face aux critiques du ministre de l’Intérieur, les représentants de la société civile n’ont pas tardé à s’exprimer. Pour Me Armel Niyongere de l’Acat-Burundi (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), les associations n’accusent pas mais dénoncent : « Sinon, les accusateurs seraient arrêtés systématiquement », analyse-t-il.
Ainsi Onesphore Nduwayo de l’OAG (Observatoire de l’Action Gouvernementale) qui demande depuis longtemps que les travaux communautaires soient organisés par un cadre légal : « Un décret présidentiel y relatif est en cours de préparation », indique justement le ministre.
Quant à Cassien Simbare de la Fondation Intahe, son organisation est souvent empêchée de travailler : « L’exemple est dans la commune Mutaho (Gitega) où l’administration locale ne permet pas aux Bashingantahe de se réunir ».
Pour condenser les observations des acteurs de la société civile, Pierre Claver Mbonimpa de l’Aprodh demande « que le projet de loi sur les organisations de la société civile soit soumis à ces dernières pour d’éventuelles contributions avant qu’il n’arrive au Parlement ».
Finalement, la rencontre aura été bénéfique pour tous, le ministre Nduwimana encourageant le dialogue chaque fois qu’il y a malentendu : «Cela ne signifie pas qu’il doit y avoir nécessairement consensus.
Si tel est le cas, tant mieux, sinon qu’on s’en tienne à la loi », conclut-il. Grosse satisfaction des actvistes de la société civile, avec un Pierre Claver Mbonimpa qui déclare avoir vu « le ministre Nduwimana avec un air tout nouveau. Nous espérons que cet élan durera, pour que l’on travaille avec le ministère de l’Intérieur dans la voie de construire et non de se détruire mutuellement ».